Kesra Nouschirwan

Nouschirwan se met en colère contre Buzurdjmihr et le fait enchainer

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Fais attention maintenant au sort de Buzurdjmihr et comment l’a traité le ciel, qui élève un homme jusqu’aux plus hauts nuages, puis le rabaisse jusque dans la poussière sombre.

Il arriva que, dans ce temps, Kesra sortit de Madaïn pour aller à la chasse ; il suivit les argalis et les antilopes dans la plaine ; les argalis se dispersèrent et le laisw sèrenl en arrière.

Buzurdjmihr se tenait avec le roi, tant pour faire son service que par affection et Kesra arriva du désert dans une prairie où il vit des arbres, de l’herbe, de l’eau et de l’ombre.

Le roi, fatigué ,i descendit de cheval pour se reposer de la chaleur de la route ; il ne vit aucun de ses serviteurs, il ne restait avec lui que ce beau jeune homme, il s’endormit dans ce lieu ombragé, ayant placé sa tête amisalement sur la poitrine de Le roi sage portait toujours un bracelet de pierreries et ce fort bracelet se détacha de son bras et tomba à côté du chevet de la fortune.

Un oiseau noir descendit des nuages, vola jusqu’auprès du roi couché, regarda, vit le bracelet et déchira le lien qui retenait les pierreries.

L’avant déchiré, il se mit à avaler, l’une après l’autre, tant les perles de belle eau que les topazes ; il les avala, puis il s’envola d’auprès du roi endormi et disparut dans un instant.

Buzurdjmihr fut consterné et resta étonné des actes du ciel qui tourne ; il comprit que sa chute était imminente, que c’était un jour de douleur et un temps de déception.

Le roi se réveilla, le regarda et vit qu’il se mordait les lèvres ; il jeta les yeux sur son bras et vit que son joyau manquait ; n’apercevant autour de lui aucun de ses amis de l’armée, il soupçonna que, pendant son sommeil, Buzurdjmihr s’était hâté d’avaler le bracelet et lui dit :

Chien !

Qui donc t’a dit qu’on peut empêcher la mammite nature de percer ?

Je ne suis pas.0rmuzd, ni même Bahman ; mon corps est de terre, d’air et de feu. »

Mais le maître du monde fatiguait en vain sa langue, il ne reçut d’autre réponse que des soupirs, pendant que Buzurdjmihr pâlissait devant le roi et devant l’action du ciel qui tourne, car il avait bien vite reconnu ce signe de sa perte et la terreur tenait silencieux cet homme intelligent.

Le cortège du roi entourait cette prairie au mille de laquelle se trouvait Kesra : le roi monta à cheval, indigné et ne regarda personne jusqu’à ce qu’il fût de retourà son palais ; pendant toute la route, il suçait sa lèvre dans sa colère contre le sage ; il descendit de cheval et marmonna longuement ; à la fin il ordonna de frapper Buzurdjmihr sur le visage, comme sur une enclume et lui donna a maison pour prison.

Le sage resta dans sa maison, méditant sur la face froncée du ciel.

Il avait un jeune et vailb.

Lant parent qui était au service de Nouschirwan, qui passait ses jours et ses nuits dans la maison du sage et qui avait son franc parler devant le roi.

Or, un jour Buzurdjmihr demanda à cet homme que le roi au visage de soleil avait élevé :

Comment fais-tu ton service auprès de lui ?

Montre-lea-moi pour que je d’enseigne à faire mieux encore. »

Le serviteur du roi répondit :

Ô chef des Mobeds !

Il est arrivé qu’aujourd’hui même Nouschirwan m’a jeté un regard si méchant que je me suis dit que je perdrais l’envie de dormir et de manger.

Je lui avais versé, selon mon habitude, de l’eau propre sur les mains et lorsqu’il a quitté la table, j’ai enlevé l’eau etea irai fait tomber sur le sol et sur le seuil de la salle ; le roi s’est fâché contre moi et j’ai laissé échapper de ma main l’aiguière. »

Le sage lui dit :

Lèvetoi, apporte de l’eau et versela comme tu la verses sur ses mains. »

Le jeune homme apporta de l’eau chaude et la versa doucement sur les mains du sage, qui lui dit :

s Voici comment il faut arroser la main : évite les mouvements violents quand on te demande de l’eau et pendant que le roi humecte ses lèvres avec l’eau parfumée, ne messe pas de verser de s l’aiguière. »

Le serviteur du roi réfléchit beaucoup là-dessus, jusqu’à ce qu’il eût une autre fois à présenter le bassin à Kesra et il versa alors l’eau selon les me : tructions du sage, ni trop lentement ni trop vivement.

Le roi lui dit :

Ô toi dont le dévouement pour moi augmente toujours, qui t’a dit de faire ainsi ? »

Il répondit :

Buzurdjmihr m’a enseigné cet art que le roi maître du monde veut bien observer. »

Kesra dit :

Rends-toi auprès du sage et dislui : Toi. qui occupais une si grande place et jouissais de tels honneurs, comment as-tu pu, par mauvaise nature et par esprit de domination malséant, te rabaisser au lieu de t’étever ? »

Le serviteur l’écouta et s’en alla, courant en toute hâte et l’âme blessée,»ches son oncle maternel, à qui il répéta les paroles du roi. il reçut de Buzurdjmihr, qui était seul avec lui, a cette réponse :

Ma place vaut bien mieux, sans tous les. rapports, que celle du roi du monde. »

Le serviteur partit et porta la réponse, réfléchissant beaucoup sur le sort qui attendait son oncle ; Le roi se mit en grande colère à cette réponse et :

fit. enchaîner Buzurdjmihr dans un souterrain sombre.

Une autre fois il demanda de nouveau au serviteur comment cet homme insensé supportait son sort.

Le messager alla, le visage inondé de larmes ; et fit cette question à Buzurdjmihr, qui répondit à cet homme dévoué :

Mes jours se passent plus aisément que ceux du roi. »

H Le messager partit, allant comme le vent et rendit au roi cette réponse.

Kesra, en fut irrité et devint sauvage comme un léopard ; il fit faire un étroit collier de fer, garni à l’intérieur de pointes et de

Clous et fermé en haut par un couvercle de fer, dans lequel Buzurdjmihr ne pouvait ni se reposer le jour ni dormir la nuit et où son corps était torturé et son âme pleine d’impatience.

Une quatrième fois le roi dit à son serviteur :

Porte-lui un message et rends-moi sa réponse ; dis-lui :

Comment te trouvestu maintenant,kenveloppé dans cette chemise de clous ? »

Le serviteur alla répéter le message qu’il avait reçu de ce roi arbitraire à Buzurdjmihr, répondit au jeune homme :

Mes jours sont plus heureux que ceux de Nouschirwan. »

Le messager rapporta, à son retour. cette réponse ; le roi pâlità ces paroles, choisit dans le palais un homme véridique et qui saurait comprendre les discours du sage, lui adjoignit un homme armé d’une épée, qui était l’exécuteur des hautes œuvres de la cour et lui dit :

Va et dis à ce méchant homme à la mauvaise fortune : Ou tu donneras une réponse qui puisse me plaire, ou le bourreau te montrera avec son glaive tranchant comment arrive le jugement dernier ; ou tu as dis que la prison, les clous, les fers et le sombre souterrain valaient mieux que le trône du a r0]. »

V lui répéta les paroles du roi.

Buzurdjmihr dit à cet Le messager arriva en courant auprès du cageot homme au cœur pur :

Jamais la fortune ne nous montre son visage ; aucun de nous ne durera, les bons et les mauvais finiront inévitablement et que !

Nous ayons des trésors et des trônes ou la vie la plus pénible, nous aurons tous nécessairementà faire nos bagages ; mais il sera facile de se séparer d’une vie pénible, pendant que le cœur des rois sera rempli de terreurs. »

Le messager plein d’intelligence et le bourreau s’en retournèrent auprès du roi qui portait haut la tête ; ils lui rendirent compte de ce qu’ils avaient entendu.

Nouschirwan eut peur du mauvais sort et l’on ramena Buzurdjmihr de sa prison étroite à son palais, par ordre de son maître au cœur par.

Le ciel tourna ainsi pendant quelque temps;, le visage de Buzurdjmihr se couvrit de rides, son cœur se resserra et s’amoindrit, ses’yeux se ternirent par suite de ses soucis, ses trésors ne le consolèrent pas de ses peines, ses chagrins le firent dépérir et ses douleurs usèrent ses forces.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021