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Zal vient en aide à Mihrab

...

Zal se mit en route pour aller vers Mihrab le brave, il se hâtait avec une armée demandant à combattre.

Lorsqu’il vit que Mihrab était demeuré fidèle et que sa tête était pleine de prudence et de sagesse, il dit en lui-même :

Quelle peur aurais-je à présent de leur armée ?

Qu’est devant moi Khazarwan ?

Une poignée de poussière.

Il dit à Mihrab :

Ô homme prudent et digne de louange en tout ce que tu as fait !

Je vais partir dans la nuit sombre et étendre sur eux une main sanglante.

Ils s’apercevront que je suis revenu, que je suis venu le cœur plein et prêt à me venger.

Il jeta avec colère une arbalète sur son bras, prit une flèche semblable à une branche d’arbre, observa où était le camp des braves, plaça sa flèche dans l’arbalète, lança des flèches à triple bois dans trois endroits et aussitôt un bruit d’armes s’éleva dans le camp.

Quand le jour eut paru, l’armée s’assembla et tous regardèrent ces flèches en disant :

Voilà des flèches de Zal, nul autre n’en met de pareilles sur son arc.

Schemasas dit :

Ô Khazarwan au cœur de lion !

Jamais tu n’as entrepris un combat aussi étourdiment.

Si tu n’avais pas attendu après Mihrab, après son armée et ses trésors, Zal ne t’aurait pas mis dans une pareille détresse.

Khazarwan répondit :

C’est un seul homme, il n’est pas un Ahriman, il n’est pas de fer ; ne t’effraye donc pas d’avoir à le combattre.

Je vais sur-le-champ me mesurer avec lui.

Dès que le soleil brillant eut disparu de la voûte du ciel, il s’éleva de la plaine un bruit de tambours et dans la ville résonnèrent les timbales et les trompettes, les clochettes et les cloches indiennes.

Zal se hâta de se revêtir d’une armure de guerre et monta à cheval comme il convient à un brave ; ses guerriers se placèrent sur le dos de leurs selles, la tête pleine du désir de la vengeance, le front couvert de rides.

Zal partit et conduisit son armée dans le désert, emmenant avec lui ses éléphants et ses tentes.

Les armées se trouvèrent en face l’une de l’autre ; la poussière devint telle, que la plaine ressemblait à une montagne noire.

Khazarwan s’élança armé d’une massue et d’un bouclier et courut sur Zal ; il lui porta un coup de massue sur sa poitrine brillante et ce coup brisa la célèbre cuirasse de Zal.

Le roi du Zaboulistan s’étant retiré, les braves du Kaboul s’enfuirent ; mais le vaillant Zal se couvrit d’une cotte de mailles et retourna au combat semblable à un lion.

Il tenait en sa main la massue de son grand-père ; sa tête était remplie de colère, son cœur plein de sang.

Khazarwan devançant son armée, accourut avide de vengeance comme un lion qui rugit et pendant que Zal faisait lever la poussière du champ de bataille, il s’élança contre lui rapide comme la poussière ; Zal se précipita sur lui levant haut sa massue comme le fait un brave, il le frappa de sa massue à tête de bœuf et la terre fut tachetée de sang comme le dos d’un tigre.

Il jeta par terre Khazarwan, le foula aux pieds et lui passant sur le corps, s’avança dans la plaine à la tête de son armée.

Il cria à Schemasas de se montrer ; mais celui-ci ne se montra pas, car il vit que la tête de Zal bouillonnait.

Zal rencontra Kelbad au milieu de la poussière et leva sur lui sa massue d’acier ; mais Kelbad voyant sa massue et son épée, s’enfuit devant lui.

Zal banda son arbalète, y mit en toute hâte une flèche de peuplier, en dirigea la pointe contre la ceinture de Kelbad qui était formée par des chaînes d’acier et lui cloua le corps par le milieu sur le pommeau de la selle ; le cœur de l’armée de Touran fut consumé de douleur par la mort de Kelbad.

Ces deux héros étant morts dans le combat, Schemasas perdit courage et pâlit ; il s’enfuit et tous ses braves se dispersèrent comme un troupeau dans un jour de pluie, poursuivis par les guerriers du Zaboulistan et le roi de Kaboul.

Le champ de bataille fut tellement couvert de morts, que la terre semblait être devenue trop étroite pour cette armée.

Ils se dirigèrent vers le roi des Turcs, leurs armures défaites, leurs ceintures brisées.

Mais Schemasas ayant atteint le désert, Karen, fils de Kaweh, parut sur sa route ; il revenait de son combat contre l’armée de Wiseh, dont il avait tué comme un être vil le fils bien-aimé.

Les deux armées se rencontrèrent, celle de Schemasas et celle de Karen avide de combat.

Karen ayant appris qui ils étaient et pourquoi ils avaient fait une invasion dans le Zaboulistan, fit sonner les trompettes d’airain et se mit en marche et les deux armées s’avancèrent l’une contre l’autre.

Le Pehlewan dit à ses guerriers :

Ô mes amis renommés par votre valeur et brillants d’intelligence, jetez-vous dans la mêlée avec vos lances, car j’espère que vous détruirez ces ennemis.

Les cavaliers portèrent la main à leurs lances, poussant des cris comme des éléphants en fureur.

Les lances convertirent le champ de bataille en un champ de roseaux et firent disparaître le soleil et la lune.

Karen tua tous les Turcs, quelque nombreux qu’ils fussent, les jeta comme des choses viles sur la route et fit lever vers le soleil brillant la poussière de la destruction de cette armée brisée et anéantie.

Schemasas s’enfuit avec quelques hommes et échappa à la poussière noire de ce champ de bataille.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021