Newder

Afrasiab assassine Newder

...

Afrasiab reçut la nouvelle que ses guerriers illustres avaient cessé de vivre, son âme fut enflammée de douleur et de soucis et le sang de son cœur mouillait ses deux yeux.

Il dit :

Ce roi Newder est en prison pendant que mes amis sont foulés aux pieds ; que pouvons-nous faire que verser son sang et commencer une nouvelle vengeance ?

Il demanda avec impatience :

Où est Newder ?

Car Wiseh veut se venger sur lui.

Puis, il dit au bourreau :

Amène-le, traîne-le ici pour que je lui apprenne son sort.

Le roi Newder en ayant été informé, sentit que sa mort approchait.

Un cortège nombreux se dirigea vers lui avec un grand bruit et des cris.

Ils lui lièrent les bras dur comme une pierre, le tirèrent de sa prison et le menèrent devant le crocodile.

Ils le menèrent avec ignominie, le tenant avec leurs mains, tout confondu, nu de la tête aux pieds et comme mort.

Le puissant Afrasiab chercha des yeux le roi Newder, le cœur plein d’impatience et aussitôt qu’il l’aperçut de loin, il ouvrit les lèvres et lui rappela la haine de leurs ancêtres, en commençant par Selm et par Tour ; il dépouilla son cœur et ses yeux de toute décence royale et lui dit :

Tout ce qui t’arrive est bien mérité.

Il dit et se mit en colère, demanda une épée, en frappa le cou du roi Newder et jeta avec mépris son corps dans la poussière.

Ainsi périt ce souvenir que le roi Minoutchehr avait laissé et l’Iran resta sans couronne et sans trône.

Ô homme sage et prudent !

Ne revêts pas des robes d’honneur, car le diadème et le trône ont vu beaucoup de maîtres comme toi et tu entendras encore beaucoup d’histoires semblables.

Tu as atteint à une dignité vers laquelle tu t’es précipité, mais elle passe au moment où tu y prends goût.

Que peux-tu attendre de cette terre basse et obscure, qui te renverra triste et affligé ?

Ensuite on amena avec mépris les autres prisonniers, qui tous demandèrent grâce pour leur vie.

Le vertueux Aghrirez en eut nouvelle et le cœur lui battit dans la poitrine ; il accourut, poussant des cris, demandant grâce pour eux et faisant des reproches au roi :

Ces hommes sont de nobles guerriers, des cavaliers qui n’ont ni casque ni cuirasse et ne sont pas sur le champ de bataille.

Tuer des prisonniers est une chose contraire à l’honneur ; c’est rabaisser ta dignité que tu devrais respecter.

Il vaudrait mieux ne pas les priver de la vie et me les livrer enchaînés ; je leur ferai une prison dans une caverne, je placerai auprès d’eux des gardiens intelligents ; ils apprendront la prudence par le malheur et par l’infortune ; mais toi, abstiens-toi de verser du sang et de commettre chose pareille.

Afrasiab voyant les lamentations et l’opposition d’Aghrirez, leur fit grâce de la vie et ordonna qu’on les menât à Sari chargés de chaînes et de liens et couverts d’ignominie ; ensuite il se prépara pour le départ et fit disparaître la terre sous les pieds de ses chevaux.

Il alla de Dehistan à Reï et fit suer les chevaux par la fatigue et par les courses.

Il posa la couronne des Keïanides sur sa tête et ouvrit la porte des trésors pour distribuer de l’or ; il prit la place du roi dans le pays d’Iran, la tête remplie de projets de combats, le cœur plein de désirs de vengeance.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021