Lohrasp

Le Kaisar donne Kitaboun à Guschtasp

Le Kaisar l’écouta et se décida à donner sa fille illustre à Guschtasp.

Il lui dit :

Pars avec elle ; tu ne recevras de moi ni trésors, ni trône, ni sceau.

Guschtasp voyant cela, resta confondu et adressa de longues prières au Créateur du monde ; ensuite il se tourna vers cette jeune femme qui portait haut la tête et lui dit :

Ô toi qui est élevée délicatement et dans l’abondance !

pourquoi ton choix est-il tombé sur moi parmi tant de chefs, tant d’homme portant des diadèmes glorieux ?

Tu as préféré un étranger qui ne peut pas te donner des richesses et avec qui tu vivras pauvrement.

Choisis un de tes égaux parmi les grands, pour que tu ne te déshonores pas auprès de ton père.

Kitaboun lui dit :

Ô homme de peu de confiance !

Ne t’afflige pas de ce que le ciel amène ; si je me contente de ton sort, pourquoi demander un diadème, un trône et une couronne ?

Kitaboun et Guschtasp sortirent tristement et en soupirant du palais du Kaisar.

Quand ils furent arrivés chez le chef du bourg, il leur dit :

Soyez contents et heureux !

Il leur fit préparer une maison dans le bourg et y fit porter des vivres et les plus beaux tapis.

Quand Guschtasp vit cela, il en rendit grâces à cet illustre et glorieux seigneur.

Kitaboun possédait des parures sans nombre et une quantité de pierres fines de toute sorte.

Elle choisit parmi elles un joyau tel que l’œil du sage n’en a jamais vu de pareil ; ils le portèrent à un homme qui se connaissait en pierreries : il le reçût avec une admiration infinie et le leur paya six mille pièces d’or, une somme digne d’un roi.

Ils achetèrent ce qui leur était nécessaire et ce qui était convenable dans leur pauvreté.

Avec le reste de l’argent, ils vécurent ; tantôt ils étaient heureux, tantôt ils pleuraient.

Toute l’occupation de Guschtasp était la chasse, toute la journée il portait son carquois et ses flèches.

Or un jour, au retour de la chasse, son chemin le conduisit près de Heischoui ; il était chargé de produits de sa chasse de toute espèce et marchait, le carquois encore rempli de flèches ; il porta toute sa chasse, grande et petite, à Heischoui.

Quand celui-ci l'aperçût, il courut au-devant de lui gaiement et l’âme réjouie, étendit un tapis pour qu’il s’y assît et apporta quelque chose qu’il pût manger.

Guschtasp se reposa et mangea et puis s’en retourna auprès de Kitaboun, aussi rapide que la poussière.

Quand Guschtasp fut devenu l’ami de Heischoui, il s’attacha à lui comme un esclave, à cause de sa sagesse ; quand il sortait du bourg pour tuer un chevreuil, il en portait toujours à Heischoui deux parts, la troisième était pour le chef du bourg ou pour un des principaux habitants.

C’est ainsi que Guschtasp vivait uni avec le chef du bourg, jouissant de la vie paisiblement et sagement.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021