Keï Khosrou

Réponse de Khosrou à la lettre de Gouderz

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Khosrou appela un secrétaire plein de prudence et lui parla sagement ; il lui fit écrire une réponse à la lettre de Gouderz, dans laquelle il se montra tour à tour gracieux et sévère.

Il commença par prononcer des bénédictions sur le Pehlewan, disant :

Puisses-tu être heureux à jamais !

Tu es le chef l’ortuné de mon armée, un homme de grand sens, en toute chose bon conseiller, en tout temps avide de combattre ; tu es le maître de la massue et de l’épée bleue ; tu couvres de gloire le drapeau de Kaweh.

Grâces soient rendues à Dieu notre Seigneur pour avoir donné la victoire à nos braves.

Ta bonne étoile a lui sur toi et nos ennemis ont été à l’instant réduits en poussière.

Tu me dis d’abord que tu as envoyé Guiv avec des grands, de sages et vaillants conseillers, auprès de Piran et que tu lui as fait adresser des conseils excellents, mais que tes avis n’ont pas eu de prise sur lui et qu’il n’a pas voulu ce faire de convention avec toi.

Et à propos de ce refus qui t’a autorisé à commencer la guerre, tu me dis encore que tout homme dans l’âme duquel les sentiments d’humanité s’éteignent renonce au bonheur et se livre à sa mauvaise étoile.

Je savais que le cœur de Piran ne renonce pas à la vengeance ; et cependant, à cause de ses bonnes actions, je ne voulais pas lui faire une guerre à mort.

Maintenant le ciel a montré ouvertement que toutes les affections de Piran sont pour le Touran et qu’il ne considère le monde que comme la propriété d’Afrasiab.

Ne a t’ell’orce donc plus à le détourner de ce dévouement à son roi.

S’il préfère la passion à la raison, peu importe,-on ne parviendra pas à faire pousser de l’herbe sur un rocher.

J’approuve que tu aies parlé avec bonté à notre ennemi, car les bonnes paroles conviennent aux hommes libres.

En second lieu, tu m’as parlé du combat que les héros ont livré avec leurs lourdes massues, de notre bonne étoile, de la rotation favorable du soleil et de la lune, des efforts que vous avez faits sur le champ de bataille.

Je suis certain que ta bravoure te donnera la victoire au jour du combat ; mais songe que la force et la valeur viennent de Dieu, sache-le et rends-lui sans cesse des actions de grâces.

En troisième lieu, tu me dis qu’Afrasiab va passer le Djihoun avec son armée, que Piran lui a envoyé un message et que le roi se dirige de son côté.

Voilà ce que tu m’as dit et je vais te donner ma réponse.

Sache donc, ô mon sage et prudent ami, ô chef de mes armées, toi qui es propre à toute affaire, que ce n’est pas pour nous attaquer qu’Afrasiab s’arrête sur les bords du Djihoun ; car là où il a amené son armée des frontières de la Chine, il se trouvera attaqué de deux côtés.

En quatrième lieu, ces armées nombreuses, ces chefs qui enveloppent le Touron de toutes parts, le Sipehbed Rustem le crocodile bondissant, comme Lohrasp, comme Aschkesch ardent au combat, marchent de tous côtés contre Afrasiab.

C’est pourquoi il a mené son armée sur le bord du Djihoun ; et s’il quittait sa position, il livrerait à ses ennemis tout son pays. y Enfin tu m’as demandé des nouvelles des héros pour lesquels ton cœur est plein de tendresse.

Sache, ô Sipehdar et apprends ces nouvelles.

Puisses-tu être, dans tout ce que tu entreprends, le compagnon de la fortune !

Sur la route de l’Inde et du Kaschmir que Rustem au cœur de lion a suivie, la poussière de la destruction s’est élevée.

Du côté du Kharezm où s’est porté le prudent Aschkesch, on n’a entendu qu’un seul cri ; Schideh s’est enfui devant lui dans la bataille et a tourné vers le pays de Guerguentsch.

Enfin, chez les Alains et les Ghouzz, où Lohrasp se trouve avec son armée, tous les grands lui ont laissé la route libre, ont évacué le pays et toute cette contrée est entre nos mains.

Si Afrasiab menait son armée contre nous, s’il passait avec elle le Djihoun, nos braves se jetteraient sur ses derrières et il ne lui resterait dans la main que du vent.

Sois donc convaincu qu’il ne quittera pas, sur les instances de Piran, son beau pays et son royaume florissant, qui fait la base de sa puissance ; qu’il ne le livrera pas à l’ennemi en se portant en avant.

Il ne peut pas ouvrir les lè-vres pour parler, que je n’en reçoive l’avis de jour ou de unit.

Maudit serait le jour où il traverserait

le fleuve avec ses troupes, où il remporterait sur nous la victoire dans une bataille ; mais aucun de nous ne verra ce jour de ténèbres et d’angoisse.

Je ce vais commander au Sipehdar Thous de faire mettre sur-le-champ les timbales sur le dos des éléphants, de s’emparer du Dehistân, du Gourgân et de toute cette région et de lever la tête jusqu’au soleil ; je partirai moi-même aussitôt après Thous, avec des éléphants et mon trône, pour te soutenir et renforcer ton armée.

Quant à toi, ne renonce pas à la lutte contre Piran, mets tes troupes en bon ordre et livre-lui bataille.

Puisqu’il a perdu Houman et Nestihen, il n’a plus que du vent dans la main ; et s’il provoque un des grands de l’Iran, permets le combat et ne les en détourne pas.

Si ce brave te défie toi-même, ne sois pas timide et avance-toi contre lui comme un lion.

Ne crains pas une attaque d’Afrasiab ; ranime ton courage et ne détourne pas ton visage de lui ; tu le vaincras dans la bataille, si tu ne laisses pas faiblir ton cœur. l’espère en Dieu le créateur, qu’il rendra heureuse ma destinée.

Je pense que lorsque j’aurai conduit mes troupes sur les derrières de l’armée des Turcs, que lorsque de votre côté vous marcherez contre eux, vous obtiendrez la victoire et porterez votre nom jusqu’au soleil brillant ; dès lors nos armées seront dispensées de combattre et toutes nos affaires prospéreront. »

Le roi ajouta beaucoup de salutations que Kaous et Thous envoyaient aux troupes, ensuite il apposa son sceau sur la lettre, la remit au messager et le bénit.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021