Keï Khosrou

Gouderz demande du secours à Khosrou

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Gouderz appela un secrétaire et lui dit :

Je vais te confier des paroles secrètes ; mais si tu ouvres tes lèvres pour les laisser échapper, ta langue attirera la destruction sur ta tête. »

Il lui ordonna d’écrire une lettre au roi pour lui donner des nouvelles de l’armée ; de lui exposer tout ce qui s’était passé, tout. ce que Piran lui avait fait dire ; de raconter comment il avait envoyé Guiv avec des oll’res d’alliance et d’amitié, pour éclairer Piran sur le sort. que lui préparait la rotation du ciel ; comment Piran avait répondu à Guiv et aux grands, ses vaillants conseillers ; comment une armée avait marché sur les pas de Guiv comme une troupe de léopards et s’était avancée hostilement jusqu’à Kenabed ; comment les Iraniens avaient disposé leurs troupes et préparé leurs cœurs à la lutte.

Il raconta de point en point l’histoire de Houman et de Nestihen les vaillants guerriers et les hauts faits de Bijen aujour de la bataille et comment il avait traité les Touraniens armés de massues ; il exposa tout cela. dans la lettre, tel que c’était arrivé.

Ensuite, il se mit à parler d’Afrasiab, qui s’approchait avec une armée des bords du Djihoun et il ajouta :

Tu sais, ô roi de l’Iran maître du monde, que s’il passe le fleuve avec son armée, s’il entre dans l’Iran et arrive sur ce champ de bataille, nous ne pourrons lui tenir ce tête.

J’espère qu’alors le roi commandera aux héros de mettre le casque sur la tête et qu’il viendra soutenir son armée ; mais si c’est Piran seul qui nous attaque, tes troupes ne te demanderont pas de secours et tu apprendras ce que ton esclave aura fait pour toi et ton trône.

Enfin je prie le roi toujours victorieux de faire parvenir à son serviteur des nouvelles de Rustem le vainqueur des Divs, de Lohrasp, du prudent Aschkesch et de leurs hauts faits. »

Lorsqu’il eut fermé la lettre par un sceau et un fil, il fit mettre une selle royale sur un cheval de course, envoyer aux relais un grand nombre de chevaux rapides et manda Hedjir, jeune homme qui ressemblait à un lion plein de prudence.

Le Pehlewan exposa à son jeune et sage fils toute l’affaire et ajouta :

Ô jeune homme à l’esprit prudent, prends à cœur ce dont je te charge ; et si jamais tu as cru devoir gagner mes bonnes grâces, c’est aujourd’hui le moment.

Aussitôt que tu auras caché sur toi cette lettre, pars comme l’ouragan : ne te repose ni jour ni nuit ; ne prends pas le temps de te gratter la tête et porte ma lettre au roi. »

Gouderz le congédia en le pressant contre sa poitrine et Hedjir quitta son noble père.

Il choisit dans l’armée deux de ses parents, les lit monter à l’instant sur des chevaux rapides, sortit de l’enceinte des teu tes de son père et partit.

À chaque station il monta sur un

’ ! ’cheval frais ; lui et ses compagnons mangèrent, se reposèrent et dormirent sur leurs chevaux, tant pendant la nuit sombre que sous les rayons du soleil. (l’est ainsi qu’ils firent leur route en courant et qu’ils arrivèrent en sept jours à la cour du roi.

Lorsqu’on vit Hedjir s’avancer à cheval sur la route de l’Iran, on en donna nouvelle au roi illustre et Schammakh, accompagné d’un grand nombre de fiers guerriers, alla au-devant de lui par ordre du roi ; aussitôt qu’il l’aperçut, il lui demanda :

Ô fils de Pehlewan, vainqueur des lions, qu’est-il arrivé pour que tu reviennes si inopinément à la cour du roi du monde ? »

Il ordonna de lever le rideau et de laisser entrer Hedjir à cheval dans le palais.

Hedjir entra, et, parvenu à un endroit où Khosrou pouvait le voir, il se prosterna le front dans la poussière.

Le roi lui adressa beaucoup de questions, le reçut gracieusement, lui donna une place à côté de lui et lui demanda des nouvelles de Gouderz et des grands de l’armée, de tous et de chacun.

Hedjir lui présenta les hommages des grands et lui raconta tout ce qui s’était passé à l’armée.

Le jeune homme plein de prudence et de sérénité ayant remis la lettre du Pehlewan, le roi appela un secrétaire et lui ordonna de la lire.

Le secrétaire donna au roi lecture de la lettre et Khosrou remplit de rubis brillants la bouche de Hedjir ; ensuite il commanda à son trésorier d’aller chercher dans le trésor de l’or et du brocart.

Aussitôt

Ses le trésorier apporta des caisses remplies d’or et en versa sur Hedjir jusqu’à ce que sa tête eût disparu sous les dinars ; il apporta un vêtement royal complet de drap d’or et une couronne incrustée de pierreries.

On amena devant Hedjir dix nobles chevaux avec des selles d’or ; et l’on donna en présent à ses compagnons de l’argent, de l’or et beaucoup d’autres choses.

Ensuite, ils se levèrent avec le roi, on prépara une salle pour y boire du vin ; Hedjir et les grands dévoués au roi saisirent chacun une coupe et ils restèrent ainsi ensemble pendant un jour et une nuit, le roi délibérant avec eux sur toutes choses grandes et petites.

À l’aube du jour Khosrou se baigna et alla se présenter devant Dieu le maître du monde ; il se revêtit de nouveau du vêtement de l’obéissance ; ses deux yeux versaient des torrents de larmes ; et le dos courbé, la tête prosternée, il rendit grâces à Dieu le dispensateur de la justice, le supplia de lui accorder la victoire et la puissance et de sauver sa couronne et son trône royal ; il poussa des cris de douleur devant Dieu en pensant à Afrasiab et ses yeux répandirent des larmes de détresse.

Il sortit de là semblable à un cyprès élancé et revint s’asseoir sur son trône dans toute la pompe des rois.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021