Keï Khosrou

Menijeh enlève Bijen et l'emmène dans son palais

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Lorsque le temps du départ de Menijeh fut arrivé, elle ne pouvait se résoudre de renoncer à voir Bijen ; et comme il demeurait pensif, elle appela ses esclaves et leur ordonna de mêler avec du miel un breuvage qui rendait insensible.

Elles le donnèrent à cet homme ivre qui voulait encore boire du vin ;

Il perdit connaissance et laissa tomber sa tête.

Elle fit alors préparer une litière et partit emmenant Bijen endormi.

La litière contenait d’un côté une place où Menijeh pouvait s’asseoir à son aise et de l’autre une place où Bijen reposait ;

Elle répandit du camphre sur son lit et versa de l’eau de rose sur des bâtons de bois de santal.

Arrivée près de la ville, elle couvrit le dormeur d’un manteau et entra secrètement et de nuit dans le palais, sans s’ouvrir à aucune personne étrangère à sa maison.

On prépara pour Bijen une chambre à coucher ; et alors Menijeh, impatiente de le voir se réveiller, apporta un baume qui devait dissiper son sommeil et lui faire ouvrir les yeux et le lui donna.

Quand il fut réveillé et qu’il eut recueilli ses esprits, il se trouvait dans les bras d’une femme au sein de lis ;

Il se trouvait dans le palais d’Afrasiab, à côté d’une femme au visage de lune, dont la tête reposait sur son coussin.

Il s’effraya de sa position et invoqua l’aide de Dieu contre Ahriman, disant :

Ô Créateur, rien ne peut me sauver de ce danger.

Charge-toi de me venger de Gourguin et exauce mes plaintes contre lui et mes malédictions.

C’est lui qui m’a entraîné dans ce malheur et qui a prononcé sur moi mille formules magiques.

Menijeh lui dit :

Livre ton cœur à la joie et regarde comme le souffle du vent tout ce qui n’est pas encore arrivé.

Les hommes passent par des épreuves de toute espèce ; tantôt, c'est une fête qu’on leur offre, tantôt, c'est un combat.

Ils se mirent alors à manger, ayant devant les yeux d’un côté le gibet, de l’autre la chaire du prêtre qui bénit le mariage.

On appela de chaque tente une jeune fille aux joues de rose et on les para de robes de brocart de la Chine ;

Ces femmes au visage de Péri faisaient de la musique et ils passaient ainsi leur vie joyeusement.

Quelque temps s’écoula ainsi, mais à la fin le chambellan fut informé de ce qui se passait.

Un homme qui ne s’occupait qu’à tenir des discours oiseux, à secouer l’arbre du mal et à épier tous les secrets, avait dès le premier moment observé curieusement cette affaire ;

Il s’était enquis qui était cet étranger, quel était son pays et pourquoi il était venu dans le Touran.

Il avait fini par tout savoir ; et craignant pour sa propre vie, il s’était hâté de se rendre chez le chambellan, qui crut ne pouvoir faire autrement que de révéler le fait et quitta la garde du rideau qui fermait l’appartement de Menijeh, courut auprès du roi des Turcs et lui dit que sa fille avait choisi un mari dans le pays d’Iran.

Le roi prononça le nom de Dieu maître du monde, tu l’aurais pris pour un tremble agité du vent ;

Le sang lui sortit des yeux et dégoutta des cils sur ses joues ;

Dans son courroux il répéta le vieux dicton :

Mauvaise est l’étoile de celui qui dans l’appartement des femmes a une fille, fût-il possesseur d’une couronnent.

Il demeura confondu de ce que Menijeh avait fait ;

Il manda Karakhan, le grand maître du palais et lui dit :

Donne-moi un conseil sensé sur la conduite que j’ai à tenir envers cette femme impure.

Karakhan lui répondit :

Fais d’abord une enquête plus exacte dans le palais : si la chose est telle qu’on te la rapporte, je n’ai plus rien à dire ;

Mais voir vaut mieux qu’entendre.

Dès qu’Afrasiab eut entendu cette réponse de Karakhan, il s’empressa de suivre son conseil ;

Il s’adresse à Guersiwez et lui dit :

Que de maux n’avons-nous pas éprouvés de la part de l’Iran et combien en éprouverons-nous encore ?

Y eut-il jamais au monde un homme aussi malheureux que moi, qui fus accablé d’afflictions par l’Iran et par mon enfant ?

Va, prends avec toi des cavaliers prudents ;

Occupe les portes et les toits du palais et cherche dans l’intérieur, jusqu’à ce que tu aies trouvé cet homme ;

Ensuite enchaîne-le et traîne-le devant moi.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021