Keï Khosrou

Bijen ramène Gustehem

Cette page peut présenter des erreurs qui seront bientôt corrigées. Merci pour votre compréhension.
...

Alors on entendit annoncer du haut de la tour des sentinelles qu’on voyait sur la route la poussière soulevée par des cavaliers et qu’on apercevait de loin trois chevaux et trois corps attachés dessus, accompagnés d’un seul cavalier.

Tous les grands de l’armée de l’Iran tournèrent leurs regards sur la route avec un grand étonnement, disant :

Qui est-ce qui ose sortir de la frontière du Touran pour venir nous attaquer ici ? »

Pendant ce temps Bijen s’avançait rapidement, son arc bandé suspendu à son bras ; on distinguait Lehhak et Ferschidwerd couchés sur leurs chevaux et couverts de sang et de poussière et sur un autre cheval un Turc accablé de tristesse, qui tenait dans ses bras Gustehem.

Quand Bijen se fut approché du roi et qu’il eut aperçu sa couronne et son trône élevé, il se prosterna devant lui et baisa la terre.

Le roi fut heureux de le voir et lui demanda :

Ô homme au cœur de lion, où étais-tu donc allé chercher un champ de bataille ? »

Bijen lui raconta ce qui s’était passé entre Gustehem, Lehhak et le vaillant Ferschidwerd, les dangers qu’avait courus Gustehem, son combat contre les deux cavaliers avec toutes ses circonstances et il ajouta :

Maintenant Gustehem n’a qu’un seul désir, que le roi peut satisfaire sans peine ; il a envie de revoir le roi, après quoi il est tout résigné à la mort. »

Le roi plein de bonté commanda qu’on portât Gustehem auprès de lui et il s’attendrit sur lui à ce point qu’un torrent de larmes coula sur les cils de ses yeux.

Gustehem était si allaiin par ses blessures qu’on aurait dit qu’il n’avait plus de souffle ; mais il sentit le parfum de l’amitié du roi des rois ; il se retourna, dirigea ses yeux sur Khosrou et des larmes de tendresse inondèrent ses joues couvertes d’eau et de sang.

Tous les grands se lamentaient et pleuraient comme si un feu ardent les eût dévorés.

Le roi était désolé de perdre un Sipehbed dont la tête couverte du casque était une enclume de bataille.

Or il possédait une pierre qui était l’espoir des blessés ; il l’avait reçue en héritage de ses prédécesseurs Houscheng, Thamouras et Djemschid et la portait sur son bras toute l’année et tout le mois.

Désirant de tout son cœur sauver Gustehem, il détacha ce précieux joyau de son bras droit, le lia sur le bras de Gustehem et frotta de la main ses blessures.

Il avait des médecins du Roum, de l’Inde et de la Chine, de l’Iran et du Touran, qu’il menait toujours avec lui partout où il allait et qu’il entretenait pour des cas semblables ; il les fit asseoir au chevet de Gustehem et répéta sur lui toutes sortes d’incantations.

Ensuite, il se rendit à l’endroit où il faisait ses dévotions et pria Dieu longuement et en secret.

Le malade passa ainsi deux semaines ; à la fin il guérit et se rétablit de ses fatigues et de ses blessures.

On le plaça sur un cheval et on l’amena devant le roi ; et lorsque le maître du monde l’aperçut, il dit aux Iraniens :

Soyez reconnaissants et heureux de ce que Dieu a fait.

Il est merveilleux que mon vœu soit exaucé et que le compas de ma fortune ait formé un cercle si juste.

Au sein de la vice : taire, mon inquiétude pour Gustehem avait attristé mon cœur joyeux ; c’est uniquement la faveur de Dieu qui conserve la vie de tout ce qui existe et non pas la science et les soins des hommes. »

Khosrou appela alors Bijen fils de Guiv, mit sa main dans celle du vaillant Gustehem et lui dit :

Tu es un homme pieux et fortuné ; ne crains jamais pour ta vie ; car Dieu est éternellement secourable, et lui seul prend par la main ceux qui sont en danger.

Si jamais le Maître du monde a rendu la 4 vie à un mort, c’est à Gustehem. »

Ensuite, il dit à Gustehem :

Veille toujours sur Bijen, car nul n’a vu de notre temps un homme comme lui ; et si par amitié pour toi il n’avait pas enduré tant de latigues, qui aurait pu rendre grâces à Dieu de ton salut P n Le roi resta encore une semaine à Reibed, distribuant de l’argent et de l’or et des trésors de toute espèce.

Il envoya de tous côtés des messagers auprès des grands et des nobles pour les appeler tous auprès de lui, car ils devaient l’aider dans la guerre qui allait commencer.

Il leur lit ordonner de venir a sa cour en armes pour combattre le léopard.

Maintenant, 6 Dihkan, que tu as achevé le récit du combat de Piran, prépare-nous celui du combat de Keï Khosrou.

Ensuite arrange dans ton esprit exquis des paroles élégantes, pour nous raconter comment, après des fatigues infinies, lepuissanl roi se vengea d’Afrasiab.

Dernière mise à jour : 28 déc. 2021