Keï Khosrou

Les Touraniens demande grâce à Khosrou

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Le roi resta pendant quelques jours campé sur le champ de bataille, afin d’avoir le temps d’équiper ses troupes pour la campagne prochaine et de donner des royaumes à ceux qui en étaient dignes et des robes d’honneur et des diadèmes à ceux qui les avaient mérités.

Il donna à Gouderz Isfahan le siège du pouvoir, la résidence des grands et fit aux autres des présents selon le degré de leur mérite.

Or il arriva un messager de l’armée du Touran, un homme de sens, envoyé par ceux dont Piran avait été le chef et le seigneur, qui se maintenaient encore dans leur position.

Il dit à Khosrou :

Nous sommes tes esclaves et tes serviteurs, nous ne foulons la terre que par ta permission ; l’homme est toujours sous la main de Dieu, fût-il déjà dans la gueule du dragon.

Le maître du monde sait pourquoi nous avons, tous tant que nous sommes, ceint nos reins pour le combat ; nous n’avons point pris part au meurtre de Siawusch ; mais Ahriman a détourné de la bonne voie notre roi, qui est un homme léger et de mauvaise intention, qui n’a pas de honte devant les grands ni de crainte devant Dieu.

Depuis ce jour nous n’avons cessé de souffrir et l’angoisse de nos cœurs a fait couler sur nos joues un torrent de larmes ; les Iraniens ont rempli de douleur. le Touran et nos femmes et nos pe-[ tits enfants sont en deuil.

Nous ne sommes pas vénus faire la guerre de notre gré, nous sommes venus défendre notre pays et nos demeures ; la guerre nous a porté malheur ; les pères ont perdu leurs fils et les fils leurs pères.

Si tu veux nous faire grâce de la vie, nous nous tiendrons devant a toi ceints comme des esclaves.

Nous sommes tous dans la gueule du crocodile, puisque nous avons à combattre ton armée ; mais il se trouve parmi nous beaucoup de grands qui sont dignes d’être reçus parmi tes esclaves.

Nous sommes tous coupables et tu es le maître, tu peux faire de nous ce que tu voudras.

Nous t’amènerons tous nos chefs, nous les amènerons repentants de leurs fautes.

Si tu gardes dans ton cœur de la haine contre nous, la coutume te permet de trancher la tête à les ennemis ; si tu préfères la clémence, tu peux en user.

Fais ce qui est digne d’un roi. »

Le roi au cœur noble écouta ces paroles lamentables et pardonna aux Touraniens ; il leur ordonna de paraître devant lui et ils arrivèrent selon son désir, espérant d’être sauvés ; ils se prosternèrent contre terre, les yeux pleins de larmes de sang et le cœur de ressentiment.

Khosrou dit :

Ô Dieu de la justice, c’est toi qui m’as donné le trône, le pouvoir et la bravoure.

Voici donc cette armée qui, remplie de haine, a voulu mettre en poudre l’Iran, pour l’inonder d’un poison destructeur où elle aurait jeté III. [i3

8 les têtes les plus hautes ; mais la justice divine les a réduits à un état où ils n’ont plus ni volonté, ni avis, ni pieds, ni ailes.

J’étends ma main sup pliante vers Dieu, car lui seul est mon protecteur et je ne demande d’aide à personne sur la terre et C’est ici que s’applique le mot d’un sage, qui dit en montant à cheval pour aller à la guerre :

Dès à présent ce destrier sera mon trône brillant et le moment d’agir est venu pour la fortune qui veille sur moi.

Il faut apporter dans cette guerre mon trône et ma couronne, quand je risquerais d’être à lafin placé dans un cercueil de bois de tek ; sinon je me trouverai dans les griffes du léopard et ma ce cervelle deviendra la nourriture des vautours.

Maintenant vos mauvaises actions ont tourné contre x vous, c’est ce que comprendra tout homme de sens.

Je n’ai pas trempé mes mains dans votre sang et a je ne veux pas aggraver vos malheurs ; toute votre armée est sous ma protection, quelque mal qu’elle ait voulu à mon trône.

Quiconque d’entre vous veut repartir. peut le faire, il ne lui en arrivera ni bien ni mal ; quiconque veut se rendre auprès de son roi, qu’il parte, je lui laisse le chemin libre.

La puissance que Dieu m’a donnée me met au-dessus w de l’agrandissement et de la diminution, au-dessus des fatigues et de la convoitise. »

Les Turcs, à ces paroles du roi, ôtèrent tous le musque de dessus leur lêtc ; ils déclarèrent que le roi

A était victorieux et ces léopards de guerre devinrent doua : comme des gazelles.

Le roi du monde leur commanda d’apporter leurs armures, leurs épées, leurs lances et leurs javelots ; et ces orgueilleux Turcs l’or-mèrent devant le roi, de leurs casques de Roum et des caparaçons de leurs chevaux, une pile autour de laquelle ils plantèrent leurs drapeaux jaunes, rouges et violets, en jurantsolennellement de rester jusqu’à la mort les serviteurs et les esclaves du roi et de lui être dévoués de cœur.

Alors le sage roi leur pardonna tout le mal qu’ils avaient fait ; il leur ordonna de se disperser et remplit de ces hommes toutes ses provinces.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021