Khosrou Parviz

Gordieh donne des conseils à son frère Bahram

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Lorsque la sœur de Bahram apprit que son frère paraissait sur la route, de retour de son entrevue avec le roi, elle ôta son beau diadème, une servante lui apporta son voile et elle courut au-devant de son frère, le cœur percé de douleur et l’esprit assombri.

Elle lui dit :

Ô prince avide de combats !

Comment t’es-tu comporté devant le roi ?

Dis-le-moi.

Si, par l’effet de sa jeunesse, il est emporté et violent, ne te laisse pas entraîner à rendre impossible l’œuvre de la réconciliation. »

Le vaillant Bahram dit à sa sœur :

Il ne faut pas le compter parmi les rois.

Ce n’est ni un cavalier prêt au combat, ni un homme généreux, ni une tête sage, ni un homme brillant.

La valeur vaut mieux qu’une naissance illustre et il faut qu’un roi soit vaillant. »

Sa sœur, pleine de sagesse, lui dit :

Ô homme puissant, brusque et avide de renom.

Quoi que je puisse te dire, tu ne m’écoutes pas, tu ne montres que colère et mauvaise humeur.

Réfléchis à ce que dit cet homme éloquent de Balkh :

C’est une chose amère que d’entendre la parole sincère de tout homme qui nous dit nos défauts et qui dévoile toute la vérité.

Ne fais pas de plans qui convertiraient en désert ton pays, lorsque tu as ta part dans le monde.

Un homme très-sage a raconté qu’il y avait un âne qui, voulant porter des cornes de bœuf, perdit au milieu du troupeau ses deux oreilles.

Ne t’expose pas au blâme du monde entier, car personne de ta famille n’a porté une couronne.

Si ce jeune homme n’était pas entre toi et la couronne, mon esprit ne serait ni blessé ni assombri ; mais le père vit, le trône de la royauté est debout et tu te places entre le père et le fils, debout devant eux.

Je ne sais comment cela finira et mes yeux sont toujours inondés de sang.

Tu ne recherches que les angoisses et les malédictions, tu aspires follement le parfum d’une fleur vénéneuse.

On dira que Djoubineh a perdu son renom et que le nom de 5

Bahram est devenu une injure ; Dieu sera en colère contre toi et ton âme sera emprisonnée dans l’enfer.

Pense donc que tu n’as en dans le monde d’autre protecteur que le roi Hormuzd.

Lorsque le trône et le butin du roi Saweh sont tombés entre tes mains, tu as porté haut ton casque et lorsque, à l’aide de Hormuzd, tu es devenu illustre dans le monde, tu recherches le trône du roi des rois.

Comprends donc que tout bien vient de Dieu et ne sois pas injuste envers ce roi couronné.

Ne sois pas si fier du combat que tu as livré ; tu as été vaillant, ne sois par arrogant.

Tu as fait du Div l’ami de ton cœur, tu es devenu rebelle envers Dieu.

Lorsque Hormuzd a éclaté en colère contre les paroles du vil Ayïn Guschasp ; et qu’il a été frappé par ce grand malheur d’être aveuglé, son fils vint de Berda pour le venger et tu aurais du te tenir tranquille dans cette affaire ; ce n’était pas le moment pour un serviteur de susciter une guerre ; il fallait te rendre auprès du jeune prince et arranger le nouveau trône selon sa volonté.

Alors le jeune homme n’au- rait agi que selon tes conseils et le sort ne t’aurait apporté que des bienfaits ; tu aurais été tranquille et heureux et la destinée aurait veillé sur toi ; pourquoi donc vouloir t’emparer de cette couronne et de ce trône ?

Tu sais qu’il existe des princes jeunes et vieux de la famille d’Ardeschir, qui ont des trésors et des armées innombrables ; qui donc, dans l’Iran, te donnerait le nom de roi ?

Ce n’est que si tu étais roi avec un trésor et une armée que tu pourrais gouverner ce pays.

Il n’y a eu que Saweh, le commandant des armées de la Chine, qui ait osé attaquer l’Iran et Dieu, le saint, te l’a livré et a détourné de l’Iran et du reste du monde le mal qu’il pouvait faire.

Depuis que le Seigneur a créé le monde, qu’il a tiré de son sein le ciel sublime, on n’a jamais vu un cavalier comme Sam, devant lequel un lion féroce n’aurait pas osé se montrer ; mais lorsque le sort a voulu que Newder se livrât à des actes injustes, foulant aux pieds les avis de son père et que tous les grands voulurent proclamer Sam et préparèrent pour lui le trône de turquoises, il leur dit :

Malheur à un Sipehbed qui penserait au trône !

La poussière des pieds de Minoutchehr est ma place et le pied du trône de Newder est ma couronne.

Ô mon frère, je te dis cela, parce qu’on n’obtient un trône que quand on a une fortune a victorieuse, une main noble, une naissance illustre, de l’intelligence et un cœur serein, plein de justice.

Je ne sais ce qui t’arrivera, car la raison a disparu de ton esprit. »

Bahram lui dit :

Tout cela est vrai et Dieu est témoin de cette vérité ; mais cette affaire est allée trop loin ; et mon cœur et mon cerveau sonl remplis de soucis.

Je serai roi ou je livrerai "in tête à la mort, qui pénètre à travers l’acier du casque. »

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021