Keï Kaous

Rustem tue Zendeh Rezm

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Lorsque le soleil eut disparu du monde et que la nuit noire eut étendu le pan de sa robe sur les montagnes, Rustem se rendit auprès du roi, ceint pour le combat et le cœur avide de vengeance.

Il lui dit :

Le roi me permet-il de sortir sans casque ni ceinture pour observer ce nouveau maître du monde et pour voir qui sont ses braves et qui est le chef de son armée ? »

Kaous lui dit :

C’est digne de toi ; puisse ton esprit conserver sa prudence et ton corps sa santé !

Que Dieu t’ait toujours sous sa garde Il. 1(I qu’il t’accorde les vœux de ton cœur et l’accomplissement de tes projets la Rustem se couvrit d’un vêtement tel qu’en portent les Turcs et partit secrètement pour le château.

Il s’avança et étant arrivé près des remparts, il entendit les cris et le bruit de la fête des Turcs.

Le héros se glissa dans la forteresse comme un lion qui surprend des antilopes ; il aperçut tout à coup les chefs de l’armée et ses joues s’épanouirent de joie comme une rose.

Or lorsque Sohrab s’était décidé pour la guerre et que son départ s’approchait, sa mère avait mandé l’illustre Zendeh Rezm, qui était fils du roi de-Semengan et oncle de Sohrab le glorieux et qui avait vu Rustem au banquet et elle lui avait dit :

Ô héros à l’âme brillante. je t’enverrai avec cet enfant ; et quand il sera arrivé dans l’Iran et auprès du, roi des braves, quand au jour du combat les armées se rapprocheront, alors tu montreras son père à mon noble fils. »

Rustem vit donc Sohrab assis au festin sur un trône et placés près de lui, d’un côté Zendeh Bezm, de l’autre Houman le vaillant cavalier et Barman le lion renommé.

Tu aurais dit que Sohrab remplissait le trône tout entier ; il ressemblait à un cyprès plein de séve ; ses deux bras étaient forts comme les cuisses d’un chameau, sa poitrine large comme la poitrine d’un lion, son visage rouge comme du sang.

Autour de lui étaient assis cent Turcs braves, jeunes, fiers et semblables à des lions ; cinquante esclaves ornés de bracelets, rangés debout devant le ravisseur des cœurs dont la fortune était haute, invoquaient les bénédictions de Dieu sur sa taille élancée, sur son épée et son sceau, Rustem se tenait à l’écart, en observant les braves assis au banquet, lorsque Zendeh eut besoin de sortir et aperçut un brave semblable à un cyprès élancé.

Il n’y avait dans l’armée des Turcs aucun homme de sa stature.

Zendeh s’approcha de lui et lui demanda subitement :

Qui es-tu ?

Réponds-moi.

Viens vers la lumière et montre-toi. »

Rustem le frappa sur la nuque d’un violent coup de poing et l’âme de Zendeh Rezm abandonna son corps ; il mourut sur la place ; il ne devait plus combattre et les fêtes avaient fini pour lui.

Sohrab attendit longtemps, mais Zendeh le lion ne revint pas auprès de lui, il demanda où il était allé, laissant vide sa place au banquet.

Quelques-uns sortirent et le trouvèrent par terre ; il était sans vie et l’âme avait quitté le corps.

Ils revinrent en poussant des cris de terreur, ils revinrent ’âme troublée de douleur et dirent à Sohrab :

Zendeh Rezm est mort !

Les fêtes et les combats sont passés pour lui. »

Sohrab, en entendant ces paroles, sauta sur ses pieds et alla vers Zendeh, courant comme la fumée.

Il y alla suivi d’esclaves, de torches et de musiciens et le trouva mort.

Il fut saisi d’un grand étonnement et resta stupéfait ; ensuite ce lion appela les braves.

Et les grands et leur dit :

Ô hommes de sens, ô braves pleins de valeur !

Il ne faut pas vous reposer cette nuit, il faut la passer à fourbir la pointe de vos lances ; car un loup est entré au milieu du troupeau, défiant les chiens et les bergers.

Il a saisi un brave parmi le troupeau et l’a jeté par terre sanglant et comme une chose vile.

Si Dieu le créateur du monde m’est en aide, je vengerai sur les Iraniens la mort de Zendeh.

Demain, aussitôt que le sabot de mon cheval foulera la terre, je délierai mon lacet du crochet de la selle. »

Il s’en retourna, reprit sa place, appela les grands et leur dit :

Zendeh Rezm me manquera dans le combat, mais je ne suis pas las du festins»

Pendant que Rustem s’en retournait auprès du roi, Guiv sortit du camp des Iraniens pour faire la ronde ; il aperçut sur la route le héros au corps d’éléphant et se hâta de tirer l’épée du fourreau ; il poussa un cri comme un éléphant furieux, se couvrit la tête de son bouclier et (se tint prêt à combattre.

Rustem, qui savait que Guiv devait cette nuit faire la ronde devant le camp des Iraniens, sourit et jeta un cri.

Guiv reconnut la voix de Rustem, courut à pied vers lui et lui dit :

Ô prince et ami !

Où as-tu été à pied dans la nuit sombre ? »

Tehemten ouvrit la bouche pour lui répondre et raconta ce qu’il avait fait et comment il avait traité 1m homme au cœur de lion.

Le noble Guiv invoqua les grâces de Dieu sur lui en disant :

Puisses-tu ne jamais manquer à ton cheval, à ta massue et à ta selle ! »

De la Rustem alla auprès du roi et lui fit la description des Turcs et de leur festin, de Sohrab, de sa haute taille et de ses bras prêts pour le combat. disant : Jamais homme comme lui n’a paru chez les Turcs ; il ressemble à un cyprès, tant sa taille est droite ; il n’a d’égal ni dans l’Iran ni dans le Touran ; tu croirais que c’est Sam le cavalier.

Que puis-je dire de plus ? »

Ensuite, il parla du coup qu’il avait donné à Zendeh Rezm et qui le mettait hors d’état de prendre part aux combats et aux banquets.

Ils conversèrent de cette sorte, ensuite ils firent venir des musiciens et du vin et passèrent. la nuit réunis en assemblée.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021