Guschtasp

Beschouten attaque le château d'airin

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La nuit étant arrivée, Isfendiar alluma un grand feu dont l’ardeur brûlait le ciel, et la sentinelle regardant de sa tour vit l’air rempli de feu et de fumée.

Elle quitta joyeusement le lieu où elle se tenait; tu aurais dit qu’elle voyageait avec le vent, et, arrivée auprès de Beschouten, elle lui annonça le feu et la fumée qu’elle avait aperçus.

Beschouten dit:

C’est par la ruse que l’homme vaillant est supérieur à l’éléphant et au lion.

Il fit sonner des clairons d’airain et battre les timbales d’airain, et le bruit des trompettes s’éleva de la porte de sa tente; l’armée s’avança de la plaine vers le fort, et la poussière qu’elle soulevait obscurcissait le soleil brillant; tous étaient couverts de cottes de mailles et de casques, et leurs cœurs versaient une pluie de sang.

Quand on sut dans le fort qu’une armée s’approchait et que le monde disparaissait sous une poussière noire, toute la forteresse retentit du nom d’Isfendiar, et l’arbre du malheur commença à porter des fruits amers.

Ardjasp revêtit sa cotte de mailles et se frotta longuement les mains; il ordonna à Kehrem, le vainqueur des lions, de prendre la massue, l’épée et les flèches, et de se mettre à la tête de l’armée, et dit à Tharkhan:

Ô toi qui portes haut la tête, pars à l’instant avec une armée préparée à la bataille; prends douze mille guerriers illustres, tous avides de combat et prêts à frapper de l’épée.

Observe qui nous attaque, et ce qu’ils veulent dans cette invasion.

Le fier Tharkhan partit sur-le-champ vers le front attaqué de la forteresse, accompagné d’un interprète.

Il vit des troupes couvertes de cuirasses, armées pour la guerre, et un drapeau noir avec une figure de léopard; le Sipehbed Beschouten se trouvait au centre de ces troupes, qui toutes avaient lavé leurs mains dans le Sang; il tenait la massue d’Isfendiar et était monté sur un destrier renommé; il avait tout l’air du vaillant Isfendiar, et personne ne l’appelait autrement que roi d’ Iran.

Il étendit les deux ailes de son armée et le jour brillant disparut; les lances aux pointes d’acier donnaient des coups tels qu’on aurait dit qu’une pluie de sang tombait du ciel.

Des deux côtés tous les héros qui étaient avides de combat se jetèrent dans la mêlée, le premier de tous, Nousch-Ader, qui était prêt à frapper de l’épée et provoquait les ennemis.

Le fier Tharkhan alla à sa rencontre, espérant faire tomber sa tête dans la poussière; mais Nousch-Ader, le voyant dans la plaine, se hâta de tirer son épée, coupa en deux Tharkhan par le milieu du corps, et jeta la terreur dans l’âme de Kehrem.

C’est ainsi qu’il attaqua le centre des ennemis, frappant sur tous grands et petits.

Les deux armées combattirent de manière que la poussière qu’elles soulevaient formait un nuage dans l’air.

Kehrem, qui portait haut la tête, s’en retourna au palais en pleurant, et l’armée entière le suivit en toute hâte; Kehrem dit à son père:

Ô roi illustre qui ressembles au soleil! il est arrivé de l’Iran une grande armée devant laquelle marche un héros illustre, qui, d’après sa stature, ne peut être qu’ Isfendiar; et jamais un homme comme lui n’est venu dans ce château;

Il porte dans la bataille la lance de combat que tu as vue dans sa main à Gunbedan.

Ces paroles affligèrent le cœur d’Ardjasp, qui voyait que l’ancienne vengeance allait revivre.

Il dit aux chefs de ses troupes:

Partez, sortez tous de la forteresse el allez dans la plaine, emmenez l’armée, poussez des cris de lions féroces, ne laissez point vivre plus longtemps un seul de vos ennemis; n’appelez lion aucun des hommes d’Iran.

Toute l’armée quitta la forteresse, le cœur blessé et avide de vengeance.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021