Bahram Gour

Bahram épouse les filles du Dihkan Berzin

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Trois jours après le roi partit avec son cortège et son équipage de chasse.

Trois cents cavaliers parmi à!!!) les grands de l’Iran vinrent à la cour pour cette chasse ; chaque cavalier amenait trente serviteurs turcs, ou roumis, ou perses et trois cents serviteurs partirent du palais du roi avec son train de chasse.

Il y avait dix dromadaires avec des housses de brocart et des étriers d’or et des bâts en or ; dix chameaux portaient la tente du roi et son lit couvert de brocart ; à leur tête marchaient sept-éléphants portant le trône de turquoises qui ressemblait aux eaux du Nil.

Les degrés du trône étaient en or et en cristal ; c’est sur ce siège que s’asseyait le roi Bahram Gour.

Chaque cavalier qui portait l’épée était accompagné de trente esclaves à ceintures d’or et montant des chevaux à brides d’or.

Il y avait cent mules pour les musiciens, qui portaient tous des diadèmes de pierreries.

Les fauconniers emmenaient cent soixante faucons et deux cents gerfauts et laniers qui portaient haut la crête.

Il y avait parmi eux un oiseau noir, qui était le plus précieux aux yeux du roi : ses deux griffes étaient noires et son bec jaune ; c’était comme de l’or brillant sur du lapis-lazuli.

On l’appelait Tughri ; ses deux yeux étaient par leur couleur comme deux coupes pleines de vin.

Le Khakan l’avait envoyé au roi avec un trône et une couronne en grenats, un collier d’or incrusté de chrysoprases, quarante bracelets, trentesix boucles d’oreilles, trois cents charges de chameaux de curiosités de Chine et trois cents anneaux de rubis.

Après : les fauconniers on emmena. dans le cortège du roi qui éclairait le monde, cent vingt guépards portant des colliers de pierreries auxquels étaient attachées des chaînes d’or.

C’est ainsi que le roi des rois s’avançait dans le désert, élevant sa couronne au-dessus de Jupiter et tous les chasseurs se dirigèrent vers les eaux du fleuve Milton, que Bahram, le maître du monde, visitait tous les sept ans sous des auspices favorables.

Lorsque le cortège fut arrivé sur les bords du fleuve, le roi vit l’eau couverte d’oiseaux ; il fit battre le tambour et Tughri s’élança dans l’air, car cet oiseau royal n’était pas patient.

La grue était un gibier inn digne de ses griffes, car les léopards étaient sa vraie proie.

Un aigle lui tomba entre les griffes et il monta jusqu’à ce qu’à la tin il disparût dans l’air ; il volait comme une flèche qui sort de l’arc ; un fau-connier courut après lui;’ le cœur du roi se resserra lorsqu’il vit son élan et il le suivit, guidé par le bruit de ses clochettes.

Il arriva ainsi devant un grand jardin dans le coin duquel s’élevait un palais.

Le roi courait suivi de quelques personnes, pendant que son cortège se livrait à la chasse.

Lorsque Bahj ram fut entré dans le jardin, il vit un palais derrière lequel s’élevait la crête d’un rocher escarpé ; au mi-- lieu du jardin était un bassin d’eau sur le bord duquel e’tait assis un vieillard ; la terre sous lui était. rouverte d’un lapis de brocart et le jardin était MW plein d’esclaves et de belles choses de toute sorte.

Ses trois tilles, blanches comme l’ivoire, étaient asi’sises devant lui, des couronnes de turquoises sur la tête, avec desjoues comme le printemps, des tailles élancées, des sourcils arqués et des boucles de cheveux comme des lacets ; chacune tenait en main une coupede cristal.

Bahram Gour les regarda ; ses yeux se troublèrent à leur aspect comme son cœur était déjà troublé de ce qui était arrivé à Tughri.

Lorsque le riche Dihkan l’aperçut, son visage pâlit de terreur comme la fleur du fenugrec ; c’était un vieillard intelligent, son nom était Berzin ; il n’était pas content de voir le roi.

Il accourut du bord du bassin, rapidement comme le vent, s’apv procha du roi et baisa la terre devant lui, disant :

Ô roi au visage de soleil, puisse le ciel tourner selon le gré de ton cœur !

Je n’ose pas te proposer de rester ici sur ma terre avec deux cents cavaliers, mais la fortune de Berlin élèverait sa tête jusqu’à la lune si le roi pouvait se plaire dans ce jardin. »

Le roi du monde lui répondit :

Tughri s’est. envolé aujourd’hui, mon cœur est en angoisses pour ce chasseur d’oiseaux et j’ai suivi le bruit de ses clochettes. n-Berzin lui dit :

Je viens d’apercevoir un oiseau noir avec des clochettes d’or, le corps et les griffes noires comme de la poix et le bec jaune comme du curcuma ; il est allé s’abattre sur ce noyer et par l’effet de la fortune tu le retrouveras v. f1 il

[ dans un ins’lautm Le roi ordonna sur-le-champ à un esclave d’aller examiner de tous côtés le noyer ; cet homme y courut comme le vent et s’écria :

Puisse le roi du monde être toujours heureux !

Tughri s’est accroché à une branche et le fauconnier peut maintenant le prendre avec la main. a»

Lorsque Tughri eut reparu, le vieillard dit :

Ô roi qui n’as ni pareil ni égal sur la terre !

puisse mon hospitalité te porter bonheurlpuissent tous ceux qui ont des couronnes sur la tête être tes esclaves !

Bois maintenant dans ton contentement une coupe de vin et puisque ton cœur a retrouvé le repos, livre-toi à la joie. »

Le roi des rois du monde mit pied à terre auprès de ce bassin et le vieillard en fut tout heureux.

Dans ce moment arrivèrent le Destour du roi, les chefs de l’armée et le trésorier.

Benin fit apporter du vin rouge et des coupes et commença par boire à la santé du "roi ; ensuite il alla chercher une coupe en cristal et la fit placer dans la main de Bahram Gour.

Le maître du monde, voyant le vin, saisit la coupe et la vida jusqu’au-dessous de la ’ ligne d’inscription.

À cette vue Berzin devint tout joyeux et alla faire placer des cruches de vin partout dans le jardin et lorsqu’il fut ivre, il dit à ses filles :

Ô mes enfants pleines de talents !

Le roi Bahram est arrivé dans notre jardin, mais personne des grands de son escorte n’est venu.

Toi qui sais Î. [ chauler, chante-nous des chansons, let toi, ma fille au.visage de lune, apporte ton luth. »

Toutes les . troiS’se présentèrent devant le roi,.des diadèmes de pierreries sur leurs têtes ; l’une savait danser, l’autre jouait du luth et la troisième avait une belle voix et savait dissiper les soucis.

Au bruit de leurs voix, le roi des rois vida une coupe, et, se sentant tout joyeux, il dit à Berzin :

Quelles sont ces jeunes filles qui vivent avec toi dans ce bonheur ?

Berzin répondit :

Ô roi !

Puisse le monde n’être un seul a jour sans toi !

Sache que ce sont mes filles, qui font ma joie et me charment le cœur.

L’une chante, l’autre joue du luth et la troisième danse en battant la mesure avec ses pieds.

Ô roi !

Je ne manque de 4c : rien, j’ai de l’or et de l’argent, des jardins, des terres et trois filles qui ressemblent au gai printemps et sont telles que le roi les voit devant lui. »

Puis, il dit à la chanteuse :

Ô fille au visage de V lune !

Prends courage et chante la chanson du roi. »

Les idoles se préparèrent au chant et au jeu du luth et surmontèrent leur embarras.

La chanteuse commença en s’adressant à Bahram :

Ô roi au visage de lune !

Tu ne. ressembles qu’à la lune dans le ciel ; il n’y a de place qui te convienne que le trône des rois.

Avec cet aspect de lune et cette taille de platane, tu rends fier le trône et la couronne de la royauté.

Heureux qui voit ton visage le matin, heureux qui respire le parfum de les

[.

Cheveux de musc !

Ta taille est mince comme celle du tigre, ton bras est fort et la splendeur de la couronne s’élève dans les nues.

Ton visage ressemble la fleur du grenadier et le cœur sourit de bonheur à cause de ta tendresse.

Ton cœur est comme la mer, ta main est comme le nuage, la proie de ton lacet est le léopard et le lion.

Tu fends un cheveu avec la pointe de ta flèche et l’eau se convertit en lait par l’effet de ta justice.

Quand une armées voit ton lacet et ton bras puissant, le cœur et la moelle des plus belliqueux se déchirent, si nombreuse que soit leur armée. »

Pendant que Bahram écoutait cette chanson, il vida la lourde coupe de cristal, puis il ditàBerziu :

Ô homme qui portes haut la tête, qui as éprouvé. dans le monde le froid et le chaud !

Tu ne trouveras pas un gendre meilleur que moi, le chef des rois, le maître du peuple.

Donne-moi tes trois filles ’et élève ton diadème jusqu’à Saturne. »

Berzin lui dit :

Ô roi !

Puissent le vin et l’échanson te plairel Qui dans le monde peut se vanter de posséder elles lui une chanteuse pareille ?

Puisque tu m’as permis d’adorer ce trône du roi des rois comme ton esclave, j’adorerai ta couronne et tonitrône, ta majesté, ta gloire et ta fortune.

De même mes trois filles sont tes servantes ; elles sont debout devant toi "comme des esclaves.

Le miles a acceptées comme telles aussitôt qu’il a aperçu de loin ces tiois lunes.

Elles ont une taille de platane et un teint d’ivoire, elles sont dignes du trône et seront un ornement pour la couronne. le dirai maintenant ce que je possède en secret,je dirai le bien et le mal au roi du monde.

Il y a enfermées dans mon palais deux cents charges de chameaux, s’il n’y en a pas davantage, d’étoiles pour vêtements ; pour lits, pour couvertures et pour tapis ; de même j’ai des bracelets, des colliers, des couronnes et des trônes, dont mes filles se réjouiront. »

Le roi sourit à ces paroles de Berzin et lui dit :

Tout ce que tu as dans ta maison, laisse-le à sa place et livre-toi à la joie avec la coupede vin. »

Le vieillard répondit :

Je te donne ces trois filles, qui ressemblent à des lunes, selon le rite de Kaïoumors et du roi Houscheng ; elles sont la poussière sous tes pieds, toutes les trois ne vivent que pour faire. tes volontés. »

-A La fille aînée s’appelait Mah-Al’erid, la seconde Firanek, la dernière Schembelid.

Elles avaient plu au roi dès qu’il les avait vues, il les mit alors au nombre de ses femmes légitimes.

Il ordonna à un des grands de son cortège d’amener quatre litières d’or, fit placer les trois idoles chacune dans une litière et appeler soixante suivantes roumies qui entourèrent les idoles" et chantèrent leurs louanges.

Ces trois lunes partirent pour l’appartement doré des femmes ; mais le roi resta encore pour s’enivrer davan-

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tage.

Un esclave emporta le fouet de Bahram et le suspendit à la porte.

L’escorte n’avait aucun indice où se trouvait le chef des braves, si ce n’œt ce fouet ; ceux qui en apercevaient le manche se mettaientà courir et faisaient des salutations devant ce long fouet.

Bahram resta jusqu’à ce qu’il fût ivre ; étant alors de bonne humeur, il monta dans une litière, partit pour l’appartement doré de ses femmes et se rendit à sa demeure parfumée d’ambre gris.

Arrivé là, il y resta pendant une semaine durant laquelle il jouit beaucoup et donna, parla beaucoup et écouta.

Dernière mise à jour : 25 sept. 2021