Zohak

Feridoun questionne sa mère sur son lignage

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Lorsque deux fois huit ans eurent passé sur Feridoun, il descendit du mont Elborz dans la plaine, il vint à sa mère et lui fit des questions, en disant :

Dévoile-moi ce qui est secret ; dis-moi qui fut mon père, qui je suis par ma naissance, quel est mon lignage : car que dirai-je de mon origine en face du peuple ?

Raconte-moi ce que tu en sais.

Firanek lui répondit :

Ô toi qui cherches la gloire, je te dirai tout ce que tu m’as demandé.

Sache que dans le pays d’Iran il y eut un homme nommé Abtin ; il était de race royale, prudent, sage et un brave qui n’opprimait personne.

Il descendait de Thahmouras le héros et connaissait tous ses ancêtres de père en fils ; Cet homme était ton père et mon tendre époux et je n’eus de jours heureux que par lui.

Il arriva que Zohak le magicien étendit, de l’Iran, la main pour te tuer ; je t’ai caché à lui, et combien de jours malheureux n’ai-je pas passés !

Ton père, cet homme illustre, a sacrifié pour toi sa douce vie.

Deux serpents sortent des épaules de Zohak le magicien, ils portent la désolation dans l’Iran et l’on prit la cervelle du crâne de ton père pour en faire une nourriture aux serpents.

À la fin j’arrivai dans un parc dont personne n’avait connaissance ; j’y vis une vache belle comme le printemps, de la tête aux pieds une merveille de couleur et de beauté.

Son gardien, semblable lui-même à un roi, était assis devant elle dans une position respectueuse.

Je te laissai à lui pendant longtemps, il t’éleva sur son sein avec tendresse et le lait de la vache aux couleurs de paon te fit grandir comme un puissant crocodile.

Le roi eut à la fin nouvelle de cette vache et de cette prairie.

Je t’enlevai subitement du parc ; je t’éloignai de l’Iran, de ton palais, de ta patrie.

Zohak vint, il tua la vache merveilleuse, ta nourrice muette et pleine de tendresse, il fit voler la poussière de notre palais jusqu’au ciel et fit une ruine de ce haut édifice.

Feridoun s’étonna, il écouta avec avidité et les paroles de sa mère lui firent bouillonner le sang ; son cœur se remplit de douleur, sa tête de désirs de vengeance et la colère rida son front.

Il répondit à sa mère :

Le lion ne devient vaillant qu’en essayant ses forces.

Maintenant que le magicien a accompli ses crimes, il faut que je prenne mon épée.

Je m’en irai sous la garde du Dieu saint et je ferai voler en l’air la poussière du palais de Zohak.

Sa mère lui dit :

Cela n’est pas sage, tu ne peux pas résister au monde entier.

Zohak est le maître de la terre, il a la couronne et le trône et une armée qui obéit à ses ordres ; quand il le veut, cent mille hommes de chaque province viennent combattre pour lui.

Le parti que tu veux prendre n’est pas conforme aux usages de ta famille, ni propre à satisfaire ton désir de vengeance.

Ne regarde pas le monde avec les yeux de la jeunesse ; car quiconque s’abreuve du vin de la jeunesse, ne voit dans le monde que lui-même, et, dans son ivresse, livre sa tête au vent.

Puissent tes jours être toujours beaux et heureux !

Ô mon fils, souviens-toi de mon conseil et regarde comme du vent toute chose, excepté les paroles de ta mère.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021