Yezdeguerd le méchant

Bahram saisit la couronne au milieu des loups

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La nuit passa et le lendemain de grand matin le roi vint et monta sur le trône.

Il fit appeler les Iraniens et parla longuement de ce qu’il avait dit la veille.

Les Mobeds lui répondirent à haute voix :

Ô roi, le plus sage des hommes de sens !

Que feras-tu dans ta place de roi des rois quand tu l’auras conquise par ton cOurage et ta hardiesse ?

Comment montreras-tu de la justice et de la droiture pour diminuer le mal qui a été fait ? »

Il répondit à ces hommes savants, illustres et courageux :

Je ferai plus de bien que je ne promets.

Je m’abstiendrai d’injustices et d’exactions.

Ceux qui sont dignes du peuvoir, je distribuerai certainement le monde entre eux.

Je gouvernerai le peuple selon la raison et la justice ; et quand je lui aurai donné de la sécurite’, je serai heureux des eflèts de ma justice.

[ Ceux qui aujourd’hui sont pauvres, je leur distribuerai de mes trésors accumulés.

Je donnerai des .avis à ceux qui commettent des fautes ; s’ils y retombent, je les mettrai dans les fers.

Je payerai la solde de l’armée quand elle est due, je remplirai de joie l’âme des hommes sensés.

Mes intentions seront d’accord avec mes parples ; je détournerai mon esprit de la perversité et des ténèbres.

Si quelqu’un meurt sans parents et laisse un héritage, si grand qu’il puisse être, je le donnerai aux pauvres et ne le mettrai pas dans mon trésor et n’attacherai pas mon cœurà cette demeure passagère.

Je consulterai toujours ceux qui connaissent les affaires et par l’ordre que j’introduirai, j’anéantirai la cupidité ; je demanderai toujours l’avis de Destours quand je voudrai entreprendre une affaire nouvelle.

Quand on me demandera justice, je ne chercherai pas à lever l’assemblée ; je rendrai justice à quiconque me la réclamera et je ne déciderai jamais que selon le hou droit ; je punirai les méchants pour le mal qu’ils font, comme c’est le devoir des rois.

Dieu, le tout saint, m’en est témoin, la raison est la maîtresse de ma langue. »

Le Grand Mobed et les hommes intelligents, les grands, les nobles qui avaient l’expérience des affaires, s’écrièrent d’une seule voix :

Nous sommes tes esclaves, nous baissons la tête devant tes ordres et les volontés. »

Bahram répondit :

Ô hommes A de sens qui me montrez le vrai chemin !

Quand . cent ans passeraient lia-dessus, je ne détournerais pas de mes paroles mon âme et mon esprit.

Je renonce à mon héritage, à me :

droits aujtrône et à la couronne et dorénavant je m’assiérai parmi ceux dont la fortune est incertainem En entendant ces paroles, les Mobeds, les grands, les sages à l’esprit éveillé se repentirent de ce qu’ils avaient dit autrefois ; ils avaient commis une faute et cherchaient un remède, en se disant l’un à l’autre d’une seule voix :

Qui est plus digne d’être roi que lui ?

Jamais homme plus grand parle courage, par l’éloquence, par l’intelligence et la naissance, n’a paru dans le monde.

Dieu l’a pétri de justice ; puisse ne jamais lui arriver un malheur !

Nous recevrons de lui tous les bonheurs ; nous pourrons jouir et nous livrer à la joie et il faudrait que notre intelligence fût endormie pour que nous ne le disions pas clairement.

Personne dans le monde n’est son égal en stature, en force de membres et de bras et s’il occupe le trône de sa famille, qui sur la terre sera supérieur à Bahram ?

Ensuite, pourquoi craindrait : il les Iraniens ?

Que sommes-nous devant lui ?

Une poignée de poussière. »

Alors ils dirent à Bahram :

Ô homme plein de majesté !

Tu es le bienvenu de nos âmes pour être roi.

Personne de nous ne connaissait tes qualités, ton langage, ta sagesse et les intentions.

Mai nous

A avons rendu hommage, comme mi, à Khosrou, qui est un descendant de Peschin ; nous sommes, tous liés à lui par un serment qui lui donne le droit de nous faire du mal.

S’il continue à être roi de l’Iran, tout le pays sera dévasté par la guerre, car une moitié du pays t’accueillera avec joie et l’autre tiendra à Khosrou.

En toute justice, ta propositiou vaut mieux et dorénavant le monde sera sous tes ordres, car ce combat avec les lions est un bon prétexte pour écarter les prétendants au pouvoir. »

Bahram tomba d’accord avec eux, car c’était lui-même qui avait proposé cela.

Le cérémonial chez les nobles rois était que, lorsqu’il y avait un nouveau roi d’illustre naissance, le Grand Mobed se présentait devant lui, accompagné de trois hommes intelligents à l’esprit éveillé, installait le roi sur son trône et prononçait sur ce trône des bénédictions.

Il portait au roi la couronne d’or, qui le parait et lui conférait sa dignité et sa majesté.

Il plaçait la couronne des Keïanides sur la tête et posait avec bonheur ses deux joues sur la poitrine du roi.

Ensuite le roi distribuait à qui le lui demandait les offrandes de tous, ceux qui en avaient apporté.

On remit donc au Grand Mobed la couronne et le trône et cet homme à la fortune éveillée se rendit de la ville dans la plaine.

Le vaillant Gustehem y avait deux lions, qu’il livra au Grand Mobed, attaehés ailes chaînes : celui-ci les fit traîner verk le trôna et la peur mettait hors d’eux-mêmes ceux qui les traînaient.

On les attacha au pied du trône d’ivoire, sur un coin duquel on plaça la couronne.

La foule regardait cette couronne et ce trône, pour voir ce qui arriverait au prince à la fortune victorieuse.

Bahram et Khosrou se rendirent sur la plaine et arrivèrent auprès des lions le cœur gonflé de sang.

Quand Khosrou vit ces deux bêtes féroces et la couronne placée au milieu d’eux, il dit aux Mobeds :

D’abord la couronneconvient à celui qui recherche !

La royauté ; ensuite il est jeune et je suis vieux et ne puis résister aux griffes des lions féroces ; c’est donc à lui de marcher le premier, en vertu de sa jeunesse et de sa vigueur de corps. »

Bahram répondit :

C’est bien.

Je ne recule pas devant ce que j’ai dit sérieusement. »

Il saisit une massue à tête de bœuf et la foule resta dans l’étonnement.

Le Grand Mobed lui dit :

Ô roiplein d’intelligence, de savoir et de pureté !

Qui veut que tu combattes les lions ?

Que veux-tu de plus que la . royauté ?

Ne donne pas ta vie pour un trône, ne linvre pas follement ton corps, à la destruction.

Nous ’I en sommes innocents et c’est toi qui le veux, car le monde entier est d’accord à ton égard. »

Bahram répondit :

Ô investigateur de la foi !

Toi et tout le peuple vous êtes innocents de cela.

Je suis le rival de ces lions mâles ; je. recherche le combat aveccc qui est vaillante Le Mobed dit :

Le refuge est en .

Mit Dieu.

Puisque tu veux y aller, purifie ton âme de ses péchés,»

Bahram fit ce que le Grand Mobed lui ordonna ; il purifia son cœur et se repentit de ses péchés, puis il partit avec sa massue à tête de bœuf.

Lorsque les lions, avides de combats, le virent, l’un d’eux brisa brusquement sa chaîne et ses liens et s’avança vers le puissant roi.

Le vaillant Bahram le frappa sur la tête avec la massue et lui enleva tout l’éclat des yeux ; puis il marcha sur l’autre et le frappa sur la tête et le sang du lion coulait de ses yeux sur sa poitrine.

Le roi s’assit sur le trône d’ivoire et plaça sur son front cette couronne qui répand la joie dans le cœur.

Khosrou s’approcha et lui rendit son hommage, disant :

Ô roi qui portes haut la tête, puis-rrses-tu être heureux sur le trône puissent les héros du monde entier être tes esclaves !

Tu es le roi et te nous sommes tes serviteurs et nous prospérons par (a bonté.

Notre refuge est en Dieu, qui a été notre

. asile et a montré le vrai chemin à ceux qui s’étaient égarés. »

Les grands versèrent sur Bahram des pierreries et bénirent le nouveau trône et un cri immense s’éleva du monde entier.

Cette fête était au mois d’Ader, au jour de Serosch de dix-sept novembre). Il est venu un nuage et la lune s’est obscurcie, il tombe de la neige des nuages noirs ; on ne voit ni rivière, ni plaine, ni crêtes des montagnes ; je ne MI distingue pas l’aile du corbeau dans l’air, il ne me reste ni salaisons, ni bois, ni orge, et, jusqu’à la moisson de l’orge, je ne vois rien pour moi.

Dans cette obscurité du jour et dans la terreur de l’impôt à payer, pendant que la neige a rendu la terre semblable à une montagne d’ivoire, toutes mes affaires dépérissent, à moins qu’un ami ne vienne à mon dont rien ne peut dépasser les merveilles.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021