Schapour Dhou'l Aktaf

Lorsque quelque temps se fut passé ainsi et que la couronne qui illuminait le monde fut dans toute sa splendeur, Thaîr le Ghassanien, au cœur de lion, dont l’épée aurait inspiré du courage au ciel, arriva près de Thisifoun avec une armée d’hommes du Roum, du Farsistan, de Bahreïn, du Kurdistan et de Kadessia, une armée au-delà de toute mesure et de tout nombre.

Il dévasta tout ce pays.

Qui aurait pu lui résister ou lui échapper ?

Lorsqu’il entendit parler de Nouscheh, la tante du roi et belle comme le printemps, il entra dans le palais de cette femme au visage de lune, ce qui remplit de bruit tout Thisifoun ; on l’emmena de son palais et ou la fit prisonnière, car c’étaient des gens grossiers et qui ne comprenaient rien.

Lorsqu’elle fut restée une année auprès de Thaïr, son cœur fut inondé de sang par des angoisses et elle mit au monde une fille de Thaïr, belle comme la lune ; on aurait dit que c’était Nersi sur son trône et avec sa couronne.

Quand son père la vit, il lui donna le nom de Malikeh (Reine), car elle était digne d’un royaume.

Quand Schapour eut vingt-six ans, il était un roi vaillant, semblable au soleil.

Il se. rendit dans la plaine, passa en revue son armée et choisit douze mille braves, tous pourvus de dromadaires aux pieds SCBAPOUB. 3&3 de vent et précédés de cent guides.

Les héros, serviteurs du roi, montèrent les dromadaires et menè-rent à la main leurs chevaux et c’est ainsi que Schapour marcha contre le roi des Ghassaniens, Thaïr, qui portait haut la tête, le lion terrible.

Schapour tua bien des hommes de [l’armée de Thaîr, qui, voyant. cela, s’enfuit ; alors s’éleva le bruit des coups donnés et reçus et les Perses filent prisonniers une partie des Arabes.

L’armée de Thaïr se réfugia dans une ville forte du Yémen et l’on entendit partout les cris des enfants, des hommes et des femmes.

Schapour amena une armée si nombreuse que les fourmis et les mouches ne pouvaient plus passer ; il trouva Thaîr avec son armée dans la forteresse, où il l’attaqua et lui coupa le chemin de la fuite.

Ils se battirent pendant un mois, jour et nuit et l’armée dans la forteresse commença à manquer de vivres.