Kesra Nouschirwan

Nouschirwan donne une fête aux Mobeds

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Or il arriva qu’un jour le roi fit dresser des tables et inviter les Mobeds qui avaient du savoir et le désir de s’instruire, qui étaient éloquents, intelligents et observateurs.

Les Mobeds à l’esprit éveillé, les nobles qui avaient recherché la voie de toute science se présentèrent et lorsque le dîner fut terminé, ils demandèrent du vin et égayèrent leur âme sereine en buvant.

Le roi vigilant dit aux sages :

Dévoilez les trésors secrets de la sagesse ; que chacun m’explique la science particulière qu’il possède ; il nous fera plaisir. »

Tous ceux parmi eux qui étaient des savants, tonales hommes osant et sachant parler se mirent à discourir devant le roi qui avait invité à cela les sages.

Lorsque Buzurdjmihr entendit leurs discours et qu’il observa que le roi faisait attention à leur savoir, il lui adressa des bénédictions, se leva et dit :

Ô maître de tout ce qui est juste et droit, puisse la terre être l’esclave de ton trône d’ivoire, puisse le ciel briller par l’éclat de ta couronne !

Puisque tu donnes l’ordre à tes esclaves de délier leurs langues, je parlerai, quoique je sois un homme peu considéré et au plus bas degré du savoir.

On ne peut blâmer un savant qui essaye de délier sa lan-ægue devant Nouschirwan. »

Kesra le regarda et dit à ce savant :

Pourquoi la sagesse resterait-elle caabée ? »

Le jeune homme développa alors une grande puissance de langage et sa parole rendit le monde plus lumineux.

Son éloquence et ses conseils enchaî-nèrent les cœurs des Mobeds.

En commençant son discours, son talent s’exerce aux louanges de Dieu.

Ensuite, il dit :

Brillant est l’esprit de celui qui dit peu avec un sens profond ; mais celui qui a l’esprit irréfléchi parle beaucoup et longuement et quand il y a de longs discours dépourvus de sens, les hommes méprisent celui qui parle.

Fais ton devoir et ne te laisse pas aller au souci de l’ambition, car la terre est un séjour fugitif et nous ne faisons qu’y passer ; si nos jours étaient éternels, bien des hommes demanderaient la possession du [monde Il n’y a rien de mieux dans la vie que l’humanité ; en cela la science ne te contredira pas.

Le commencement de la droiture est la connaissance de Dieu et si tu le connais il serait mal de ne pas le craindre.

Tout ce qu’il y a de lumineux dans l’homme vient de la droiture et il faut pleurer sur les ténèbres et la perversité.

Le cœur de chacun est l’esclave d’un désir et de là vient que chacun a son humeur propre.

Tous, dans le monde, diffèrent d’humeur, mais il te faut accommoder à tous.

Celui qui est le premier dans sa sphère se donne de la peine pour devenir plus grand encore ; mais l’homme de sens, le sage et celui qui est intérieurement content est de cc monde par le corps et de .

l’autre par le cœur.

Ne te tourmente pas de ce que tu n’as pas atteint ; car c’est une maladie pour l’âme et une peine pour le corps.

La force donne à l’homme de l’honnêteté et le mensonge et la perdition viennent de la faiblesse.

Si ton esprit est dépourvu de savoir, ton plus bel ornement est le silence et si tu te complais trop dans ton savoir, il arrachera à ton intelligence le gouvernement de toi.

Riche est celui qui n’a pas d’avidité et heud reux celui qui n’a pas pour compagne la cupidité.

La douceur est la sœur de la raison ; la raison est comme le diadème sur la tête de l’âme.

Avoir un sage pour ennemi mortel vaut mieux qu’un sot ami.

Riche est celui qui est content, il encbaîne l’avidité et les soucis.

Si tu es assez humble pour vouloir apprendre, tu écouteras les paroles de ceux qui savent.

Quand un homme énonce son opinion confusément, il ne réussira pas dans l’action, Quiconque a oublié ce qu’il savait doit refu-,ser à sa langue le droit de parler.

Si tu as dans la main des richesses, de l’or, de l’argent et des chevaux parés, arrange convenablement tes dépenses et garde-toi de gaspiller ou d’être trop avare.

Quand un homme de sens se tient loin de son ennemi, celui-ci devient pour lui comme un serviteur.

Quand un homme fait son devoir au péril de sa vie, sache qu’il est sorti victorieux du combat de la vie.

Ne prononce pas une parole inutile, car c’est un feu !

Qui ne te donne que de la fumée ; ne pense pas à ce entreprendre ce qui ne peut se faire, car tu ne peux pas percer le fer avec de l’eau.

Un roi savant sera toujours humble, mais son savoir le rendra grand et puissant.

Quiconque connaît les œuvres du Créa nteur du monde est au-dessus des malheurs du sort ; il adorera de plus en plus le juge suprême et rece jettera de son cœur les tentations du Div ; il s’absq tiendra de toutce qu’on doit éviter de faire et ne troublera jamais ce qu’on ne doit pas troubler.

C’est vers Dieu que nous devons nous tourner à la fin, car c’est lui qui donne le pain quotidien et est le père nourricier. »

Les visages de tous les savants se rajeunirent à ces belles paroles de Buzurdjmihr ; toute l’assemblée fut étonnée de ce jeune homme qui s’élevait à une telle hauteur.

Kesra, le maître du monde, en était tout confus ; il fit venir les chefs du bureau des traitements et ordonna d’inscrire son nom en tête de la liste, de sorte que le registre commença par lui et la fortune de Buzurdjmihr était à la cour ce que le soleil brillant est au ciel.

Les grands se levèrent devant le roi des rois et saluèrent Buzurdjmihr de bénédictions toutes nouvelles.

Puis ils le questionnèrent sur ce qu’il avait dit, car sa tête et son cœur étaient alliés avec la raison et le jeune homme au cœur pur et àl’esprit brillant recommença à parler ainsi :

Il ne faut pas, même

en pensée, vous détourner du roi, distributeur de la justice ; car il est le pâtre et nous le troupeau, nous sommes la terre et il est le ciel’sublime.

On ne doit pas violer le pacte qui nous lie à lui, ni sortir de sa voie et lui désobéir ; il faut que nous soyons heureux de son bonheur, si nous voulons accomplir le devoir de l’époque envers lui ; il faut répandre dans le monde le renom de son mérite et garder inviolablement ses secrets.

Ne soyez pas importuns en lui témoignant votre respect ; car il pourrait se fâcher et même le lion mâle. craint le feu.

Si une montagne méprisait ses ordres, nous l’appellerions folle de cœur et faible de cerveau.

Tout malheur et tout bonheur viennent du roi. les chaînes et la prison souterraine, les couronnes et les trônes.

Les têtes couronnées lui obéissent, les hommes de sens jouissent de la vie sous lui.

Celui qui ne se sent pas heureux par lui vient d’Ahriman et son cœur et sa tête sont étrangers à la sagesse. »

Lls écoutèrent les paroles du jeune homme qui réveillait l’esprit des vieillards décrépits ; puis l’assemblée se dispersa, toutes les langues et toutes les bouches pleines de ses louanges.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021