Kesra Nouschirwan

Deuxième fête que donne Nouschirwan à Buzurdjmihr et aux Mobeds

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Une semaine plus tard, le roi à l’esprit serein invita de nouveau les savants : il mit de côté les alliaires . du monde pour pouvoir entendre les discours des sages, de ceux qui méritaient le plus d’honneur et dont le savoir était digne de l’attention du roi.

Ces hommes éloquents, tant les jeunes que les vieillards pleins d’expérience, arrivèrent et Buzurdjmihr ; ce jeune homme qui portait haut la tête, entra avec les sages à l’esprit brillant.

Ces hommes pleins de science et de prudence se présentèrent devant le puissant trône ; leurs yeux se dirigèrent vers Buzurdjmihr, dont la présence faisait briller le visage de Kesra.

Un des plus savants le questionna sur le sort et la fatalité, demandant quels en étaient le but et la lin et comment ils s’accomplissaient.

Il répondit :

Un homme qui a à faire son chemin aura beau être jeune et travailler jour et nuit, la voie de sa destinée sera obscure et étroite et l’eau viendra lentement dans son ruisseau, pendant qu’un autre, sans valeur, sera couché sur le trône de la fortune et le rosier versera sur lui ses fleurs ; telle est la coutume du sort et de la fatalité et l’on n’échappe pas à cette chance par ses propres efforts.

Dieu, qui sait tout, qui est le père nourricier de tous, a ainsi créé l’étoile de la destinée. »

Un autre demanda :

Qui est-ce qui recherche le mieux la fortune et à qui est due la prospérité ? »

Buzurdjmihr répondit :

Celui qui s’occupe le plus du bien et dont les actions portent le plus de fruit. »

Un autre demanda :

Qu’est-ce qu’il y a de mieux en nous,

’ et à quoi est dû le bonheur dans le monde ? »

Il répondit :

À la douceur, à la clémence, à la noblesse et à la convenance ; l’homme modeste courbe la tête, rend service, sausipenser à une récompense, se donne de la peine et fait ainsi sa place dans le monde ; il ne quitte pas ses compagnons quand c’est l’heure de marcher. »

Un autre demanda :

Que doit faire le sage dans un moment de dispute et de querelle ? »

Il répondit :

Celui qui reconnaît sa faute doit changer d’habitudes et de marnières. »

Un autre demanda :

Que faire pour qu’on ait le moins de peine dans la vie ? »

Buzurdjmihr répondit :

Si un homme de sens a un cœur patient, il arrivers au contentement ; il sera juste quand il donnera et quand il prendra et il fermera ainsi la porte de la perversité et de la perdition ; il pardonnera les fautes quand il est le maître et ne se laissera pas aller à la colère et à l’impatience. »

Un autre demanda :

Qui, dans une assemblée, est le plus maître de lui-même ? »

Il répondit :

Celui à qui la passion ne fait pas oublier la mansuétude et la bonté ; ensuite celui qui, mollement, s’abstient d’agir quand il voit que l’agrandissement amène le malheur. »

Un autre demanda :

Y a-t-il quelque chose de mieux pour les deux mondes que la générosité et la bonté ?

Qui est-ce qui produit des fruits dans les deux mondes et amène deux

Un. nouscumwm. printemps dans une année ? »

Buzurdjmihr répondit :

Celui qui, sans être sollicité, met le bonheur de son âme dans les dons et qui remercie encore celui qui accepte.

Distingue par là l’homme généreux du marchand. »

Un autre demanda :

Quel est le véritable ornement de l’homme et quelle est la plus belle des belles actions ? »

Il répondit :

Quand l’homme généreux fait du bien à quelqu’un qui le mérite, [il grandit comme un cyprès élancé et ne dépérit jamais dans le verger ; mais on aurait beau planter dans du musc un indigne, cette ronce sèche ne donnera ni parfum ni fleur. »

Un autre demanda :

Dans ce monde fugitif, le plus sage n’échappe pas aux douleurs et aux peines ; que faire pour acquérir un bon renom et conduire la vie à une fin heureuse ? »

Il répondit :

Va et tienstoi loin du péché, traite tout le monde comme toi-même et écarte également de toi et de ton ennemi tout ce que tu n’approuves pas. »

Un autre dit :

Qu’y a-t-il de mieux entre les deux, un travail modéré ou immodéré ? »

Il répondit :

Bien n’est selon la raison que ce qui est réfléchi.

Si tu veux que ta peine porte fruit, travaille à mesure qu’une affaire se présente. »

Un autre demanda :

Puisqu’il faut pleurer sur ceux qui sont à blâmer, qui est-ce qui est digne de louange ? »

Il répondit :

Celui qui espère le plus en Dieu et en même temps le craint le plus. »

Un pas BOIS. ’ autre dit :

Ô homme à l’intelligence brillante et dont la tête s’élève au-dessus du ciel, à qui ce ciel instable et sublime accorde-t-il meilleur sort ? »

L’homme éloquent répondit :

A celui qui n’a ni inquiétude ni besoins.

C’est à lui que la destinée accorde ses plus beaux dons, pourvu qu’il ne s’écarte pas de la justice. »

Un autre demanda :

Quelle est la sagesse par laquelle nous pouvons être heureux dans le monde ? »

Il répondit :

La sagesse de celui qui est patient, qui méprise l’homme sans pudeur, ensuite de celui dont le cerveau bout de colère et qui pourtant ferme les yeux malgré sa colère contre l’homme qui a commis une faute. »

Un autre dit :

Ô sage, qu’est cee que l’homme de sens approuve le plus ? »

Il répondit :

Celui qui cultive son intelligence ne regrette jamais ce qui lui échappe et si une chose qui lui est chère est foulée dans la poussière, il ne se laisse pas aller au regret, à la douleur et à la terreur ; ensuite il arrache de son cœur tout espoir de choses impossibles, comme le vent arrache les feuilles du saule. »

Un autre demanda :

Qu’est-ce qui est mauvais pourun roi et afflige le cœur de l’homme honnête ? »

Il répondit :

Le sage dit que le roi peut être en faut par quatre choses :

d’abord s’il a peur de l’ennemi dans le combat ; ensuite s’il est peu emprèssé à donner ; puis s’il néglige les avis des . sages au jour de.la bataille ; enfin s’il agit avec précipitation et ne se donne pas, au milieu des affaires, le temps de se reposer et de dormir. »

Un autre dit :

Qui est-ce qui est sans reproche et que doit-on blâmer dans un homme libre ? »

Il répondit :

Nous nommons homme juste celui chez qui la raison est garante des paroles ; mais quand un homme riche trompe et ment et recherche des honneurs par des moyens détournés et injustes, quand il sait refréner devant le roi son égoïsme et sa convoitise, mais blesse follement le cœur des hommes purs, c’est le signe d’un homme vaniteux, faisant ce qui mérite blâme et ayant la tête remplie du besoin de domination. »

Un autre dit :

Quelles sont les dispositions les plus profitables à un homme qui veut ne pas faire du mal ? »

Il répondit :

Celui qui dit toujours la vérité a toujours des intentions pleines de droiture ; il se sert de sa langue sans avoir à verser de larmes de honte ; au milieu des cris il parle d’une voix douce et le plus sage est se celui qui ne se permet jamais de s’écarter de la raison pour suivre ses passions. »

Un autre sage demanda :

Qui, dans le monde, peut, sans faire du mal, administrer ses affaires, jouir de la vie et en faire jouir les siens et ses alliés ? »

Il répondit :

Il faut d’abord qu’il recherche auprès de Dieu les moyens de réussir ; c’est lui qu’il faut prier, c’est lui qui est ton refuge, le maître du jour et de la

nuit, de la lune et du soleil ; il faut se soumettre en public et en secret aux ordres du roi du monde. avoir soin de son corps et le défendre fortement contre les fatigues et les passions, veiller sur sa famille et multiplier la provision pour les pauvres, remettre les enfants jeunes à des maîtres, car on ne doit pas livrer le monde aux ignorants et si les enfants sont obéissants, le père doit les traiter avec indulgence. »

Un autre demanda :

Quelle est la place qu’un fils honnête doit occuper auprès de son père ? »

Il répondit :

Un fils doit être cherà son père comme sa propre vie ; après sa mort, le fils doit maintenir la bonne renommée du père, c’est pour cela qu’il l’appelle son guide. »

Un autre demanda :

Quelles sont, selon ce que tu sais, les richesses qui rendent l’homme le plus heureux ? »

Il dit :

L’homme est considéré pour ses richesses ; celui qui n’en a pas est méprisé.

D’abord la chose qui t’inspire l’envie de l’avoir indique, par sa nature, si ton caractère est bon ; puis, si tu l’as obtenue, mais ne I’emploies pas ; une pierre et un joyau digne d’un roi sont de même valeur. »

Un autre dit :

Quel estle roi, maître du trône et grand de renommée : que tu juges être le meilleur ? »

Il répondit :

Celui qui assure la sécurité de l’honnête homme, dont la voie est la terreur des méchants, dont le trône donne la paix au monde. »

Un autre demanda :

Parquoi un homme est-il riche et qui, dans le monde, est pauvre et accablé de peine ? »

Il répondit :

Riche est qui est content des dons du Maître du ciel sublime et il n’y a aucun malheur plus grand, pour celui qui n’est pas compagnon de la fortune, que la convoitise. »

Les grands l’admirèrent et tous le comblèrent de bénédictions unanimes.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021