Kesra Nouschirwan

Lettre de Nouschirwan à ses employés

Cette page peut présenter des erreurs qui seront bientôt corrigées. Merci pour votre compréhension.
...

Il fit écrire une lettre en pehlewi et tu me sauras gré si je te la récite.

Il commença ainsi : De la part du Grand roi, roi des rois, Kesra, le serviteur de Dieu.

C’est le jour de Bahram du mois Khordad de mai) que Dieu lui a donné le trône et la couronne et que cette branche fertile de l’aro bre de Kobad a placé sur sa tête le diadème du pouvoir. l’adresse aux administrateurs des tributs et des impôts, aux serviteurs de l’ombre de ma majesté et de ma couronne, des salutations sans nombre et je les récompenserai si leur mérite égale . leur naissance.

Je commence mon discours par célébrer le Créateur du monde.

Sache que l’homme sensé et clairvoyant est celui qui adore le distributeur de la justice dans le monde, qui sait que Dieu n’a pas besoin de nous, que tous les secrets lui sont connus et qu’il commence à mettre au-dessus du besoin ceux auxquels il veut accorder de la grandeur.

Il m’a ordonné de rendre justice, mais c’est lui qui est le juge, qui est de toute éternité au-dessus de tout ce qui est sublime.

Devant Dieu il n’y a ni roi ni sujet, nous ne sommes tous que des esclaves ; depuis les profondeurs de la terre jusqu’au ciel sublime, depuis le soleil jusqu’à la poussière sombre et obscure, tout ne peut que se soumettre à lui ; la trace du pied de la fourmi té-moigne de ce que nous sommes des esclaves et de ce qu’il est le roi.

Il nous défend toute autre route que celle de la droiture ; c’est le Div qui amène la perversité et la ruine.

Si ma part dans ce monde immense n’avait été qu’un jardin, un champ et une maison, je n’aurais cherché que la justice et l’affection, des hommes et à mettre toute mon attention à mes affaires ; l3 !

Mais puisque Dieu le tout saint m’a donné pour royaume la surface de la terre, depuis l’occident jusqu’à l’orient, tout depuis le soleil brillantjusqu’à la terre sombre, je ne dois pas exercer autre chose que la justice et la tendresse, si irritantes que puissent être les affaires.

Quand le pâtre est négligent et la plaine étendue, les brebis ne seront pas sau-vées des gnfis du loup.

Il ne faut pas que le soleil luise du haut de la voûte céleste autrement qu’en justice et en tendresse sur mes sujets, qu’ils soient des Dihkans ou mes serviteurs, qu’ils soient sur la terre ferme ou dans des vaisseaux sur l’eau, à la clarté du jour ou à l’heure du sommeil, ou qu’ils soient des marchands ayant sur terre et sur l’eau de l’argent, de belles perles et du musc.

Telle a été la coutume dans notre race et notre famille ; le fils reçoit la couronne du père et la justice et la bonté ont régné sous eux dans le monde et non le moins en secret qu’en public.

J’ai établi pour toute la terre, pour les besoins du trône et de la cou-. renne, un impôt sur les arbres et une capitation et quand on vous aura apporté cette lettre, puisse Ormuzd vous être propice !

Je jure par Dieu, qui m’a donné le diadème et la majesté royale, que, si l’un de vous demande un seul dirhem de trop, s’il commet pendant un seul instant une injustice, je le ferai scier en deux et c’est ainsi que la ven- ’geanca du Créateur atteindra celui qui aura fait

Porter fruit à la semence du mal.

Tenez devant vos yeux cette règle et cette lettre et ne déviez pas de la loi et de la foi qui portent bonheur.

Demandez tous les quatre mois une partie de ces impôts selon la justice et de manière à vous faire bénir.

Dans les lieux dévastés par les sauterelles, là où le soleil frappe sur la terre nue, dans les endroits où la neige et les vents du ciel sublime ont abîmé les terres ensemencées, où les pluies de printemps ont manqué et où la sécheresse attriste la gaie campagne, vous ne demanderez pas d’impôts et là où les pluies de printemps n’ont pas arrosé la terre, vous repayerez du trésor aux cultivateurs la semence perdue et le salaire des laboureurs.

S’il y a des champs abandonnés, dont le maître est mort sans famille et sans alliés, à Dieu ne plaise que ce qui est abrité par l’ombre du roi de l’Iran ne reste inculte, pour que mes ennemis me fassent honte 1k la pauvreté de mon trésor et qu’ils s’emparent de ce prétexte pour me reprocher que le pays se dépeuple sous mon règne et que l’ombre de mes ailes ne le protégé pas.

Donnez de mon trésor tout’ce qu’il faudra, grâce à Dieu je n’en ai pas besoin.

Et si celui qui en est chargé néglige cette besogne difficile, je le ferai suspendre tout vivant au gibet, à l’endroit où il se trouvera, que ce soit un homme puissant ou un humble sujet.

Les hommes puissants qui autrefois étaient rois avaient en cela d’autres manières ; le bien et le mal étaient entre les mains des employés, le monde était foulé par les chevaux des cavaliers ; ils bravaient follement la raison et ne cessaient d’augmenter leurs trésors.

La justice est mon trésor ; le peuple est mon armée et l’or n’attire pas mes regards. l’aime mieux acquérir l’amour du monde par ma justice et récompenser le mérite des hommes bien nés, que combattre même les malveilrrlanls qui cherchent à s’emparer de mes provinces et de mon trône.

Un chef d’armée qui vendrait des hommes pour de l’or ne trouvera jamais accès à ma cour, où ne seront honorés que les hommes justes et miséricordieux qui suivent la loi et le vrai chemin.

Lorsque mes employés à l’esprit éveillé seront rassemblés dans le bureau du Grand Mobed et qu’un d’eux sera trouvé menteur, je cesserai de le distinguer.

Je n’aime pas ceux qui manquent de justice, car il n’y a pas de différence entre un léopard et un tyran ; mais quiconque cherche la voie de Dieu et purifie son âme sombre avec l’eau de la raison obtiendra du pouvoir à ma cour et sera honoré par mes Mobeds et Dieu lui donnera le gai paradis pour récompense de la semence qu’il a répandue.

Je n’ai point besoin de richesses qui vous font maudire et perdent les âmes.

Quand on vit de la chair des pauvres, on dévore sans doute encore leur peau et mieux vaut un léopard qu’un tu pareil roi, qui n’a pas de honte et n’observe pas les règles de la foi.

La porte de la droiture est ouverte devant nous, pourquoi frapper à celle de la perdition ?

Faire en secret le mal et rendre justice en public pour en avoir la réputation auprès de moi, ne trouve pas d’approbation devant Dieu et ne sera pas un titre d’honneur à cette cour.

Dieu et moi approuverons ceux dont le cœur a pour trame la justice et pour chaîne la tendresse. »

0 roi !

Si tu es juste, tu laisseras un souvenir dans le monde, car un roi qui a rendu la prospérité à la terre sera béni éternellement.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021