Newder

Meurtre d'Aghrirez par la main de son frère

...

Lorsque Aghrirez fut arrivé d’Amol à Reï, le roi eut nouvelle de ce qu’il avait fait et lui dit :

Qu’as-tu donc fait ?

Pourquoi mêles-tu ainsi le miel avec la coloquinte ?

Je t’avais ordonné de tuer ces méchants ; car ce n’est pas ici le lieu d’être prudent, ce n’est pas le temps de la modération.

La tête du guerrier n’a pas besoin d’atteindre à la sagesse, c’est dans les combats qu’il trouve sa gloire.

La tête du brave ne se gouverne pas selon la prudence, car jamais la prudence ne se joint au désir de la vengeance.

Aghrirez répondit à Afrasiab :

Il faut pourtant avoir un peu de pitié et quelques larmes ; toutes les fois que tu as le pouvoir de faire le mal, tremble devant Dieu et ne nuis à personne ; car la couronne et la ceinture royale auront beaucoup de maîtres comme toi, mais elles n’appartiennent à personne pour toujours.

Lorsque Afrasiab entendit ces paroles, il ne sut que répondre ; l’un d’eux était plein d’emportement, l’autre plein de raison ; mais la raison, comment s’accorderait-elle avec la tête d’un Div ?

Le Sipehbed entra en colère comme un éléphant furieux et au lieu de répondre, il saisit une épée et coupa en deux le corps de son frère.

Ainsi mourut cet homme bon de cœur et sage d’esprit.

Lorsque la nouvelle du sort de l’illustre Aghrirez fut arrivée jusqu’à Zal, fils de Sam le cavalier, il dit :

Maintenant son trône s’obscurcira et sa fortune périra.

Il fit sonner les trompettes d’airain et battre les timbales et rendit son armée brillante comme l’œil du coq.

Le Sipehbed se mit en marche vers le pays de Fars, il s’avança avec colère et le cœur plein de rancune ; son armée couvrait la terre d’une mer à l’autre, la face de la lune et du soleil était obscurcie par la poussière.

Afrasiab apprit la nouvelle de ce que Zal avait entrepris et mena une armée vers Khar-Reï ; il se prépara pour le combat et l’attendit de pied ferme.

Les avant-postes se battaient jour et nuit, tu aurais dit que le monde n’était que couleur de sang.

Maint guerrier fut tué des deux côtés, tous hommes renommés et pleins d’ardeur pour le combat.

Ainsi se passèrent deux semaines et les fantassins et les cavaliers étaient fatigués de la guerre.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021