Minoutchehr

Zal consulte les Mobeds au sujet de Roudabeh

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Aussitôt que le soleil brillant se fut levé au-dessus des montagnes, les braves de l’armée vinrent tous en foule, de grand matin, visiter le Pehlewan ; de là ils s’en allèrent chacun suivant son chemin.

Le prince envoya un messager avec l’ordre de chercher les grands doués de sagesse ; et lorsque le savant Destour, les Mobeds, les braves pleins de fierté et les hommes de naissance illustre furent arrivés auprès du Pehlewan pleins de joie, de prudence et d’intelligence, Destan fils de Sam commença à leur parler, le sourire sur les lèvres, le cœur plein de désirs.

Il rendit d’abord hommage au maître du monde et réveilla de son sommeil l’âme des Mobeds en disant :

Notre cœur doit être rempli de la crainte du Dieu de la sainteté et de la justice et plein d’espérance en lui.

Dieu est le maître du soleil et de la lune, qui tournent dans le ciel ; c’est lui qui guide l’esprit dans la vraie voie.

Il faut le célébrer autant qu’il est possible, il faut se tenir incliné devant lui nuit et jour.

C’est par lui que le monde subsiste et jouit du bonheur, il est le distributeur de la justice dans les deux mondes, c’est lui qui amène le printemps, l’été et l’automne et qui charge de fruits les treilles des vignes ; c’est lui qui accorde un temps au jeune homme plein de beauté et au vieillard à l’aspect grave.

Personne ne peut se soustraire à ses ordres et à sa volonté et le pied de la fourmi ne peut fouler la terre sans lui.

Or il a voulu que le monde ne puisse s’accroître que par couples, qu’un être seul ne puisse rien produire.

Aucun être n’est seul, si ce n’est Dieu le créateur, qui n’a besoin ni de compagnon, ni de compagne, ni d’ami.

Tout ce qu’il a créé est créé par couples ; c’est ainsi qu’il a tout fait sortir du secret du néant.

Reçois du ciel sublime cet enseignement ; l’univers entier est ainsi fait.

Le monde a été embelli par l’homme et toute chose précieuse n’acquiert sa valeur que par lui ; s’il n’y avait pas de couples dans le monde, toutes les facultés des êtres resteraient ignorées ; de plus, nous n’avons jamais vu, suivant la religion, qu’un jeune homme ait été sans épouse ; enfin quiconque est issu d’une race puissante resterait farouche s’il n’avait pas une compagne.

Qu’y a-t-il de plus beau qu’un héros dont le cœur est réjoui par des enfants ?

Et quand le temps de sa mort arrive, il renaît dans ses fils ; par eux son nom subsiste dans le monde et l’on dira : Voilà le fils de Zal, qui était fils de Sam ; il fera l’ornement du trône et de la couronne ; le nom du père a passé, mais la fortune est demeurée au fils.

Tout ceci est applicable à moi ; ce sont les roses et les narcisses de mon jardin.

Mon cœur est troublé, la raison m’a quitté ; dites ce qui peut guérir mon mal.

Je n’en ai parlé que lorsque ma passion est devenue grande et que mon cerveau et ma raison en ont souffert.

Tout le palais de Mihrab est le siège de mon amour et son pays est pour moi comme les sphères du ciel.

Mon cœur est épris de la fille de Sindokht.

Que dites-vous ?

Sam sera-t-il content ?

Que dites-vous ?

Le roi Minoutchehr en sera-t-il joyeux ?

Y verra-t-il une fantaisie de jeunesse ou un crime ?

Tous, grands et petits, quand ils cherchent une compagne, ne font que se tourner vers ce que la foi et la coutume exigent.

Aucun homme de sens ne niera que ce ne soit un devoir religieux et non une chose dont on doive rougir.

Qu’en dit maintenant le Mobed prévoyant ?

Qu’en disent les sages ?

Les Mobeds et les grands tenaient leurs lèvres fermées et la parole était enchaînée sur la langue des sages ; car Zohak était le grand-père de Mihrab et le cœur du roi était plein de colère contre eux.

Nul n’osa parler ouvertement, car on n’a jamais vu le miel mêlé au poison.

Zal n’entendant aucune réponse, se fâcha et s’y prit d’une autre manière :

Je sais, dit-il, que vous me blâmerez si vous examinez ce que j’ai fait ; mais quiconque veut faire sa volonté est destiné à encourir beaucoup de blâme.

Si vous voulez me guider dans cette affaire et aviser aux moyens de me délivrer de cette chaîne, je ferai pour vous dans le monde, quand il s’agira de bonté, de bienfaits, de justice, ce que jamais les grands n’ont fait pour les petits et jamais je ne vous accablerai de malheur.

Tous les Mobeds s’empressèrent de lui répondre, tous lui souhaitèrent le repos et l’accomplissement de ses vœux en disant :

Nous sommes tous tes esclaves et notre étonnement ne nous a point abattus.

Qui peut être abaissé ou relevé par une chose pareille ?

L’honneur du roi ne peut souffrir par une femme.

Mihrab, quoiqu’il ne soit pas ton égal en rang, est puissant et brave et n’est pas de petite importance ; et quoiqu’il soit un rejeton de la race du dragon, il n’en est pas moins roi des Arabes.

Il faut que tu envoies une lettre au Pehlewan telle que tu sais en écrire avec ton âme brillante.

Tu as plus de sens que nous et ton esprit et ton intelligence sont plus remplis de pensées.

Sam écrira peut-être alors une lettre au roi pour découvrir ses intentions et Minoutchehr ne s’écartera pas des avis de Sam le cavalier et ainsi cette chose si difficile deviendra facile.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021