Minoutchehr

Rustem écrit à Zal pour lui annoncer sa victoire

...

Rustem se mit à écrire une lettre à son père, pour lui rendre compte de tout ce qu’il avait entrepris et achevé.

Il commença par rendre des actions de grâces au maître du soleil, maître du serpent et de la fourmi, maître de l’étoile du matin, de Mars et du soleil, maître de la haute voûte du ciel ; puis il appela ses bénédictions sur Zal le Sipehdar, le héros du Zaboulistan, le Pehlewan sans pareil, le refuge des guerriers, le soutien des Iraniens, qui a rendu illustre l’étendard de Kaweh, sur Zal, qui a fait monter le roi sur le trône, qui a pris un trône pour lui-même et dont les ordres sont souverains comme le cours du soleil et de la lune.

Je suis arrivé auprès du mont Sipend, ainsi que tu me l’avais ordonné.

Que dis-je un mont ?

Il est pareil à la haute voûte du ciel.

J’ai mis pied a terre au bas de la montagne, où j’ai reçu aussitôt un message du châtelain, je m’y suis établi d’après ses ordres et tout s’est passé selon mes désirs.

Au milieu de la nuit, nous n’avons, moi et les guerriers de grand renom, accordé de long délai à personne dans la forteresse ; les uns ont été tués, les autres blessés, le reste s’est enfui après avoir jeté ses armes.

Maintenant nous avons cinq cent mille charges d’argent brut et d’or affiné, puis des étoffes, des tapis et toutes les choses qui sont dignes d’être offertes en présent, en si grand nombre que personne ne pourrait les compter, quand il compterait pendant beaucoup de mois et de jours.

À présent que m’ordonne le Pehlewan ? Que ses traces soient fortunées !

Que son âme soit sereine !

Le messager partit, rapide comme le vent et remit la lettre au Pehlewan.

Le prince la lut et s’écria :

Puisse la grâce de Dieu accompagner toujours le brave !

Zal fut tellement réjoui de cette bonne nouvelle, que tu aurais dit qu’il allait redevenir jeune.

Il fit une réponse à la lettre de son fils, dans laquelle il se répandit en longs discours.

Il commença par les louanges de Dieu, puis il continua :

J’ai lu cette lettre qui a ravi mon cœur et qui m’annonce ta fortune victorieuse et dans ma joie j’ai versé sur elle mon âme.

Un tel combat est digne de toi, ô mon fils, et encore enfant, tu as agi comme un homme.

Tu as comblé de joie les mânes de Neriman, tu as brûlé tous ses ennemis.

Je t’envoie mille fois mille chameaux, pour porter ton butin ; et aussitôt que tu auras lu ma lettre, tu monteras à cheval, car mon âme est remplie de tristesse quand je ne te vois pas.

Charge les chameaux de ce qui mérite d’être choisi, puis livre au feu vengeur la forteresse.

La lettre ayant été remise à Rustem, il la lut et en fut réjoui.

Il choisit tout ce qu’il y avait de plus précieux, en sceaux et en épées, en diadèmes et en ceintures, en perles et en joyaux dignes d’un roi et en brocarts de la Chine couverts de peintures et l’envoya au Pehlewan.

La caravane se mit en marche et Rustem mit le feu au château du mont Sipend, de sorte que la fumée monta jusqu’au ciel sublime ; il partit le cœur en joie et courut sur la route, rapide comme le vent.

Lorsque le Pehlewan du Nimrouz eut nouvelle que le guerrier qui illuminait le monde s’approchait, tout le peuple se mit en devoir d’aller à sa rencontre et décora toutes les villes et toutes les maisons.

Le bruit des trompettes s’éleva avec le son des cymbales, des clairons et des clochettes indiennes.

Rustem arriva plein d’impatience au palais de Zal, fils de Sam ; il se rendit auprès de Roudabeh et frappa la terre du front devant elle respectueusement.

La mère le baisa sur les deux bras et sur la poitrine et prononça des bénédictions sur son visage.

Zal pressa son fils dans ses bras et ordonna de verser de l’argent sur lui.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021