Lohrasp

Dogdo fait un songe effrayant 1

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Dogdo, mère de Zoroastre, étant grosse de cinq mois et vingt jours, eut un songe effrayant.

Elle crut voir une nuée noire, qui, comme l'aile d'un aigle, couvrait la lumière et ramenait les ténèbres les plus affreuses.

De cette nuée, il plut des animaux de toute espèce, des tigres, des lions, des loups, des rhinocéros, des serpents, qui, armés de dents aigües, tombèrent tous dans la maison de Dogdo.

Une de ces bêtes, plus cruelle et plus forte que les autres se jeta sur elle, poussant des rugissements de fureur, lui déchira le ventre, en tira Zoroastre et le serra de ses griffes, pour lui ôter la vie.

À la vue de ce monstre, les hommes jetèrent des cris horribles.

Dogdo toute tremblante s’écria :

Qui me délivrera du mal qui m'accable ?

Zoroastre lui dit :

Cessez de craindre, ces bêtes ne pourront rien contre moi.

Le Seigneur veille à ma défense : apprenez à le connaitre, ma mère.

Quoique ces monstres soient en grand nombre, seul je résisterai à leur fureur.

Ces paroles remirent le calme dans l'âme de Dogdo.

Elle vit s'élever sous le Ciel une haute montagne, dans le lieu où étaient ces bêtes.

La lumière du Soleil dissipa ce nuage ténébreux ; le vent d'Automne souffla ; et ces bêtes féroces tombèrent comme les feuilles.

Le jour étant un peu avancé, il parut un jeune homme beau comme la Lune dans son quatorze, éclatant comme Djemschid, qui tenait dans une main une corne lumineuse avec laquelle il devait arracher la racine des Dews et dans l’autre un livre.

Il lança son livre sur ces bêtes, qui disparurent aussitôt de la maison de Dogdo, comme si elles avaient été anéanties.

Les trois plus fortes restèrent, le loup, le lion et le tigre déchirant.

Le jeune homme s’approcha d’elles, les frappa de sa corne lumineuse et les anéantit.

Il prit ensuite Zoroastre, le remit dans le ventre de sa mère, souffla sur elle et elle redevint grosse.

Il dit ensuite à Dogdo :

Ne craignez rien.

Le Roi du Ciel protège cet enfant : le Monde est plein de son attente.

C’est le Prophète que Dieu envoie à son peuple.

Sa Loi mettra le Monde dans la joie : il fera boire dans le même lieu le lion et l'agneau.

Ne redoutez pas ces bêtes féroces : celui que Dieu secourt, quand le Monde entier se déclarerait son ennemi, pourquoi craindrait-il ?

À ces mots le jeune homme disparut et Dogdo se réveilla.


  1. cet épisode est tiré de la Vie de Zoroastre, traduit, de l'orignal Zend du Zend-Avesta, par Anquetil du Perron en 1760.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021