Keï Khosrou

Piran suit les Iraniens jusqu'au mont Hemawen

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Lorsque le soleil fatigué de son voile noir l’eut déchiré et se fut montré, le Sipehbed arriva devant le mont Hemawen et le monde disparut sous la poussière que soulevaient ses troupes.

Il dit à Houman :

Ne quitte pas le champ de bataille et ne laisse pas s’avancer l’armée.

Je vais demander au chef des Iraniens pourquoi il a planté là le drapeau de Kaweh ;

Qui lui a conseillé de se porter sur le Hemawen et ce qu’il espère de ce séjour.

Il s’approcha des Iraniens la tête remplie d’ardeur pour le combat, le cœur plein de mauvaises intentions et dit à haute voix :

Ô illustre Thous, maître des éléphants, de la massue et des timbales ;

Il y a maintenant cinq mois que tu es venu chercher les fatigues de la guerre et déjà les plus braves de la famille de Gouderz gisent sans tête sur ce champ de bataille.

Tu t’es réfugié dans les rochers comme un argali, le cœur plein de dépit, la tête remplie du désir de la vengeance.

Tu as fui et ton armée t’a suivi ;

Mais tu n’échapperas pas au lacet.

L’orgueilleux Thous lui répondit :

Je ris de tes mensonges.

C’est toi qui as fait naître dans le monde la haine entre les rois à cause de Siawusch.

Tu n’as pas honte de prononcer de vaines paroles ;

Mais je ne me laisserai pas prendre dans ton lacet en cédant à tes discours passionnés.

Puisse-t-il n’y avoir jamais au milieu des grands à l’esprit lucide un Pehlewan comme toi, qui as perdu Siawusch par tes faux serments, qui as causé la perte des peuples en laissant verser son sang.

C’est pour toi qu’il était resté dans le Touran et maintenant le monde est livré à la discorde à cause de lui.

Hélas !

Ce prince, cet homme si noble, dont l’aspect remplissait les cœurs de joie !

Ton appareil de guerre, tes ruses et tes mensonges n’éblouissent pas un homme de sens.

Nous manquions de fourrage sur ce champ de bataille, c’est pourquoi j’ai mené mon armée dans le mont Hemawen.

Maintenant le roi du monde est averti et il arrivera auprès de nous sans délai.

Les grands de son armée, tels que le Destan et Rustem au corps d’éléphant, sont rassemblés ;

Et quand le roi se sera mis sérieusement en mouvement, il ne restera dans le Touran ni terre ni herbe.

Mais puisque tu es ici, tu verras comment combattent des hommes, car aujourd’hui il ne s’agit ni de stratagèmes ni d’embûches.

Lorsque Piran eut écouté ces paroles, il envoya partout des troupes et occupa les routes qui conduisaient à la montagne ;

De tous côtés s’avancèrent les corps des Touraniens et ils investirent la montagne tout autour.

Piran ayant ainsi empêché les Iraniens d’aller au fourrage, se disposa à les attaquer et dit à Houman :

Il faut nous emparer du pied de la montagne ;

Je vais livrer une bataille qui mettra les Iraniens hors d’état de jamais se ceindre de nouveau pour la vengeance.

Houman lui répondit :

Le vent est contre nous et jamais personne n’a pensé à combattre ayant le vent en face.

Puisque nous empêchons leur armée d’aller au fourrage, aucun d’eux ne voudra rester parmi ces roches.

lls désobéiront à leur chef, les yeux des braves se troubleront.

Ils viendront un à un implorer notre protection et désormais ils ne nous combattront plus.

C’est à nous maintenant de leur accorder leur grâce et non pas à eux de lutter contre nous et de se mettre en ordre de bataille.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021