Keï Khosrou

Piran envoie un message aux iraniens

...

Thous envoya de là auprès de Piran un messager rapide comme le vent et monté sur un dromadaire et lui fit dire :

J’ai redressé ma tête pour le combat ;

Je suis arrivé en armes aux rives du Schahd.

Ce message rendit Piran soucieux, car il vit qu’il fallait sans délai se préparer à marcher.

Il partit avec ses guerriers renommés, avec ses cavaliers braves et choisis, en disant :

Que peut vouloir l’armée de l’Iran ?

Combien de héros compte-t-elle ?

Et qui accompagne Thous ?

Il rangea son armée sur la rive orientale du fleuve et fit saluer Thous, qui de son côté amena ses troupes, l’étendard impérial, les éléphants et les timbales.

Piran envoya auprès de lui un Turc aux paroles douces et lui fit dire :

Que de bien n’ai-je pas fait en toute occasion à Ferenguis et au prince !

J’ai poussé des cris de douleur à la mort de Siawusch, j’en ai été consumé comme d’un feu ardent ;

Mais l’arbre qui portait la thériaque ne porte plus que du poison et il ne m’en revient pour ma part que des peines.

Cette démarche renouvela les douleurs de Thous et ses traits en montrèrent des traces ;

Il dit au messager :

Retourne auprès du fortuné Piran et dis-lui :

Si tu dis vrai, notre querelle est finie ;

Affranchis-toi du joug que tu portes, quitte ceux qui t’entourent, ferme la porte du combat et la voie du mal, viens sans armée auprès du roi de l’Iran, qui te récompensera par des bienfaits, qui te donnera un commandement dans l’Iran et un diadème royal.

Quand il saura le bien que tu as fait, son cœur sera affligé des angoisses que tu as éprouvées.

Gouderz, Guiv et tous les chefs de l’armée, les héros et les grands, accablés de douleur, confirmèrent ces assurances.

Le messager écouta la réponse, partit comme le vent, arriva auprès de Piran fils de Wiseh et lui répéta ce que lui avaient dit Thous et l’illustre Gouderz.

Piran répondit :

Je célébrerai jour et nuit les louanges du Sipehbed ;

Je partirai et ferai passer dans l’Iran mes alliés, tous ceux qui auront assez de sens pour m’écouter, tous mes parents et tous mes biens ;

Car ma tête vaut mieux qu’un trône et une couronne.

Mais ces paroles étaient loin de sa pensée ; il ne cherchait qu’un moyen de ramener la fortune.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021