Keï Khosrou

Les Iraniens appellent Zal et Rustem

Cette page peut présenter des erreurs qui seront bientôt corrigées. Merci pour votre compréhension.
...

Une semaine s’étant passée sans que le roi se fût montré, on entendit des murmures et des paroles confuses.

Tous les Pehlewans, les grands, les hommes sages et de bon conseil, comme Gouderz et Thous fils de Newder, s’assemblèrent et parlè- rent longuement de ce qui est juste et injuste, de ce qu’avaient fait les puissants rois, tant ceux qui adoraient Dieu que ceux qui étaient méchants.

Les grands et les sages ayant ainsi rappelé les actions des rois, le père de Guiv dit à son fils :

Ô toi que la fortune favorise, toi qui as toujours révéré le trône et la couronne, toi qui asisupporté tant de

fatigues pour l’Iran, qui as quitté si longtemps ton pays et ta famille, voici une affaire ténébreuse et que nous ne devons pas négliger.

Il faut que tu ailles dans le Zaboulistan auprès du Sipehdar de Kaboul et que tu portes à Zal et à Rustem ce message :

Le roi se détourne de Dieu et s’égare.

Il a fermé sa porte aux grands et nous craignons qu’il ne s’associe au Div.

Nous lui avons exposé nos regrets et nos prières, nous l’avons imploré d’agir envers nous selon la justice.

Il nous a écoutés longuement et n’a pas répondu ; nous voyons que son âme est troublée et son cœur rempli de vent ; nous craignons qu’il ne se pervertisse comme le roi Kaous et que le Div ne le détourne du chemin droit.

Vous êtes des Pehlewans, les plus sages des hommes et les plus puissants pour agir en toute chose.

Maintenant rassemblez de Kanoudj et de Dambar, de Margh et de Maï tous les hommes de bon conseil et les astrologues de Kaboul et les sages du Zaboulistan et amenez -les avec vous dans l’Iran ; car ce royaume est plein de rumeurs depuis que Khosrou nous refuse accès et conseil ; nous nous sommes consultés de tente manière et nous n’espérons une solution que du Destan. »

Guiv, ayant écouté les paroles de Gouderz, choi-ï sit dans l’armée des hOmmes vaillants, et, poussé par ses soucis, se hâta de se mettre en route pour le Seistan.

Lorsqu’il fut arrivé auprès du Destau et de . Rustem, il leur raconta les choses étranges qu’il avait vues et entendues.

Zal devint soucieux et répondit à l’illustre Guiv :

C’est un grand malheur qui nous arrive. »

Ensuite, il dit à Rustem :

Appelle du Zaboulistan les sages, les astrologues et les Mobeds et fais-les venir à Kaboul, pour qu’ils nous accompagnent. »

Tous ces hommes se réunirent auprès du Destau et ils se mirent en route ensemble pour l’Iran.

Khosrou cependant s’était tenu toute une semaine debout devant Dieu et le huitième jour, lorsque le soleil qui éclaire le monde se leva, il monta sur son trône d’or et le grand chambellan ouvrit le rideau de la porte de la salle d’audience.

Tous les Pehlewans et les Mobeds se présentèrent devant le roi de la terre et le maître du monde, lorsqu’il les vit, les re- çut gracieusement et leur assigna leurs places selon la coutume des Keïanides.

Les grands pleins de sagesse et de bons conseils se tinrent longtemps debout devant lui ; personne parmi ces serviteurs illustres du roi ne s’assit, tous gardèrent leurs mains croisées.

À la fin ils ouvrirent les lèvres et dirent :

Ô roi des Mobeds, qui portes haut la tête, toi le juste à l’âme sereine, le pouvoir et la majesté de la j royauté sont à toi ; tout, depuis le soleil jusqu’au des du poisson qui supporte la terre, est à toi.

Ton esprit clair connaît tout ce qui existe ; adresse-nous des paroles de sagesse ; nous tous sommes tes esclaves, debout devant toi, les Pehlewans. tes sages

conseillers.

Qu’il plaise au roi de nous dire quelle faute nous avons laite et pourquoi il nous exclut de sa présence.

Depuis longtemps nos cœurs sont pleins de tourments et d’amiction.

Que le roi découvre son secret à nous, les gardiens de ses frontières, à nous, qui ne savons plus quelle voie suivre ; et si c’est la mer qui l’importune, nous la desséche-- rons, nous la couvrirons d’une couche de poussière de musc ; si c’est une montagne, nous l’arracherons de ses fondements, nous percerons de nos poignards le cœur des ennemis du roi.

Si des trésors peuvent guérir son mal, il n’aura plus jamais à s’affliger du manque de richesses, car nous tous sommes tes trésoriers ; nous sommes tous remplis de tristesse, nous tous pleurons sur tes peines. »

Le maître du monde répondit :

Je ne suis jamais sans avoir besoin de’mes Pehlewans, mon cœur n’est affligé ni par la diminution des forces de ma main, ni par la crainte des hommes, ni par le manque de trésors ; aucun ennemi n’a paru dans mes provinces et je n’ai à avouer aucune crainte de ce genre.

Mais mon cœur a conçu un désir qui ne cessera plus dans mon âme.

Pendant la nuit sombre, jusqu’à ce que le jour brillant paraisse, je m’occupe de l’espoir d’accomplir ce désir, et, le temps venu, je vous dirai mon secret, je dévoilerai les cris mystérieux de mon âme.

Retournez chez vous, heureux de vos victoires et ne donnez pas accès dans vos cœurs à de mauvaises pensées. »

Tous les Pehlewans, ces hommes nobles, lui rendirent leurs hommages, la tristesse dans l’âme.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021