Keï Khosrou

Keï Khosrou se rend à Siawuschguird

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Au moment où se réveille le coq, on entendit le son des timbales s’élever du palais et une armée us empressée et avide de partir se mit en route vers le désert.

Tous les grands de tous les districts accoururent et de chaque lieu où se trouvait un prince on apportait sur la route des vivres pour le roi et son armée et partout où passaient les troupes, les vallées et les plaines ressemblaient à un marché.

Personne n’eut envie de lever la main contre les Iraniens, ni dans les montagnes, ni dans le désert, ni pendant qu’ils cheminaient, ni pendant qu’il se reposaient.

Les grands se trouvaient sur la route, attendant Khosrou avec des présents et des offrandes d’argent et à son tour il leur distribua des robes d’honneur tirées de son trésor et ne permit pas qu’ils se fatiguassent à l’accompagner.

Guiv alla à sa rencontre avec son armée et avec tous ceux qui avaient du pouvoir dans ce pays et lorsqu’il aperçut la tête majestueuse du roi, il mit pied à terre et l’adora.

Le maître du monde les re- çut gracieusement et leur prépara des demeures avec la magnificence d’un Keïanide.

Quand Khosrou fut arrivé auprès des vaisseaux, il descendit sur la plage et inpeeta les voiles ; il resta deux semaines sur le bord de la mer et parla sans cesse avec Guiv, à qui il dit :

Quiconque n’a pas vu Gangue ne doit par rien au monde se laisser empêcher d’y aller. »

Ensuite, il fit faire tous les préparatifs de départ et lorsque les barques furent mises à l’eau, il ordonna à tous ceux qui se connaissaient en navigation et qui

6 montraient du courage sur la mer profonde, de dé»

Ployer les voiles et de s’avancer sur les eaux sans fond.

Les vents qui soufflaient étaient si vifs que cette mer, pour le passage de laquelle il fallait ordinairement un au, fut traversée en sept mois par le roi et l’armée, sans qu’une manche eût été mouillée par l’effet d’un vent contraire.

Le roi fit débarquer l’armée et attacher les navires ; il regarda la plaine, s’avança et frotta ses joues contre la terre, en faisant sa prière à Dieu le très-saint.

Il distribua en abondance des vivres et des habits aux matelots et à ceux qui avaient été au gouvernail ; il fit tirer de son trésor de l’argent et des présents pour tous ceux qui avaient supporté des fatigues.

Ensuite, il quitta le bord de l’eau et s’avança dans le désert et les hommes le regardèrent avec admiration.

Aschkesch eut de ses nouvelles et s’avança avec une armée toute équipée à sa rencontre ; il descendit de cheval, baisa la terre et rendit hommage à Khosrou.

On orna tout le désert et tout le Mekran, on fit venir de tous côtés des musiciens ; partout sur les routes et dans les endroits éloignés on entendait le son des instruments ; l’air semblait la chaîne et les cordes des instruments formaient la trame ; on suspendit des pièces de brocart aux murs, on versa de l’argent et du sucre sous les pieds du cheval du roi.

Tous les princes du pays de Mekran, tous les hommes illustres, tous les héros arrivèrent avec des présents et avec des offrandes M7 d’argent auprès du roi victorieux et Aschkesch apporta tout ce que ce pays produit de plus précieux.

Le roi approuva tout ce qu’il vit de la manière dont Aschkesch avait gouverné ce pays et il choisit un des grands, le nomma prince du Mekran, lui fit beaucoup de présents et le salua comme roi du page.

Lorsqu’il arriva du Mekran aux frontières de la Chine, lui et les grands de l’armée d’Iran, Rustem fils de Zal, fils de Sam, vint à sa rencontre avec son armée, qui était heureuse et réjouie de revoir le roi.

Quand Keï Khosrou parut dans le lointain, le héros, qui aperçut son parasol, mit pied à terre de loin et l’adora ; le roi plein de fierté le serra dans ses bras et lui raconta les merveilles qu’il avait vues sur mer et comment Afrasiab le magicien avait disparu.

Il devint l’hôte de Rustem dans la Chine ; mais après une semaine il quitta la Chine et le Madschiu et arriva à Siawuschguird le vingt-cinquième jour du mois de Sefendarmuz.

Étant entré dans cette ville de son père, les joues inondées de larmes et le cœur brisé, il se rendit à l’endroit où Guersiwez, le méchant et Gueroui, le maudit, le meurtrier, avaient tranché la tête au roi d’Iran comme à un être vil ; il prit de cette terre noire et la répandit sur sa tête ; il se déchira les joues et la poitrine et Rustem frotta son visage sur cette terre et noircit la face de Gueroui par ses malédictions.

Keï Khosrou dit :

Ô roi !

Tu n m’as laissé dans le monde comme un souvenir et je

MS ne laisserai rien debout dans ma vengeance ; ma douleur durera tant que le monde existera ; j’ai détruit le trône d’Afrasiab et dorénavant je ne jouirai ni du repos ni du sommeil tant que j’aurai l’espoir de le saisir de ma main et de rendre le monde sombre et étroit devant lui. »

Ensuite, il se dirigea vers le trésor de son père, que sa mère lui avait indiqué ; il ouvrit la porte du trésor et distribua la solde à ses troupes.

Il resta deux semaines dans cette ville, donna à Rustem deux cents tonnes d’or et fit à Guiv de grands présents.

Lorsque Gustehem fils de Newder fut informé que le roi avait pris la route de la ville de son père, il se mit en marche pour le rejoindre, avec une armée nombreuse de grands et de héros iraniens et quand il reconnut de loin la tête et la couronne du roi, il descendit de cheval et parCourut à pied une grande distance.

Toute l’armée d’une seule voix rendit hommage au roi de la terre, au distributeur de la justice et le roi ordonna à Gustehem de remonter à cheval et partit avec lui, heureux et tenant dans sa main la main du fils de Newder.

Ils se rendirent à Gangui Behischt et le roi honora grandement son armée, à laquelle il se fiait comme à un arbre fruitier, qui chaque saison produit de nouveaux fruits.

Personne ne cessa de se livrer aux banquets et à la chasse, ni le roi ni un seul de ses cavaliers.

Il fut si bon pour tout ce qu’il me y avait de vaillants parmi les Turcs, qu’il ne leur restait rien à désirer ; pendant la clarté du jour et pendant le temps du sommeil il ne cessa de leur demander des nouvelles d’Afrasiab ; mais personne parmi eux ne put lui en indiquer une trace et il n’était plus question de lui dans le monde.

Un soir le maître du monde se lava la tête et le corps, s’en alla au loin avec le livre du Zendavesla et se tint pendant toute la nuit devant le Créateur en pleurant et le front prosterné par terre.

Il dit :

Ton faible serviteur. »

L’âme éternellement remplie de douleur.

Il ne voit pas de traces d’Afrasiab, ni dans les montagnes. ni dans le sahle,ni dans le désert, ni dans l’eau.

Cet homme ne marche pas dans tes voies, ô Distributeur de la justice !

Et ne respecte personne dans le monde ; tu sais qu’il est loin de la justice et de la bonne voie et qu’il a versé beaucoup de sang innocent.

Est-ce que Dieu, l’unique, le juste, ne sera pas mon guide pour découvrir ce méchant ; car, bien que je sois un serviteur indigne, au moins j’adore Dieu le créateur ?

Le nom et la voix d’A- frasiab ont disparu du monde, son séjour est, un secret pour moi ; mais pour toi il n’y a pas de secret.

Si tu es satisfait de lui, ô Dieu de la justice, alors détourne de ma tête l’envie de le combattre, éteins dans mon cœur ce feu de la vengeance et fais que ta volonté devienne la mienne. »

Le jeune et lier prince, sur lequel veillait la fortune, quitta le lieu de ses prières et monta sur son trône.

Il resta pendant un an à Gangui Behischt et se reposa des émotions et des travaux de la guerre.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021