Keï Khosrou

Keï Khosrou fait mauvais accueil à Thous

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Feribourz, Thous, Guiv le vainqueur des armées et leurs troupes revinrent du Touran et prirent la route de l’Iran, tous accablés de tristesse et le visage inondé de larmes.

Lorsqu’ils atteignirent le chemin qui conduit à Djerem, lorsqu’ils virent au-dessus d’eux Kelat et au-dessous les eaux du Meyem, tous se rappelèrent le combat de Firoud et furent saisis de remords, de douleur et d’inquiétudes.

Leurs cœurs se remplirent de soucis et de la crainte du roi ;

Leurs yeux furent pleins de larmes, leurs âmes pleines du sentiment de leur faute.

C’est ainsi qu’ils revinrent, auprès du roi, honteux, l’âme blessée et se repentant de leur crime, car ils avaient tué son frère innocent et livré à l’ennemi le sceau et le diadème ;

Ils arrivèrent devant lui le cœur déchiré, les mains croisées, humbles comme des esclaves et Khosrou jeta sur eux un regard de colère, car son âme était triste et ses deux yeux inondés de sang.

Il adressa à Dieu ces paroles :

Ô dispensateur de la justice, tu m’as donné le trône, le bonheur et la bravoure et maintenant je parais devant toi couvert de honte.

Mais tu connais mieux que moi le temps et la raison des événements ;

Sans cela j’aurais fait élever mille gibets dans ce pays d’hommes sans valeur et j’y aurais suspendu Thous et tous ceux qui ont combattu avec lui.

J’étais impatient de venger mon père ;

Mon cœur était déjà plein de douleur, de peine et d’émotion et maintenant j’ai à venger une nouvelle mort, celle de Firoud.

Je devrais faire tomber la tête de Thous fils de Newder, à qui j’avais ordonné ne pas s’approcher de Kelat et de Djerem, quand même on verserait sur sa tête des pièces d’argent, parce que Firoud y demeurait avec sa mère, que c’était un Keïanide, un homme vaillant, qui ne connaissait pas le vil Thous, qui ne saurait pourquoi on envoyait une si grande armée et qui sans doute descendrait de sa montagne pour livrer bataille et mettrait à mort un grand nombre de braves.

Mais Thous le lâche, l’insensé, s’est élancé et son armée a pris la route de la forteresse de Firoud ;

Alors le Créateur du ciel l’a abandonné lui et son armée et Thous a porté malheur à la famille de Gouderz.

Qu’il soit maudit, lui, ses éléphants et ses timbales !

Je lui avais donné de riches présents et de bons conseils et c’est pour combattre mon frère qu’il est parti.

Puisse-t-il n’y avoir jamais de prince qui ressemble au fils de Newder !

Que jamais Pehlewan semblable à lui ne commande une armée !

Hélas !

Firoud fils de Siawusch, hélas !

Il était fort et brave ;

Il maniait la massue et l’épée ;

Il a été tué, comme son père, sans avoir commis de faute et par la main du chef de mon armée.

Je ne connais dans le monde rien de plus vil que Thous ;

Il est digne du gibet et des chaînes ;

Il n’a ni cervelle dans la tête ni veines dans le corps.

Qu’est devant moi l’ignoble Thous de plus qu’un chien ?

Le roi se désolait de la perte de son frère et de la mort de son père qu’il avait à venger ;

Il était blessé au cœur ;

Il maltraita son armée et la renvoya et le sang coula de ses cils sur ses joues.

Il défendit l’entrée de sa cour et son âme se déchirait au souvenir de son frère.

Les grands de l’Iran partirent désespérés ; les braves se rendirent à la cour de Rustem, en lui disant pour s’excuser :

C’est l’œuvre de Dieu.

Qui de nous voulait combattre Firoud ?

Lorsque tomba le fils de Thous et ensuite son gendre Rivniz, la douleur troubla la tête des héros ;

Jamais on n’a vu pareille infortune.

Qui de nous connaissait le nom et les signes qui distinguaient Firoud, dont la mort devait déchirer le cœur du roi ?

Intercède pour nous ;

Le roi est jeune et il renoncera peut-être à se venger.

Rivniz, qui a péri si misérablement, n’était-il donc pas le fils puîné de Kaous ?

N’était-il pas un brave et le favori du père de Khosrou au visage brillant comme la lune ?

Telle est la fin et le sort des combats ; l’un y trouve une couronne et l’autre une tombe étroites ;

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021