Keï Khosrou

Fuite d'Afrasiab

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Lorsque la moitié de la nuit sombre fut écoulée et que la moitié du ciel eut passé au-dessus des mon-- tagnes, Afrasiab fit charger les bagages, distribua à toute l’armée des casques et des cuirasses et ordonna une ronde de dix mille cavaliers turcs montés sur des chevaux caparaçonnés.

Ensuite, il dit à son armée :

Je vais repasser le Djihoun et il faut que vous passiez à ma suite, en bon ordre, un corps après l’autre.

Dans la nuit sombre Afrasiab quitta avec son armée le désert d’Amouï et passa le fleuve et la surface du pays, dans toutes les directions, restait couverte de tentes grandes et petites, abandonnées par les troupes.

Lorsque les premières lueurs du jour vibrèrent du côté du Levant, les vedettes iraniennes ne virent plus d’ennemi sur la plaine et allèrent annoncer au roi qu’il était dispensé de la bataille, que toute la plaine était couverte de tentes et de leurs enceintes, mais qu’on n’y voyait pas un seul cavalier ennemi.

À cette nouvelle, Khosrou se hâta de se prosterner dans la poussière pour adorer le saint Maître de la justice, disant :

Ô créateur resplendissant de lumière, maître du monde, toi qui veilles survtous et nourris tous ; tu m’as donné la dignité royale, le diadème et le pouvoir, tu as aveuglé le cœur et les yeux de mon ennemi.

Fais disparaître de la terre l’oppres-(i. seur, rends-le misérable par des terreurs incessantes. »

Lorsque le soleil éleva son bouclier d’or et que la nuit se couvrit de sa chevelure de turquoises, le maître du monde s’assit sur son trône d’ivoire et posa sur sa tête la couronne qui réjouissait les cœurs.

Son armée vint l’adorer, souhaitant que ce roi digne du trône vécût éternellement ; elle était rassasrée des trésors que l’armée du roi de la Chine avait laissés.

Chacun se dit qu’il était fâcheux qu’A-l’rasiab eût réussi à s’échapper avec son armée, avec ses clairons et ses timbales et que ce prince illustre se lût dérobé ainsi sain et sauf, dans la nuit sombre, aux mains des Persans.

Le prudent roi leur dit :

Ô grands de l’armée d’Iran, quand l’ennemi du roi est tué, c’est bien ; quand il s’enfuit de la bataille et s’en va errant,c’est mieux.

Puisque le distributeur des victoires nous a donné la gloire, la puissance, le diadème et la dignité impériale, faites monter vers lui vos actions de grâces et quand tiendra la nuit du malheur, adorez-le également, car il rend malheureux qui il veut et fait monter sur le trône, quand il lui plaît, un homme sans valeur.

Vos efforts et vos interrogations des astres n’y peuvent rien, car ses esclaves ne peuvent résister à sa volonté.

Je resterai cinq jours sur ce champ de bataille ; le sixième est le jour de Hormuzd qui éclaire le monde, le septième nous partirons, car (il Afrasiab ne fait qu’augmenter notre désir de vengeance et nous voulons le combat. »

Pendant ces cinq jours ils cherchèrent sur le. champ de bataille tous les morts de l’armée iranienne et les lavèrent et le roi construisit un mausolée digne de ces morts.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021