Keï Khosrou

Feribourz propose à Piran un armistice

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Feribourz posa sur sa tête la couronne, car il était Pehlewan de l’armée et fils de roi.

Il ordonna à Rehham de se charger d’une mission qui ferait briller son nom et sa bravoure, de se rendre de la montagne auprès de Piran, de lui parler longuement et d’écouter ses réponses.

Il lui dit :

Va voir Piran, porte-lui un message amical, dis-lui que le ciel qui tourne a toujours traité les hommes tantôt avec rigueur, tantôt avec tendresse ; qu’il élève l’un jusqu’au sublime firmament et qu’il accable l’autre de malheurs, d’humiliations et de pertes.

Il faut se plaire au mal pour livrer des combats nocturnes ;

Un brave n’a pas recours à des surprises de nuit et les héros qui manient les pesantes massues n’en préparent pas.

Si tu désires un armistice, nous sommes prêts à l’accepter ;

Si tu veux combattre, nous combattrons.

Mais si tu consens à un armistice, il faudrait qu’il fût d’un mois, pour que les blessés pussent recouvrer leurs forces.

Rehham quitta Feribourz, chargé de ce message et d’une lettre ;

Il rencontra sur sa route une ronde dont le chef le vit et lui demanda son nom et d’où il venait.

Il répondit :

Je suis Rehham le héros ;

Je suis un homme de sens, prudent et grave ;

Donne-moi les moyens d’arriver au camp de Piran, pour remplir une mission de Feribourz fils de Kaous.

Un cavalier se détacha de la ronde, courut au camp rapidement comme une nuée de poussière et annonça que Rehham fils de Gouderz arrivait au camp ennemi pour voir le Pehlewan de l’armée.

Piran ordonna qu’on le lui amenât en le traitant amicalement et avec douceur.

Rehham aux paroles éloquentes parut devant Piran, tout préoccupé des desseins secrets de son ennemi ; mais Piran, aussitôt qu’il le vit, s’avança gracieusement, lui adressa les questions d’usage et le fit asseoir sur le trône.

Rehham lui exposa le motif secret de son arrivée et s’acquitta du message de Feribourz.

Piran lui répondit :

C’est une chose que je ne puis regarder comme peu importante.

C’est vous qui avez commencé cette guerre et Thous a agi envers nous sans réflexion et précipitamment ;

Il a franchi la frontière comme un loup féroce et a massacré sans ménagement les faibles et les forts.

Combien d’hommes n’a-t-il pas tués, combien n’en a-t-il pas emmenés en captivité, sans s’inquiéter du bonheur ou du malheur de ce pays !

Aujourd’hui vous êtes punis de ces méfaits, quoique vous nous ayez attaqués à l’improviste.

Maintenant si tu es le Pehlewan de cette armée, demande-moi ce que je puis t’accorder dans ma position.

Si tu veux un armistice d’un mois, pas un cavalier ne vous attaquera ;

Si tu préfères le combat, je le désire aussi ; ordonne alors ton armée et rangela en bataille.

Si, comme vous le demandez, vous voulez laisser écouler un mois sans combat, profitez de ce délai pour quitter avec votre armée le pays de Touran, pour lui faire repasser vos frontières et vous verrez ainsi accomplir votre sage désir ;

Sinon nous recommencerons la lutte et je ne vous ferai pas attendre.

Il prépara ensuite pour Rehham un présent digne de son grand renom et le vaillant Rehham rapporta à Feribourz une lettre semblable à celle dont il avait été porteur.

Feribourz ayant ainsi obtenu un armistice d’un mois, porta la main, comme un lion rapace, sur tout ce qui lui manquait ;

Il fit ouvrir les couvercles et les fermetures des caisses d’argent, apporter de tous côtés des lances, des arcs et des lacets, réparer les pertes de l’armée et demander partout des renforts.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021