Keï Khosrou

Afrasiab est pris par Houm, de la famille de Feridoun

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Pendant ce temps Afrasiab errait partout sans trouver de nourriture et de repos.

Son esprit était inquiet, son corps s’usait ; il craignait toujours un danger.

Alors, il voulut choisir dans le monde un lieu où son âme pût jouir de tranquillité et son carps de santé ; or il y a près de Berda une caverne sur le haut d’une montagne rocheuse qui touche les nues et Afrasiab, ne voyant ni au-dessus de lui un faucon qui volât, ni au-dessous des traces de lions ou des tanières de sangliers, y porta des vivres, y fit sa demeure de peur de la mort et tailla dans la caverne une chambre élevée ; c’était un lieu éloigné de toute ville et près d’un cours d’eau : appelle-le l’antre d’Afrasiab.

Il demeura pendant quelque temps dans cette caverne, se repentant de ses actions et le cœur gonflé de sang.

Un prince qui devient sanguinaire ne reste pas longtemps sur le trône royal.

Voici un roi, maître du trône, né sous une bonne étoile, favori de la fortune, qui a eu des ennemis aussitôt qu’il eut commencé à verser du sang.

Heureux le roi qui n’a jamais vu couler le sang des rois !

Dans ce temps, un homme de bien, un sage de la famille de Feridoun, qui, dans toute la majesté et la puissance d’un Keïanide, était un adorateur humble de Dieu et en toute chose prêt à servir le roi, avait fait de toute cette montagne son lieu de prières et vivait loin des plaisirs et de la foule.

Le nom de cet homme plein de vertus était Houm ; il adorait Dieu loin des terres habitées.

Dans la cime de la montagne se trouvait une fente de rocher, tout près de sa demeure et éloignée des hommes.

L’ermite vêtu du froc y faisait ses prières, lorsque son oreille fut frappée d’une plainte sortant de la fente du rocher : Ô toi qui as été un roi noble, illustre, grand et puissant, qui as été le juge des juges, toi qui as été le maître de la Chine et du pays des Turcs, toi dont les traités liaient tous les pays, tu possèdes maintenant une caverne pour ta part dans le monde.

Où sont tes gens de guerre et ta couronne ?

Où sont ton pouvoir, la valeur, ton courage, la force et ton intelligence ?

Où sont (a puissance, ton trône et ton casque ?

Où sont les provinces et tes armées nombreuses, ô toi qui es maintenant dans cet antre étroit, qui es réfugié dans cette forteresse de rochers ? »

Houm entendit ’ces plaintes faites en langue turque ; il abandonna ses prières et ’quitta ce lieu en disant :

Ces lamentations au milieu de la nuit ne peuvent être que les cris d’Afrasiab. »

Cette pensée se fortifia en lui ; il chercha pendant quelque temps l’entrée de la caverne obscure, monta sur la montagne pendant le temps du sommeil, découvrit l’ouverture de l’antre d’Afrasiab, arriva comme un lion furieux, se dépouilla bravement de son froc, saisit le lacet qu’il portait en guise de cordon et qui lui assurait la protection du maître du monde et entra dans la caverne.

Quand il fut près d’Afrasiab, celui-ci sauta sur lui, les deux hommes luttèrent longtemps ; mais à la fin Houm amena le roi sous lui, le terrassa et lui lia les bras pendant qu’ilrétait à terre.

Ensuite, il partit, traînant Afrasiab, et, malgré sa résistance, courant comme un insensé.

Il est naturel qu’on s’étonne de cette aventure.

Mais quand on est roi dans ce monde, il ne faut ambitionner que la gloire de la bonté, il ne faut pas se livrer aux jouissances.

Afrasiab avait raison de choisir une caverne comme sa part dans le monde ; comment pouvait-il savoir qu’elle deviendrait le lieu de sa perte ?

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021