Khosrou Parviz

Le Kaïsar écrit de nouveau à Khosrou

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Il écrivit à l’instant et rapidement une lettre ; il y accumula les bénédictions et dit :

Moi et le Mobed, mon ami et fidèle conseiller, avons sincèrement discuté sur ce qui était bon ou mauvais pour nous.

Nous avons parlé de toutes choses et sommes revenus à nos premiers desseins ; les consultations et les paroles sont terminées et j’ai ouvert la porte de mes trésors antiques ; Je n’ai pas à Constantinople plus de troupes qu’il ne faut pour garder le pays, mais nous avons tout arrangé ; nous avons demandé des troupes dans toutes les parties de l’Empire et à mesure qu’elles arriveront, nous te les enverrons sans faute et à l’instant.

Toutes nos hésitations, nos longues discussions et ces piqûres de la gueule du lion par l’aiguillon sont venues de ce que les savants nous avaient rappelé ce qui s’était passé autrefois, où du temps de Schapour, fils d’Ardeschir, les cœurs jeunes étaient devenus vieux par les peines, par les rapines, les meurtres, 9l les attaques et les vengeances injustes.

Plus tard, sous Kobad et Hormuzd, qui ne penàaientjamais à la justice, les Iraniens ont dévasté trenteneuf grandes villes de notre pays ; les plaines étaient devenues des lacs remplis du sang des chefs, on emmenait en captivité les femmes et les enfants et tu ne dois pas t’étonner que le cœur des hommes du Roum soit rempli du désir de la vengeance.

Mais il n’est pas selon notre religion de garder rancune et à Dieu ne plaise que notre coutume soit de faire du mal.

Nous avons reconnu que ce qu’il y avait de mieux était la droiture et de nous tenir loin de toute fourberie et fausseté.

Nous avons réuni ceux qui avaient souffert le plus, nous avons beaucoup parlé de tout cela et nous avons pu à force d’art purifier les cœurs des hommes et convertir en thériaque le poison dévorant.

Je les ai dé-cidés à ne plus parler de ces temps anciens ; ils feront ta volonté en tout ce que tu diras et ils donnent leurs âmes pour garants de notre alliance.

Mais il faut que de votre côté vous donniez l’assurance que personne ne nous veut du mal.

Déclare qu’aussi longtemps que tu seras roi, tu n’oublieras pas les peines que nous prenons pour toi, que tu ne demanderas plus de tribut aux Roumis et que tu ne trahiras pour aucun avantage la reconnaissance que t’imposeront les fatigues que nous endurerons pour toi.

Ensuite tu abandonneras toutes les conquêtes ses dans le Roum et aucun Iranien ne franchira plus notre frontière.

Allez au-delà de votre désir présent, faites un arrangement avec nous et concluez une alliance, pour que, en toute occasion, quand nous serons occupés d’une affaire, fût-ce une guerre folle, nous soyons tous amis et frères, quand même l’un de nous serait de temps en temps le plus faible.

Quand vous n’aurez plus besoin du Roum, votre ancienne haine pourrait renaître ; on parlerait de nouveau de Tour et de Selm et des folies des temps an-ciens.

Mais je demande maintenant un traité durable, attesté par un sceau solennel, pour qu’il ne soit plus question de la vengeance d’Iredj ni des luttes d’autrefois ; que dorénavant l’Iran et le Roum soient un et que nous ne cherchions pas à séparer ces pays.

Il y a dans l’appartement de mes femmes une fille digne des plus grands parmi les grands ; demandela selon nos saints rites et selon nos coutumes et notre cérémonial, afin que la vengeance pour Iredj soit oubliée lorsque tu auras un fils, petit-fils du Kaisar et que le monde se repose des troubles et des guerres et cherche le vrai chemin par la foi. ’ Maintenant si tu veux regarder avec l’œil de la raison, tu te convaincras que je ne demande rien que selon la droiture ; notre alliance sera affermie par notre parenté ; c’est ainsi que le veut l’ordre de -Dieu.

Depuis Pirouz jusqu’à Khouschnewaz, il s’est passé bien du temps, pendant lequel les deux peuples ont livré leurs têtes au vent, puisse-’t-il ne jamais vivre un roi infidèle aux traités !

Le Messie, notre prophète, a dit :

La raison est déviée si l’on dévie de la justice. »

Khouschnewaz a essayé bien des moyens pour sauver la tête de Pirouz des ciseaux de la mort et Pirouz, quand il a agi durement contre Khouschnewaz, n’a tiré de ce conflit que l’angoisse de la mort et lorsque la tête du roi a dévié de la justice, son armée et son trône royal ont péri.

Tu es jeune encore et inexpérimenté ; si tu veux cueillir le fruit de la fortune, ne fais pas ton ami d’un homme qui viole les traités, car un tel homme ne vaut pas le linceul qui le couvrira et maudits soient le trône et la coutonne d’un roi qui déchire les traités et désire la--vengeance.

Lis en entier ma lettre, pose délicatement tes doigts sur la table, pèse les mots et écris une réponse ; réfléchis en toute sincérité et écris sans une étoile heureuse.

Je ne voudrais pas qu’un scribe connût ce secret : écris donc toi-même et montre la sagacité.

Quand j’aurai lu ta réponse et que j’y aurai reconnu l’âme d’un homme résolu, j’enverrai à l’instant des armes, des troupes et de l’argent pour soulager ton cœur affligé.

Quelle que soit la Vu. tu

Haine que tu portes dans ton cœur aux grands qui »

T’entourent, aux plus illustres auprès de toi, arrache de ton âme toute idée de vengeance contre eux, pardonne leurs fautes au nom de Dieu le Seigneur, car le jour ne brille-t-il pas sur les ennemis et les amis ?

Si tu veux que la fortune victorieuse le traite en maître du monde, avec une armée, une couronne et un trône, abstiens-toi de prendre le bien d’autrui, dirige ton esprit vers la voie de la droiture, sois affable pour les tiens, sois le gardien des pauvres qui se donnent de la peine.

Si tu es généreux et secourable, personne n’éleudra la main vers ta couronne et ton trône.

Les rois qui ont veillé sur le monde et l’ont protégé contre ses ennemis n’ont jamais eu à souffrir de leurs adversaires et la majesté que Dieu donne les a grandis.

Les princes leur demandent leurs filles, soit pour eux-mêmes, soit pour leurs fils vertueux et maintenant nous tous te demandons de devenir mon gendre et nos âmes sont préparées à cette alliance. »

Lorsque l’entête de cette lettre fût sec, on y plaça un sceau de musc, sur lequel le Kaisar appliqua son anneau ; il donna la lettre à l’envoyé et le congédia avec des bénédictions.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021