Khosrou Parviz

Khosrou devient le prisonnier de son fils Schirouïeh

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Khosrou resta sur cette prairie, où un grand arbre lui donnait de l’ombre ; la moitié de la longue journée s’étant écoulée, le roi eut besoin de pain.

Or il y avait dans le jardin un homme de peine qui ne connaissait pas le visage du roi.

Khosrou, qui brillait comme le soleil, dit à ce serviteur :

Coupe un bout de cette belle ceinturem Ce bout contenait cinq boulons d’or, qui avaient coûté cher à cause des pierreries qui y étaient fracmutées.

Khosrou dit au jardinier :

des boutons me serviront aujourd’hui, porte-les au bazar et achète un morceau de viande et du pain et prends un chemin peu fréquenté. »

Or ces pierreries valaient trente mille dirhems pour tout homme qui en aurait eu besoin.

Le jardinier courut chez un boulanger avec ces chaînons d’or et demanda un pain.

Le boulanger dit :

Je ne conn nais pas la valeur de cet objet et ne puis pas rendre dessus. »

Ils le portèrent tous les deux chez un joaillier et dirent :

Fais le prix de ceci et emploiesy tout ton savoir.-n Quand cet homme expert vit les pierreries, il dit :

Qui est-ce qui oserait acheter ce cela !

Il y a de ces chaînons dans le trésor du roi, on y en place tous les ans cent nouveaux.

À qui r-as-tu volé ces pierreries ?

Ou les as-tu prises à un a esclave endormi ’ Les trois hommes se rendirent chez Ferrukhzad pour lui soumettre les pierreries, l’or et toute cette alïaire.

Aussitôt que Ferrukhzad eut vu les pierres fines, il courut auprès du nouveau roi, lui montra ces pierres d’un si haut prix et le bout arraché de la ceinture d’or.

Schirouïeh dit au jardinier :

Si tu ne redonnes pas des indications sur le propriétaire de ce joyau, je te ferai à l’instant trancher la tête, ainsi qu’à toute ta méchante race. »

Le jardinier répondit :

Ô roi !

Il se trouve dans le jardin un homme en cotte de mailles qui tient un arc dans la main ; il a une stature comme un cyprès, un visage comme le printemps et en tout un air royal ; le jardin en est tout brillant, car cet homme reluit dans sa cuirasse comme le soleil.

Un bouclier d’or pendait d’une branche d’arbre, un esclave portant une ceinture se tenait devant l’homme et lui arracha sur le corps ces chaînons à pierreries.

L’homme me les donna, disant :

Cours et apporte-moi du marché du pain et de l’assaisonnement et je l’ai quitté il y a un instant, en courant comme le vent. »

Schirouïeh comprit que c’était Khosrou, car la grande mine du roi était unique à son époque.

Il envoya du palais trois cents cavaliers, rapides comme le veut, jusqu’aux bords du fleuve.

Khosrou, voyant de loin cette troupe, pâlit et tira son épée de combat ; mais quand les cavaliers aperçurent le roi des rois, toute la troupe s’en retourna et tous se rendirent auprès de Ferrukhzad, à qui chacun fit un long récit, ajoutant :

Nbus sommes des esclaves et lui est le roi et le malheur est une chose toute nouvelle pour lui.

Personne n’osera jeter sur lui un souffle froid, soit dans ce jardin, soit dans la bataille. »

Ferrukhzad se rendit auprès du roi, emmenant de son palais une nombreuse escorte ; arrivé près de Khosrou, il s’avança seul et lui adressa beaucoup de paroles que le roi écouta attentivement.

Il dit :

Si le roi veut me donner audience et s’il veut m’amnistier de ce qui a été fait, je m’approcherai et dirai ce qui est réellement, sinon je rentrerai dans ma dermeure. »

Khosrou répondit :

Parle comme tu me

dis que tu me parleras.

Tu n’es pas un consolateur, mais tu n’es pas un ennemi. »

L’homme éloquent dit au roi :

Jette sur cette affaire un regard plus intelligent.

Tu n’es pas en état de tuer mille hommes de guerre, tu finirais par te lasser dans la lutte.

Tout le pays d’Iran t’est hostile, tous sont unis de cœur et de corps pour te combattre.

Viens voir ce que le ciel te réserve ; peut-être qu’il détournera ces haines par sa clé ?

mence. »

Khosrou répondit :

Tu as raison ; toute ma crainte était d’être approché et traité avec indignité par des hommes ignobles, qui feraient de moi le jouet de leur méchanceté. »

Le cœur avait manqué au roi en écoutant les paroles de Ferrukhzad, à cause d’un ancien souvenir.

Des astrologues lui avaient annoncé et leurs paroles lui avaient fait une profonde impression, qu’il devait mourir entre deux montagnes, par la main d’un esclave et loin de la foule ; qu’une de ces montagnes serait en or et l’autre en argent et lui assis entre les deux, le cœur déchiré ; que le ciel au-dessus de lui serait en or, la terre en fer et la fortune pleine de rancune contre lui.

Maintenant, se disait-il, cette cotte de mailles est mon siège par terre, le bouclier est le ciel au-dessus de moi, les deux montagnes sont les deux trésors placés dans le jardin et dont les richesses égayaient mon âme comme un flambeau.

Sans doute mes jours sont finis ; où est mon étoile qui illuminait le monde, où sont ma puissance et ma sécurité, moi, dont le nom était inscrit sur les trônes ?

On amena un éléphant devant Khosrou, dont l’âme sombre était remplie de douleur ; il monta sur ’éléphant et la troupe le fit sortir du jardin.

Il dit en pehlewi, du haut de cet éléphant :

Ô mon trésor !

Quoique tu m’aies prouvé ton inimitié, ne fais pas d’amitié avec mes ennemis, car aujourd’hui je suis entre les mains d’Ahriman.

Tu ne m’as pas secouru dans ma détresse, cache-toi et ne te montre à personne. »

Kobad donna ses ordres au Destour, disant :

Ne lui adresse pas un mot de reproche ; fais-le conduire à Thisifoun et mets-le dans la maison de son conseiller favori.

Il restera dans le palais de Marousipend et personne ne doit lui faire du mal.

Qu’on le mette sous la garde de Galinous, un homme sûr, qui aura avec lui mille cavaliers. »

Parviz avait occupé le trône pendant trente-huit ans, lorsque le ciel qui tourne passa de cette façon sur sa tête ; c’était au mois d’Ader (novembre) et au jour de Deï, à l’époque où l’on allume les feux, où l’on fait rôtir la volaille et où l’on boit du vin.

Kobad vint, plaça tranquillement la couronne sur sa tête et s’assit joyeusement sur le trône ; l’armée de l’Iran lui rendit foi et hommage et le roi paya du trésor une aunée de solde.

Mais il n’avait plus a que sept mois a vivre ; appelle-le donc roi, si tu.

. veux, ou rien, si tu aimes mieux.

Telle est la coutume de ce monde oppresseur, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il tienne ses promesses et quiconque connaît les voies du monde sait qu’il est plein de rancune.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021