Khosrou Parviz

Khosrou apprend ce que fait Bahram et écrit une lettre au Khakan

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Ainsi Bahram jouissait de la vie et faisait des largesses, chacun lui rendait hommage et cela dura jusqu’à ce que des nouvelles de lui fussent arrivées dans l’Iran et chez le roi des braves, à qui l’on dit :

Bahram a acquis sans peine un royaume et des trésors plus grands que les tiens. »

Le roi s’en attrista, car il le craignait et les hauts faits de Bahram faisaient trembler son cœur ; il tint conseil avec ses . grands, il parla beaucoup et proposa toute sorte de plans.

Dans la nuit sombre, il fit venir un scribe, qui tailla le bout de son roseau comme une pointe de flèche et écrivit au Khakan une lettre ; on aurait dit qu’il se servait de son épée en guise de roseau.

Il commença par les louanges àDieu, le toutpuissant, l’omniscient, le père nourricier de tout, qui a placé en haut le soleil, Saturne et la lune, qui a fait asseoir le roi sur le trône, qui rabaisse ceux qui cherchent le mal, qui accroît encore chez ceux qui la possèdent la sagesse divine.

Si tu déclares que Dieu est l’unique, qu’il n’a ni compagnon, ni égal, ni associé, tu échappes à l’ignorance, à l’iniquité, à la perversité, à la faiblesse et à la perdition.

Quiconque cherche le bien trouvera le bonheur et maudit soit qui prépare sa main à faire le me] !

Quiconque choisit la voie de Dieu doit se détourner de l’ingratitude.

Le roi avait un esclave ingrat qui ne reconnaissait pas de supérieur et ne reconnaissait pas Dieu.

C’était un enfant pauvre et orphelin et mon père l’a tiré de son obscurité.

Ce qu’il a fait dans le monde n’est inconnu ni aux grands ni aux petits.

Aucun homme de distinction, aucun homme d’une intelligence élevée ne le tolérait auprès de lui ; il s’est rendu auprès de toi et tu l’as reçu, tu lui as tendu la main comme à un personnage distingué.

Pas un homme doué de droiture ne le comprendra et pour moi, je le désapprouve.

Il ne faut pas que tu rendes stérile ta gloire et que tu vendes à Bahram ton repos.

Quand on te remettra cette lettre, réfléchis mûrement dans ton esprit pénétrant et si tu me renvoies cet esclave, les pieds enchaînés, tu auras pris le bon parti ; sinon, j’enverrai de l’Iran une armée et rendrai noir pour les Touraniens le jour brillanta Lorsque la lettre fut arrivée aux mains du Khakau et qu’il eut entendu des paroles semblables de la part de Khosrou, il dit à l’envoyé :

Demain matin, quand tu te présenteras à la cour, demande la réponse à cette lettre. »

L’envoyé partit le cœur plein d’anxiété et ne put ni se reposer ni dormir.

Il resta ainsi jusqu’à ce qu’il vît briller la lampe du soleil et se rendit alors à l’audience du Khakan de la Chine.

Celui-ci appela à l’instant un scribe muni d’un roseau, du musc et du satin chinois et fit écrire une réponse commençant ainsi :

Moi, l’esclave, je rends grâce au Créateur du monde, comme le font les rois,»

Puis, il continua : J’ai lu ta lettre, j’ai fait asseoir devant moi ton envoyé.

C’est aux esclaves qu’on peut parler de la manière dont tu me parles, mais il ne convient pas à un descendantdetamaison ante lique de ne pas distinguer un grand d’un petit et d’assigner à un roi la place d’un sujet.

Toute la Chine et tout le Touran sont à moi et les Heitaliens obéissent à mes ordres.

Depuis que j’existe je n’ai pas enfreint un traité ; ne me parle donc pas ainsi, car si je prends dans ma main la main de Bahram et puis si je ne tiens pas la parole que je lui ai donnée, les hommes ne me considéreront pas comme de race pure.

Mais je ne crains que Dieu le tout-saint, et, si grande que soit devenue ta puissance,

Il aurait mieux valu que ton intelligence eût grandi. »

Il posa son sceau sur la lettre et dit à l’envoyé :

Il faut que tu le fasses le compagnon du vent. »

L’envoyé revint auprès du roi ; il parcourut cette roulelen moins d’un mais.

Lorsque le roi eut lu la lettre, il se tordit et eut peur du sort.

Il envoya convoquer les Iraniens et leur répéta d’un bout à l’autre les paroles du Khakan ; il leur montra la lettre et ils la lurent et les grands restèrent abîmés dans leurs pensées.

Il reçut des Iraniens cette réponse :

Ô toi qui es la gloire du trône et de la couronne des Keïanides, ne prends pas légèrement des faits pareils, tiens conseil avec un sage vieillard.

Une affaire semblable ne peut se traiter par lettre ; ne laisse pas s’obscurcir le flambeau de cette majesté antique.

Choisis dans l’Iran un vieillard intelligent, éloquent, vaillant et lettré, pour qu’il se rende d’ici chez le Khakan, lui parle et apprenne ses intentions.

Il lui dira ce qu’était Bahram au commencement et ce qu’il chercha plus tard à tirer de son poste de Pehlewan, comment il s’est comporté jusqu’à ce qu’il eût acquis du pouvoir et comment il voulut alors réduire à la captivité son maître.

Si l’envoyé ne réussit pas dans un mois, qu’il reste et qu’il prenne une année de temps.

Puisque Bahram est le gendre du Khakan, il ne sera pas facile de parler mal de lui ; il faudra prononcer bien des paroles douces, sans que personne pénètre le secret. »

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021