Khosrou Parviz

Commencement du récit

...

Gustehem et Bendouï envoyèrent en toute hâte un cavalier avec un cheval de rechange, pour qu’il se rendît dans la nuit à Aderguschasp auprès de Khosrou, pour qu’il se rendît auprès de lui avec ces grandes nouvelles de l’Iran.

Le messager arriva auprès du jeune roi lorsque la première nuit de la nouvelle lune fut passée, et, pâle comme la fleur du fenugrec, il lui raconta ce qu’il avait vu des troubles de Baghdad.

Khosrou répondit :

Celui qui dévie, par emportement et manque de sagesse, de la voie de la raison et ne s’inquiète pas de ce qu’amène la roue du ciel sublime, passera une vie sans bonheur ; le malheur dont tu me parles a beau être à mon avantage, il convertit pour moi en feu le sommeil et le manger.

Puisque mon père avait levé la main pour verser mon sang, je ne pouvais pas rester dans l’Iran ; mais aujourd’hui je suis envers lui comme un esclave, j’obéirai à chaque parole qu’il dira.

Il se mit sur-le-champ en route, le cœur ulcéré, marchant rapidement comme le feu, avec une armée tirée de Berda et d’Ardebil, qui suivait le prince illustre, un corps après l’autre.

D’autres troupes, venant d’Arménie, étaient avec lui, courant comme le vent.

Lorsqu’on sut à Baghdad qu’il arrivait pour réclamer le trône du pouvoir, toute la ville s’apaisa à cette nouvelle et cet apaisement combla les vœux de l’homme qui ambitionnait la possession du monde.

Les grands de la ville, tous ceux qui avaient part au pouvoir allèrent à sa rencontre ; on plaça sur l’estrade le trône d’ivoire, on posa dessus le collier et la couronne précieuse et Khosrou entra dans la ville tristement et se rendit chez son père en soupirant.

Que dire de cette voûte à la rotation rapide, qui ne se repose jamais de son labeur ?

Elle donne à l’un la couronne de la royauté et jette l’autre aux poissons de la mer ; l’un est nu de la tête, des pieds et des épaules et n’a ni repos pour dormir, ni lieu pour se cacher ; le ciel nourrit l’autre avec du miel et du lait et l’habille de brocart, de fourrures et de soie ; mais à la fin tous les deux se trouvent dans la poussière et la tête prise dans les lacs de la mort.

Si l’homme de sens n’était pas né, s’il n’avait jamais vu des jours de combat et de luttes ; s’il n’avait jamais connu ce monde, cela aurait mieux valu pour lui, fût-il un homme humble ou un homme puissant.

Maintenant je vais m’occuper du sort de Khosrou et donner au lecteur des récits tout nouveaux.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021