Keï Kaous

Siawusch parle avec Piran de son avenir

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Lorsqu’ils repartirent de ce beau pays, Siawusch devint pensif et adressa une question aux astrologués, disant :

J’ai fondé ici une ville : contribue-

ra-t-elle à ma puissance et à mon bonheur, ou me repentirai-je de ce que j’ai fait ? »

Tous répondirent au roi de la terre :

Cette fondation ne te promet pas beaucoup de bonheur. »

Siawusch se mit en colère contre les astrologues ; son cœur se remplit de douleur et ses yeux furent pleins de larmes.

Il tenait mollement les rênes de son cheval et des larmes brûlantes tombaient de ses yeux.

Piran lui dit :

Ô roi !

Pourquoi es-tu devenu si soucieux ? »

Siawusch répondit :

La rotation du ciel sublime afflige et trouble mon âme.

J’ai beau accumuler des choses précieuses et des trésors et multiplier mes palais ornés, à la fin tout cela tombera entre les mains de mes ennemis ; il m’arrivera malheur sur malheur et la mort m’atteindra.

Il n’y a pas de lieu dans le monde comme le château de Gang ; il n’y a pas de ville qui ravisse autant le cœur.

La grâce de Dieu, le distributeur du bonheur. »

été mon soutien et la prudence et le sort ont veillé sur moi, de sorte que j’ai pu bâtir cette grande ville, dont j’ai élevé le faîtejusqu’aux Pléiades.

Je suis maintenant tout !

Occupé de cette ville, je l’orne de toute manière et cquand elle sera devenue belle et brillante, quand relle sera remplie de palais, de trésors et de choses précieuses, je n’en jouirai pas longtemps et un autre que moi s’assiéra à ma place.

Ni moi, ni mes enfants, ni un noble héros de ma famille, n’en jouirons ; il ne me sera pas accordé une longue vie et bientôt je n’aurai plus besoin ni de palais ni de rsalle d’audience.

Mou trône deviendra le siège d’A-frasiab et la mort se hâtera de me dévorer, moi qui suis innocent.

Tel est le secret du ciel sublime, qui tantôt nous comble de joie, tantôt nous jette rdans la tristesse. »

Piran lui répondit :

Ô toi qui portes haut la tête !

Ne t’arrête pas follement sur ces pensées sombres.

Afrasiab est ton soutien contre le malheur et tu portes au doigt le sceau de la royauté ; et moi je ferai tout pour que notre alliance ne se brise

pas, aussi longtemps que la vie demeurera dans ce corps.

Je ne te laisserai pas atteindre par un souffle de vent, je ne permettrai pas à l’air de compter tes cheveux. »

Siawusch lui dit :

Ô illustre guerrier !

Je ne désire que partager ta gloire ; je te confie tous mes secrets, car tu es un homme dont le corps est sain et l’esprit vigilant.

Je te communiquerai ce que Dieu le glorieux a décrété et ce que j’ai appris des secrets du ciel sublime ; je te dévoilerai l’avenir exactement, aussitôt que je serai hors de ce palais et de ce parc.

Je t’en parle pour que tu ne dises pas, quand tu verras arriver tout cela : Comment Siawusch a-l-il pu ignorer sa destinée ?

Ô sage et vaillant Piran !

Prête l’oreille à mes paroles.

Il ne se passera pas beaucoup de temps avant que ce roi méchant et soupçonneux ne me fasse mourir cruellement, malgré mon innocence et qu’un autre ne prenne ma couronne et mon trône.

Tu me resteras fidèle et tu suivras le droit chemin ; mais le ciel en a décidé autrement que tu ne voudrais et les paroles de la calomnie et ma mauvaise fortune amèneront ce malheur sur ma tête innocente.

L’Iran et le Touran seront boulece versés et la vengeance sera telle que la vie deviendra un fardeau pour les hommes ; la terre entière sera remplie de misère et l’épée de la guerre régnera dans le monde.

Tu verras arriver de l’Iran dans le Touran beaucoup d’étendards jaunes, rouges, noirs ct violets et il s’ensuivra une grande destruction, le pillage de tout ce qui est précieux et la dissipation des trésors amassés.

Grand est le nombre des pays qu’on foulera aux pieds des chevaux, des pays où l’on troublera l’eau des fleuves.

Le roi du Touran se repentira alors de ce qu’il a fait et de ce qu’il a dit, mais ce repentir ne lui profitera pas ; car toute la terre habitée sera livrée à la destruction, des cris s’élèveront de l’Iran et du Touran et mon sang jettera le trouble parmi les hommes.

C’est ainsi que Dieu l’a écrit au firmament et tout ce qu’il sème porte du fruit comme il l’or. donne.

Viens donc, allons gaiement jouir et faire des largesses ; et quand le moment de la mort sera venu, nous mourrons.

Pourquoi lierais-tu ton cœur à ce séjour passager ?

Pourquoi t’attacherais tu aux trésors ?

Pourquoi te donnerais-tu de la peine pour les acquérir ?

Un autre jouirait après nous de ces trésors et pourquoi un homme sage se fatiguerait-il pour agrandir un ennemi ? »

Piran l’écouta et devint soucieux ; son cœur se remplit de douleur à ces paroles ; il se dit :

J’ai attiré moi-même le malheur sur ma tête ; si ce qu’il dit est vrai, j’aurai appelé la destruction sur le pays de Touran, j’aurai répandu dans le monde la semence de la vengeance : car c’est par mes soins qu’il est arrivé dans le Touran ; c’est moi qui lui ai donné un pays, une couronne et des trésors, quoique j’eusse entendu toutes les paroles d’Afrasiab, qui mainte fois m’a prédit la même chosen Ensuite, il dit à Siawusch avec tendresse :

Que sais-tu des mouvements et de l’action du ciel qui tourne et qui t’a instruit de ses secrets ?

Ces pensées le sont venues parce que tu t’es rappelé le pays d’Iran, Kaous et le trône impérial, parce que tu t’es rappelé le temps de ton bonheur.

Écarte-les de ton souvenir, agis et pense comme un homme de sans. »

Ils continuèrent de converser ainsi pendant leur route ; leur esprit était occupé de l’avenir et ce ne fut que lorsqu’ils descendirent de cheval qu’ils cessèrent de parler.

Ils firent préparer une table d’or et demandèrent du vin, de la musique et des chants.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021