Keï Kaous

Siawusch a un songe

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Siawusch passa trois jours dans les larmes à cause de cette trahison du sort ; le quatrième jour le prime était endormi dans les bras de Ferenguis au visage de lune, quand tout à coup il trembla, se réveilla de son doux sommeil, se redressa et jeta un cri comme un éléphant en fureur.

Ferenguis au beau visage le pressa contre son sein et lui dit :

Ô roi !

Je t’en conjure par notre amour, dis-moi ce qui t’arrive ! »

Siawusch continua de pousser des cris ; on alluma un flambeau et l’on brûla devant lui du bois de santal et de l’ambre.

La fille d’Afrasiab lui demanda encore :

Ô sage roi !

Qu’as-tu vu en songe ? »

Siawusch lui répondit :

N’ouvre tes lèvres devant personne pour parler de mon rêve.

J’ai vu, ô cyprès d’argent !

Un courant d’eau immense et sur l’autre rive une montagne de feu.

Le bord du fleuve était occupé par des cavaliers armés de lances.

D’un côté était le feu qui tourbillonnait et consumait Siawuschguird ; devant moi se tenait Afrasiab monté sur un éléphant ; d’un côté était l’eau, de l’autre le feu.

Afrasiab me vit, sa mine devint sombre et il attisa ce feu déjà si ardent. »

Ferenguis lui dit :

Il n’en arrivera que du bonheur, pourvu que tu mettes à profit cette nuit même.

C’est sur Guersiwez que tombera tout le mal et il sera tué par la main du Khakan de Roum. »

Siawusch rassembla toute son armée et la plaça devant le palais ; lui-même prit ses armes, monta à cheval l’épée en main et envoya des vedettes du côté de Gang.

Quand les deux tiers de cette longue nuit furent passés, une vedette à cheval revint du désert et rapporta qu’elle avait vu de loin Afrasiab s’avançant rapidement avec une grande armée.

Un messager arriva de la part de Guersiwez et dit à Siawusch :

Pourvois aux moyens de sauver ta vie.

Tous mes discours ont été vains et ce feu n’a produit qu’une fumée noire.

Songe maintenant à ce que tu as à faire et où tu dois conduire ton armée. »

Siawusch ne pénétra pas ses intentions et crut à la sincérité de ses paroles.

Ferenguis lui dit :

Ô roi plein de prudence !

Ne fais aucune attention à nous : monte sur un cheval rapide et ne te fie plus au pays de Touran.

Je voudrais te voir rester vivant sur la terre ; sauve donc ta tête et ne retarde ton départ pour personne. »

Dernière mise à jour : 25 sept. 2021