Keï Kaous

Piran poursuit Keï Khosrou

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Piran choisit mille cavaliers tous braves et propres au combat et leur dit :

Il faut nous hâter de saisir les rênes de nos destriers, il faut suivre la trace de nos ennemis sans tarder un instant ; car si Guiv et Khosrou parviennent à atteindre l’Iran, les femmes de ce pays deviendront comme des lionnes, il ne nous restera ni terre, ni eau, le cœur d’Afrasiab en saignera et c’est à moi qu’il imputera cette fuite et non pas à la rotation des étoiles, du soleil et de la lune. »

Les Turcs, sur l’ordre de cet illustre Pehlewan, partirent semblables à un ouragan ; ils levèrent la tête lorsqu’ils entendirent ces paroles ; ils coururent jour et nuit sans s’arrêter, jusqu’à ce qu’ils arrivèrent a une rivière profonde.

L’armée était dispersée et en désordre ; la rivière était peu large, mais profonde et difficile à passer.

Le fleuve se nommait Gulzarrioun et au printemps il ressemblait à une mer de sang.

Sur l’autre rive se trouvaient Guiv et le roi, qui dormaient tandis que Ferenguis assise faisait la garde ; en regardant attentivement elle aperçut l’étendard du Sipehbed du Touran et courut à Guiv pour l’avertir ; elle réveilla les dans : héros endormis et dit à Guiv :

Lève-toi, quelle que soit ta fatigue, car voici pour toi un jour de combats.

Une armée nous poursuit A0

V avec ardeur et je crains que notre vie ne tire à sa fin.

S’ils t’atteignent, ils te tueront et la douleur que nous causera ta perte sera une torture pour nous.

Ils nous mèneront moi et mon fils devant Afrasiab, chargés de chaînes et les yeux remplis de larmes et je ne sais quels malheurs s’ensuivront ; car qui peut connaître le secret du ciel sublime ? »

Guiv lui répondit :

Ô reine des reines !

Pourquoi ton âme se désespère-t-elle ?

Monte avec le roi sur cette hauteur escarpée et n’aie pas peur de Piran et de son armée.

Dieu le victorieux est mon soutien et je porte en moi votre bonne étoile.

Par la force que Dieu le créateur de l’âme m’a donnée, je montrerai, assis sur ma selle élevée, que je connais mon devoir de cavalier. »

Keï Khosrou lui répondit :

Ô toi qui es toujours prêt à combattre !

Tu n’as déjà fait que trop pour moi.

J’ai été délivré par toi des piègea du malheur ; ne te jette pas toi-même dans la gueule du dragon.

C’est à moi d’aller sur ce champ de bataille et de faire, avec mon épée, rejaillir le sang jusqu’au firmament. »

Guiv lui répondit :

Ô noble roi !

Le monde a besoin de ta couronne.

Je ne suis qu’un Pehlewan et fils d’un Pehlewan ; mais qui pourrait se ceindre de la ceinture impériale si tu mourais ?

J’ai soixante et dix-huit frères, mais le monde périrait si ton nom périssait.

Il y a beaucoup de Pehlewans et peu de rois ; que dis-je, peu ?

Je n’en vois qu’un et qui n’a pas d’enfant.

Si je suis tué, il restera d’autres Pehlewans ; si la tête couronnée succombe, c’en est fait de la couronne.

Si tu péris dans une captivité lointaine, je ne connais personne qui soit digne du trône et du diadème, mes sept années de peine sont perdues et le méchant Afrasiab dévastera de nouveau l’Iran.

Monte sur cette hauteur et observe l’armée ; Dieu le créateur m’aidera et si je suis vainqueur, ce sera par l’effet de ta fortune, car le monde ne vit que sous l’ombre de ton aile. »

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021