Keï Kaous

Guiv met en fuite Kelbad et Nestihen

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Lorsque Guiv aperçut de loin la poussière que soulevait l’armée, il se hâta de tirer son épée, il poussa un cri comme le tonnerre des nues, un cri qui faisait trembler le cerveau et le cœur du lion ; il s’élança au milieu des cavaliers comme un brave et la terre devint sombre, épouvantée de sa fureur.

Il fit pleuvoir du haut de son cheval tantôt des coups ’épée, tantôt des coups de massue et les chefs des Touraniens furent bientôt rebutés du combat, tant frappait fort la masse d’armes du vaillant Guiv.

Il était si réjoui de ce jour de colère, qu’il n’eût pas Je 1 : craint la mer plus qu’une source d’eau.

Les Touraniens l'environnèrent, ils formaient une troupe nombreuse et le lion furieux était seul.

Les lances faisaient du champ de bataille comme un champ de roseaux et le soleil et la lune voilèrent leur face ; le lion s’agitait avec rage dans ce champ de roseaux et il l’eut bientôt rougi de sang comme un pressoir ; il renversa un grand nombre de ses ennemis et les braves cavaliers en eurent peur.

Kelbad dit au vaillant Nestihen :

Cet homme est un rocher qui a des bras et des épaules.

C’est contre la grâce de Dieu qui repose sur Keï Khosrou que nous luttons et non pas contre l’épée et la massue de Guiv.

Je ne sais quel sera le sort de ce pays, on ne peut se ce dérober aux décrets de Dieu et les astrologues annoncent que les présages sont mauvais pour le Touran et pour ses braves. »

Pareils à des lions, ils firent avec leur armée une attaque vigoureuse, des coups furent donnés et reçus et les cris des combattants et le son des trompettes firent trembler le cœur des montagnes.

Les ravins et les plaines étaient jonchés de morts, la terre était teinte de sang comme une rose et les Touraniens s’enfuirent de tous côtés devant Guiv le hardi, le soutien des armées ; tous s’en retournèrent blessés et défaits auprès de Piran qui portait haut la tète.

Guiv se rendit, semblable à un lion, auprès de Keï Khosrou, la poitrine et les mains couvertes de !

Sang et lui dit :

Ô roi, sois heureux, prends pour compagne la sagesse et réjouis-toi.

Une armée est

-r venue nous combattre, commandée par Kelbad et par le vaillant Nestihen ; mais ceux qui survivent se a sont enfuis et doivent pleurer sur l’état de leurs poitrines et de leurs bras.

Je ne connais que Rustem le cavalier de l’Iran qui puisse me tenir tête. »

Khosrou à la foi pure fut réjoui de ces paroles ; il adressa beaucoup de louanges à Guiv et invoqua les grâces de Dieu sur lui.

Ensuite ils mangèrent ce qu’ils purent trouver et se hâtèrent de continuer leur chemin en évitant les routesfiéquentées.

Lorsque les Turcs arrivèrent auprès de Piran, blessés, honteux et navrés de douleur, Piran tressaillit en voyant Kelbad et lui dit :

Une aventure aussi étonnante ne doit pas rester secrète.

Qu’avez-vous fait de Guiv et où est Khosrou ?

Raconte-moi exactement tout ce qui s’est passé. »

Kelbad lui dit :

Ô Pehlewan !

Si je te raconte comment le vaillant Guiv a traité tes braves, ton cœur sera las des champs de bataille.

Tu m’as souvent vu à la guerre, tu as approuvé ma manière de combattre, eh bien !

J’ai heurté Guiv de mes étriers de manière que tu aurais cru qu’il devait tomber et en même temps j’ai asséné à cet illustre guerrier plus de mille coups de massue ; mais sa tête est comme une enclume, sa poitrine et ses bras sont comme ceux de Pildenet dan.

J’ai souvent vu combattre Rustem, j’ai entendu

3.3.

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parler des hauts faits des braves, mais je n’ai jacr mais vu d’homme aussi ferme que Guiv sous les coups des ennemis et aussi calme dans le tumulte et les vicissitudes d’une bataille.

Quand même les massues de nos braves n’auraient été que de cire et les lances de nos cavaliers que de peau de léor ?

Pard, sa poitrine, ses bras et ses mains auraient dû être broyés.

Mais chacun de nos coups ne faisait qu’exciter sa rage et il poussait toujours des cris comme un éléphant.

La plaine semblait changée en montagne par les monceaux de morts et tant de braves avaient peur d’un seul homme. »

Piran éclata contre lui, en s’écriant :

Assez !

C’est une honte de parler ainsi devant qui que ce soit, ce n’est pas ainsi que parle un cavalier.

Ne pense plus à combattre des braves.

Tu es parti avec le glorieux Nestihen et avec une troupe de guerriers qui ressemblaient à des lions.

Maintenant tu as fait de Guiv un éléphant furieux et tu es perdu d’honneur parmi les héros.

Si Afrasiab apprend ces nouvelles, il jettera par terre sa couronne impériale, parce que deux braves Pehlewans montés surleun destriers et une armée si vaillante, se sont enfuis devant un seul cavalier, qui a tué un grand nombre d’entre eux.

On en rira beaucoup et on se moquera de toi, car tu n’es pas digne d’un drapeau, d’une massue et de timbales»

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021