Keï Kaous

Naissance de Keï Khosrou

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Au milieu d’une nuit noire, où la lune était invisible et pendant que les oiseaux et les bêtes fauves dormaient, Piran eut un songe : il vit une lumière qui émanait du soleil et au milieu de cette lumière Siawusch, une épée à la main, qui lui dit :

Ce n’est pas le temps de rester couché, secoue le doux sommeil et pense aux destinées du monde ; c’est aujourd’hui un jour de gloire, un jour de fête, car cette nuit doit naître le roi Keï Khosrou. »

Le Sipehbed tremblait dans son doux sommeil et Gulschehr au visage de soleil se réveilla.

Piran lui dit :

Lève-toi et entre doucement chez Ferenguis, car j’ai vu en rêve Siawusch plus brillant que le disque du soleil dans le ciel et il m’a dit :

Pourquoi dors-tu ?

Ne tarde pas et va à la fête du roi Keï Khosrou. »

DF.

Gulschehr se rendit incontinent auprès de cette lune, qui venait de mettre au monde un prince.

Elle le regarda et s’en retourna toute joyeuse, remplissant le palais de ses cris de surprise.

Elle revint auprès de Piran tout émue de plaisir et lui dit :

Il a paru un nouveau soleil digne d’être le compagnon de la lune.

Vas-y et regarde avec étonnement cette

œuvre de la puissance et de la sagesse de Dieu.

On dirait que rien ne lui convient qu’un trône, une cuirasse, un casque et la dévastation du page de se : ennemis. »

Le Sipehbed alla voir le jeune roi et rendit des grâces abondantes à Dieu de cette haute taille, de ces jambes et de ces bras ; tu aurais dit qu’une année avait déjà passé sur cet enfant.

Il versa des larmes au souvenir de Siawusch et maudit Afrasiab, ensuite il dit à l’illustre assemblée :

Quand je devrais y sacrifier ma vie, je ne permettrai pas à Afrasiab de le toucher, dût-il me livrer aux griffes des crocodiles. »

Aussitôt que le soleil eut montré ses rayons et que le sombre nuage de la nuit eut disparu, le Pehlewan de l’armée se réveilla et se rendit en toute hâte au- près du roi.

Il y resta jusqu’à ce que l’assemblée se fût retirée, alors il s’approcha du trône glorieux et dit à Afrasiab :

Ô prince qui ressembles au soleil !

ô maître du monde, roi vigilant et expert dans les arts magiques !

Il t’est né cette nuit dans mon palais un nouvel esclave, tu dirais qu’il est formé de miel ; il n’y a pas d’enfant aussi beau que lui dans le monde, tu dirais que c’est une lune dans un berceau ; et si Tour revenait à la vie, il serait envieux de la mine et du visage de cet enfant.

Jamais on n’a vu dans le palais une peinture belle comme lui et la majesté du roi s’est rajeunie dans son petit-fils.

En voyant sa beauté, son visage, ses mains et ses pieds, on dirait que Feridoun le héros est ressus-cité.

Écarte de ton esprit toute mauvaise pensée, fais briller ta couronne et que ton âme se relève de son abattement. »

Le Créateur du monde, par sa grâce, éloigna du cœur d’Afrasiab toute pensée de guerre, d’injustice et de vengeance.

Le roi pensa avec douleur au meurtre de Siawusch et soupira ; il se repentit d’avoir commis ce crime, d’avoir détruit le bonheur du pays de Touran.

Il répondit à Piran :

Je suis destiné à beaucoup de malheurs ; tous les sages m’ont prédit que cet enfant remplirait le monde de bruit et je me rap--pelle bien les avis que j’ai reçus, que les deux familles de Tour et de Keïkobad produiraient un roi dont le monde entier ambitionnerait l’amour et à qui tout le pays d’Iran rendrait hommage.

Maintenant il arrive ce qui devait arriver et les soucis, les peines et les soupçons ne serviraient à rien.

N’é-

Iève pas cet enfant au milieu de la foule ; envoie-le dans la montagne, parmi les pâtres, afin qu’il n’apr prenne pas qui je suis ni pourquoi je l’ai fait confier

aux pâtres, afin que personne ne l’instruise ni ne lui apprenne sa naissance et que tout ce qui s’est passé lui reste inconnu. »

Il continua à dire sur ce sujet ce qu’il pensait ; il croyait que ce vieux monde était jeune et sans expérience.

Mais que peux-tu faire ?

Tu n’as pas les moyens de le subjuguer ; il est vaste et ne saurait entrer dans tes pièges et dans tes filets.

Mais si le monde te fait éprouver du mal, d’un autre côté, il t’enseigne le bien.

Le Pehlewan reprit le chemin de son palais, son âme était remplie de pensées de bonheur, il rendait grâces au Créateur, il bénissait le roi du monde ; et jusqu’au moment où il arriva dans son palais il ne fut occupé qu’à songer comment il ferait pousser les feuilles et les racines de ce jeune arbre.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021