Keï Kaous

Lettre de Guzdehem à Kaous

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Aussitôt que Sohrab fut parti, le vieux Guzdehem appela un scribe et l’ayant fait asseoir, il lui fit ! écrire une lettre au roi qu’il expédia par un messager agile et dans laquelle il commençait par appeler sur le roi les grâces de Dieu ; ensuite il lui exposait ce que le sort avait amené, en disant :

Une armée nombreuse, toute composée d’hommes avides de combats et pleins de bravoure, est arrivée près de nous ayant à sa tête un Pehlewan qui n’a pas

plus de deux fois sept ans.

Il est plus haut de taille que le cyprès, il brille comme le soleil dans le signe des Gémeaux ; sa poitrine est comme celle d’un lion, sa stature est haute comme une colline ; jamais je n’ai vu de Turc avec une main et une massue comme les siennes.

Quand il saisit son épée indienne, il combattrait victorieusement la mer et les rochers.

Il n’y a pas de tonnerre qui gronde comme sa voix, il n’y a pas d’épée qui frappe comme son bras, il n’y a pas d’homme comme lui dans l’Iran et dans le Touran ; il n’y a pas son égal parmi les braves.

Ce brave s’appelle Sohrab ; il ne fléchit ni devant un Div ni devant un éléphant ou un lion.

Tu dirais certainement que c’est Rustem ou un héros de la famille de Neriman.

Hedjir le courageux s’est ceint pour le combat, il est monté sur un cheval rapide et s’est avancé contre Sohrab pour le défier ; mais je ne l’ai pas vu se soutenir en selle plus longtemps qu’il ne faut à un guerrier pour froncer les sourcils, ou à l’odeur pour monter du nez dans le cerveau ; car Sohrab l’a enlevé de selle et les deux armées sont restées stupéfaites de la force de son bras.

Hedjir est en vie et sous la garde de Sohrab, le cœur au désespoir, le corps dans la souffrance.

J’ai vu beaucoup de cavaliers du Touran, mais jamais homme n’a manié un cheval comme lui.

Malheur au brave qu’il saisit au milieu de deux armées.

Je ne souhaite à personne, fût-il un dur rocher, de le rencontrer sur le champ de bataille ; car la terre aurait pitié d’un rocher contre lequel il lancerait son cheval au jour"du combat.

Si le roi prend le temps de respirer avant d’amener une armée et de dresser une embuscade, il peut tenir pour perdue toute la gloire de l’Iran, il doit s’attendre que le monde tremble devant l’épée de son ennemi.

Ce Turc sera le maître de la terre, car il ne se fie qu’à sa propre force et n’a pas besoin que quelqu’un le prenne par la main pour l’aider.

Personne n’a vu un homme manier les rênes comme lui ; tu dirais que c’est Sam le cavalier.

Nous n’essayerons pas de résister à ce guerrier, à sa massue, à ses mains et à sa valeur.

Crois que la fortune des braves a baissé et que le pouvoir de Sohrab s’élève au-dessus du ciel.

Nous préparerons cette nuit nos bagages et nous nous dirigerons vers ton armée.

Car si nous attendions encore quelque temps, nous lutterions, mais on n’entendrait plus notre voix, parce que ces remparts ne peuvent lui résister et que le bond du lion est lent comparé à son agilité. »

La lettre fut scellée dans la nuit ; le messager se leva et prit congé et Guzdehem lui dit :

Pars de manière qu’a l’aube du jour les Touraniens ne puissent plus te voir. »

Le messager attacha la lettre à son côté droit et partit sur-le-champ.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021