Keï Kaous

Kaous retourne en Iran et congédie Rustem

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Lorsque Kaous atteignit le pays d’Iran, le monde disparut sous la poussière que soulevait son armée ; le bruit monta jusqu’au soleil et les hommes et les femmes vinrent à sa rencontre avec des cris de joie.

Ils décorèrent toutes les villes de l’Iran et préparèrent des banquets, de la musique et des chansons.

Le monde entier fut rajeuni par ce jeune roi et une nouvelle lune s’éleva de l’Iran.

Assis sur son trône, victorieux et heureux, il ouvrit les portes de ses anciens trésors et un jour, assis encore sur son trône, il fit venir le peuple des villes pour lui distribuer de l’or.

Un grand bruit se fit entendre à la porte de Rustem au corps d’éléphant ; les grands s’y rassemblèrent et se rendirent tous joyeusement auprès du roi ; ils se rendirent devant son trône illustre.

Rustem parut, le diadème sur la tête, s’assit sur le trône à côté du roi et demanda au maître de la couronne la permission de retourner auprès de Zal.

Le roi de la terre lui prépara un présent digne de lui et plein de magnificence, un trône de turquoises orné de têtes de béliers, une couronne royale enrichie de joyaux, un coussin de brocart d’or tel que ceux dont le roi des rois se servait, un bracelet et une chaîne brillante, cent femmes au visage de lune, portant des ceintures d’or et cent hommes aux cheveux de musc, pleins d’élégance et de beauté, cent chevaux au caparaçon d’or et d’argent, cent mules au poil noir, ayant des rênes d’or et toutes chargées de brocart magnifique venu des pays de Roum, de Chine et de Perse.

Ensuite on apporta cent bourses de pièces d’or, de plus beaucoup d’objets beaux de couleur et agréables de parfum, une coupe de rubis remplie de musc pur, une autre de turquoise remplie d’eau de rose, enfin une lettre écrite sur la soie avec du vin, de l’ambre, de l’aloès et du noir de fumée et qui, au nom du roi qui illustrait le monde, donnait de nouveau à Rustem l’investiture du royaume du midi, de sorte qu’après cette déclaration du roi Kaous, personne d'autre que lui ne devait poser sa couronne sur le trône du Nimrouz.

Puis le roi le bénit et dit :

Puisses-tu vivre aussi longtemps qu’on verra le soleil et la lune !

Puisse le cœur des grands s’attacher à toi, puisse ton âme être pleine de modestie et de tendresse !

Rustem se prosterna et baisa le trône ; puis il se prépara pour le départ et fit charger ses bagages.

Le bruit des tambours retentit dans la ville et tous les habitants prirent part à la réjouissance ; ils firent les apprêts d’une fête et le son des clochettes se confondit avec celui des timbales et des trompettes.

Ainsi partit Rustem fils de Zal et le roi s’assit sur son trône, rendant la terre brillante par sa conduite et par sa sagesse.

Kaous étant de retour du Mazenderan, partagea le monde entre les grands de son royaume ; il donna à Thous le commandement de ses armées, en disant :

Extirpe de l’Iran tout ce qui est mauvais.

Puis, il donna Ispahan à Gouderz et lui confia le commandement de cette frontière.

Cela fait, il s’adonna à la joie et au vin et gouverna le monde glorieusement.

Il frappa le cou des soucis avec le glaive de la justice et personne ne pensa à la mort.

La terre se remplit de verdure, d’eau et de rosée ; elle était ornée comme le jardin d’Irem.

Le roi devint puissant par la justice et la protection de Dieu et la main d’Ahriman ne put faire le mal.

On apprit dans le monde entier que le roi Kaous avait conquis la couronne et le trône du Mazenderan et tous restèrent étonnés de ce que Kaous s’était emparé du trône et du pouvoir.

Tous les hommes formèrent des rangs devant la porte impériale, apportant des présents et de l’or et le monde devint beau comme un paradis plein de justice et de tout ce que désire l’homme.

Tu as entendu le récit de la guerre du Mazenderan, prête maintenant l’oreille à ce que je vais raconter sur celle du Hamaveran.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021