Keï Kaous

Kaous rétablit l'ordre dans le monde

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Kaous retourna alors dans le pays de Fars et les hommes furent rajeunis par la joie.

Il rendit au trône sa splendeur, dispensa la justice, ouvrit la porte aux plaisirs et aux festins.

Il envoya dans chaque province un Pehlewan puissant, vigilant et éclairé ; il envoya une grande armée dans chaque province, à Merv, à Nischapour, à Balkh et à Herat.

Tous les hommes pratiquèrent la justice ; le loup se détourna de la brebis et les richesses, les honneurs et la majesté du roi furent tels, que les Péris, les hommes et les Divs devinrent ses esclaves.

Tous étaient petits devant Kaous et ceux qui portaient des couronnes formaient son cortège.

Il nomma Rustem Pehlewan du monde ; c’est à lui qu’il attribua tout son bonheur.

Il bâtit une résidence sur le mont Alborz et fatigua les Divs par ce travail ; il leur ordonna de tailler les rochers et de construire sur leur sommet deux palais chacun d’une longueur de dix lacets ; il fit tailler dans le roc des écuries où toutes les barres étaient d’acier, toutes les colonnes de pierre dure et l’on y attacha les chevaux de guerre et les dromadaires de course et de litière.

Il bâtit un palais de cristal qu’il incrusta partout d’émeraudes ; c’était là le lieu de ses fêtes et de ses festins, le lieu où il prenait les aliments qui soutenaient son corps.

Il fit élever une coupole d’onyx du Yémen, sous laquelle devait demeurer un Mobed de haut renom ; il fit bâtir cet édifice pour que la science ne quittât jamais ce lieu.

Il en construisit ensuite deux autres pour y déposer des armes et les bâtit de lingots d’argent ; enfin il éleva, pour y résider, un palais d’or, haut de cent vingt palmes, couvert de figures incrustées de turquoises et ayant une salle d’audience ornée de rubis.

C’était un lieu tel que le cœur peut le souhaiter et où la fortune doit grandir et ne jamais baisser.

On n’y ressentait pas les chaleurs de l’été ; l’air y était parfumé d’ambre et la pluie était du vin.

Le gai printemps y régnait toute l’année et les roses y étaient belles comme les joues des femmes qui dissipent les soucis.

L’âme y était exempte de chagrin, de douleur et de peine ; les Divs furent si fatigués de ces travaux qu’ils ne purent plus faire le mal.

La mauvaise fortune s’endormit, tant étaient grandes la bonté et la justice du maître, qui enchaînait les Divs par ses travaux et les affligeait par ses châtiments.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021