Keï Kaous

Kaous écrit à Rustem et le fait venir du Zaboulistan

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Le roi fit écrire une lettre à Rustem le glorieux, elle commençait par l’invocation des grâces de Dieu sur le Pehlewan : Puisse ton cœur être vigilant et ton âme joyeuse !

Sache qu’un brave de grand renom est sorti de la frontière des Turcs et a envahi l’Iran avec une armée.

Il s’est établi avec cette armée devant le Château Blanc et a coupé le chemin à la garnison.

C’est un Pehlewan brave et vaillant ; de corps c’est un éléphant furieux, de cœur c’est un lion mâle.

Personne dans l’Iran ne peut lui résister,

Si ce n’est toi qui seul peux ternir sa gloire.

Sache qu’il n’y a au monde que toi qui puisses donner aide en toutes choses.

Tu es le cœur et le soutien des braves de l’Iran, tu as les griffes et la force d’un lion ; tu as conquis le pays de Mazenderan, tu as brisé nos chaînes dans le Hamaveran ; le soleil pleure dans la crainte de ta massue et l’étoile du matin se consume dans la crainte de ton épée.

La poussière que soulève le pied de ton cheval Raksch est plus grande que la mer et aucun éléphant n’est ton égal dans le combat.

Ton lacet enchaîne le lion, tu lance perce le rocher ; tu es l’asile de l’Iran dans tous ses maux et c’est grâce à toi que les guerriers portent haut leur casque.

Il nous arrive maintenant une nouvelle affaire qui nous met en danger et qui brise mon cœur de souci.

Les héros de l’Iran se sont rassemblés ; ils ont lu une lettre de Guzdehem que je t’envoie et tous ces braves ont décidé que Guiv le noble guerrier se rendrait auprès de toi et te porterait cette lettre, dans laquelle tu verras tout ce qu’il nous écrit, le hm et le mauvais.

Quand tu l’auras lue, que ce soit de jour ou de nuit, n’ouvre pas la bouche pour parler et si tu tiens à la main un bouquet de roses, ne prends pas le temps de le sentir, mais décide-toi sur-le-champ et viens ici.

J’espère donc que tu accourras du Zaboulistan avec des cavaliers pleins de prudence et que tu feras entendre ton cri de guerre.

Car le héros dont nous parle Guzdehem est tel que toi Seul peux le combattre. »

Aussitôt que la lettre fut scellée, le roi la donna à Guiv le vaillant et lui dit :

Hâte-toi !

Il s’agit maintenant de manier les rênes de ton cheval ; et quand tu seras arrivé auprès de Rustem, tu ne resteras pas un instant dans le Zaboulistan, quelque fatigué que tu sois.

Si tu arrives dans la nuit, repars le matin.

Dis-lui que la guerre nous presse et que nous ne pouvons pas mépriser notre ennemi si Rustem n’est pas auprès de nous. »

Guiv se hâta de prendre la lettre des mains du roi, il partit et ne prit ni repos ni nourriture.

Il alla jour et nuit comme un ouragan, sans boire d’eau, sans manger de pain.

Lorsqu’il fut arrivé près du Zaboulistan, le cri des sentinelles annonça au Destan qu’un guerrier rapide comme la foudre, monté sur un cheval qui dévorait le chemin, venait du pays d’Iran.

Rustem alla à sa rencontre avec un cortège et ses braves se couvrirent de leurs casques.

Guiv et tous les cavaliers qui l’accompagnaient, grands et petits, mirent pied à terre devant lui.

Rustem le héros illustre descendit aussi de cheval et demanda des nouvelles de l’Iran et du roi ; ensuite ils quittèrent la route en se dirigeant vers le palais de Rustem, ou ils s’arrêtèrent pendant quelque temps pour se reposer.

Guiv s’acquitta de son message, remit la lettre du roi à Rustem et lui parla longuement de Sohrab ; il lui an-

Nonça les bonnes et les mauvaises nouvelles et lui présenta les dons du roi.

Tehemten écouta et lut la lettre, il sourit et resta confondu ; enfin il dit :

Qu’il parût dans le monde, parmi les grands, un cavalier semblable à Sam, ce ne serait pas étonnant s’il était né parmi les hommes libres des Iraniens) ; mais que ce cavalier vienne du pays des Turcs, cela n’est pas croyable.

Personne ne peut donc me dire d’où vient ce Pehlewan et je ne saurai pas de quelle race est ce cavalier ?

Moi-même j’ai un fils de la fille du roi de Semengan, mais il est encore petit.

Ce noble enfant ne sait pas encore qu’il faut se battre et qu’il le faut bon gré, mal gré.

Je lui ai envoyé de l’or et beaucoup de joyaux par la main d’un messager qui les a remis à sa mère et qui m’a rapporté que cet enfant illustre allait bientôt devenir un homme, qu’il buvait du vin avec ses lèvres qui sentent encore le lait, que sans doute il serait un jour homme de guerre et abattrait beaucoup de braves quand le temps lui aurait donné des bras de lion.

Mais ce que tu me dis, ô Pehlewan, de celui qui est venu combattre les Iraniens, qui a jeté à bas de son cheval Hedjir et l’a lié de la tête aux pieds avec son lacet, cela ne peut pas être l’œuvre de ce lionceau, quelque brave et quelque vaillant qu’il soit devenu.

Viens maintenant pour que nous allions au palais, pour que nous allions gaiement sous le toit du Destan ; la nous verrons quel’parli prendre et quel Pehlewan est ce Turc fortunés Rustem le brave qui portait haut la tête se rendit au palais du Destan ; lui et Guiv entrèrent dans ce beau palais, où ils restèrent assis pendant quelque temps oubliant tout souci.

Ensuite Guiv invoqua une seconde fois les grâces de Dieu sur lui, en disant :

O Pehlewan du monde, ô vaillant guerrier !

Que le trône et la couronne soient illustrés par toi, car tu es digne du diadème, ô prince fortuné !

Le roi Kaous m’a donné ses ordres en ces termes :

Tu ne dois pas dormir dans le Zaboulistan et si tu arrives de nuit, tu repartiras le matin.

Car malheur à nous si nous sommes obligés de combattre avant votre arrivée.

Il faut donc, ô héros illustre, que nous partions en toute hâte pour l’Iran. »

Rustem répondit :

Ne t’inquiète pas de cela, car nous n’avons tous d’autre fin que la mort.

Asseyons-nous ici joyeusement et ne parlons pas de Kaous et de ses braves.

Restons aujourd’hui et reposons-nous et arrosons encore une fois nos lèvres desséchées.

Ensuite nous accourrons auprès du roi et nous montrerons le chemin aux braves de l’Iran.

La fortune ne veillera pas toujours sur ce Turc et si elle s’endort, notre tâche ne sera pas difficile.

Quand la mer déborde en jetant ses vagues, le souffle du feu ardent ne lui peut résister et quand ce Turc verra de loin mon étendard, le cœur lui manquera, fût-il au milieu

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8 d’une fête.

Ressemblât-il à Rustem fils de Zal, maître de l’épée et de la massue ; fût-il un guerrier tel que Sam, brave, prudent et sage, il ne se jettera peurtant pas dans le combat avec la même ardeur que moi.

Ainsi ne t’alarme pas de cette aven-

Ils portèrent la main aux coupes de vin, ils s’enice turc. »

* vrèrent et écoutèrent des chansons au lieu de penser au roi.

Le lendemain, à l’aube du jour, Rustem, encore malade de sa débauche, ordonna une fête nouvelle ; cette journée fut encore consacrée à l’ivresse et pendant ce second jour Rustem ne pensa pas au départ, car il ordonna aux cuisiniers de dresser sur-le-champ une table et après le repas ils tinrent une assemblée et firent venir du vin, de la musique et des chanteurs.

Ce jour étant passé, il prépara pour le ’ lendemain une nouvelle assemblée, brillante comme le soleil ; et au matin du troisième jour, il fit apporter du vin, sans se souvenir de Kaous.

Mais le quatrième jour, Guiv fit ses préparatifs de départ et dit au héros, au vaillant chef de l’armée :

Kaous est un homme dur et sans modération et le récit de Guzdehem pèse sur son cœur ; il en est affligé et son âme est pleine d’impatience ; il en a perdu le repos, la faim et le sommeil.

Si nous tardons à partir, nous rendrons étroite la terre pour Kaous.

Le roi de l’Iran sera courroucé contre nous et dans sa fureur cherchera à se venger. »

Rustem lui rése pondit : Ne te mets pas en peine de cela, car personne au monde n’osera se fâcher contre nous. »

Ensuite, il ordonna qu’on sellât Raksch et fit sonner les trompettes d’airain ; les cavaliers du Zaboulistan entendirent le son des trompettes et se mirent en marche couverts de casques et de cuirasses.

Rustem mit en ordre cette armée nombreuse et nomma Zewareh Pehlewan de ses troupes.

Dernière mise à jour : 28 déc. 2021