Iskender

Il continua sa marche en grande diligence pendant un mois et le roi et son armée furent fatigués de la route.

À la fin il arriva à une montagne où il ne vit de traces ni d’animaux sauvages ni d’hommes.

Sur le haut de la montagne il vit une crête en lapis-lazuli sur laquelle s’élevait un palais de topazes.

Dans tout le palais étaient des candélabres de cristal et au milieu se trouvait une source d’eau salée.

Une pierre fine rouge servait de lampe ; elle était placée sur une étoffe noire comme la plume du corbeau.

L’éclat de cette lampe tombait sur l’eau et le joyau éclairait le palais entier comme un soleil.

Près de la source était placé un trône double en or, sur lequel était couché un être infortuné ; il avait le corps d’un homme et une tête de sanglier et était mort misérablement sur ce trône orgueilleux.

Sa tête reposait sur un coussin de camphre et une couverture de brocart était jetée sur lui.

Le corps de quiconque y allait et voulait emporter quelque chose de ce palais, ou même ne faisait qu’en fouler le sol, tremblait dans ce lieu et la vie s’éloignait dans ce tremblement.

Une voix sortit de la source d’eau salée, disant :

Ô homme plein d’avidite’, n’agis pas si follement !

Tu as vu beaucoup de choses que personne n’a vues ; maintenant il faut que tu tournes ta bride.

Ta vie appmche de sa fin et le trône de la royauté se trouve sans roi. »

Iskender fut effrayé et s’en retourna ; il alia vers son camp rapidement comme la fumée.

De là il se hâta d’emmener son armée, en invoquant à grands cris le nom de Dieu ; il quitta la montagne et prit la route du désert, préoccupé et l’âme troublée.

Il quitta ce lieu, l’esprit en peine et versant des larmes, suivi de son armée et précédé de guides.