Iskender

Iskender se rend auprès du Faghfour de la Chine

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Delà il mena son armée vers la Chine ; un il fit arrêter ses troupes à une station et fit écrire par un scribe une lettre au nom d’Iskender, le conquérant des villes, oqui contenait des flatteries et des menaces de toute espèce.

Lorsque le scribe l’eut achevée, le roi partit comme messager, choisissant pour guide un Perse plein de sagacité, qui n’avait avec lui qu’un cœur et qu’une parole et pouvait lui dire ce qu’il devait faire ou ne pas faire.

Il remit le commandement au chef de son armée et emmena avec lui cinq Roumis remplis de sagesse.

Lorsque le Faghfour apprit qu’un messager s’approchait de la Chine, il envoya à sa rencontre une escorte et Iskender s’avança fièrement sur la route.

Quand il arriva au grand palais, le Faghfour vit ce cortège choisi et vaillant et descendit du portique au-devant de lui, son cœur malveillant plein de soupçons.

Iskender s’approcha de lui rapidement et lui rendit hommage ; puis il resta longtemps dans la salle d’audience et le Faghfour lui demanda des nonvelles de sa santé, le reçut gracieusement et lui assigna un appartement magnifique.

Lorsque le flambeau brillant eut paru au-dessus des montagnes, on amena à Iskender un cheval de parade couvert d’une housse de brocart d’or ; le Faghfour fit appeler le messager du roi et Iskender dit ce qui était convenable, remit la lettre et s’acquitta du message entier du Kaïsar.

La lettre était adressée au nom du roi de Roum, maître de la terre et chef de toutes les froutières et de tous les pays, sur lequel les rois invo- I7.

Quant des bénédictions, au Faghfour de la Chine, qui est l’ornement des provinces ; puis elle commença par des grâces rendues par ses serviteurs au Créateur et maître du ’monde, qui tient tout dans sa main et guide tout, au maître de la pureté et de la bienfaisance.

Ensuite elle continua ainsi : Mes ordres à la Chine sont que ce pays devienne pros-père et qu’on ne s’y prépare pas à la guerre contre moi, car c’est par elle que le monde est devenu étroit pour Four, pour Dara qui était le roi du monde, pour Feryan l’Arabe et pour d’autres princes.

Parcours la terre de l’Orient à l’Occident, tu ne trouveras personne qui s’écarte de mes ordres ; le ciel ne connaît pas le nombre de mes troupes,à moins que Mercure, Vénus et le Soleil ne les comptent.

Si tu enfreins en, quoi que ce soit mes ordres, tu amèneras du malheur sur toi et ton pays.

Quand tu auras lu cette lettre, prépare un tribut, ne t’aillige pas et ne lutte pas contre le malheur.

Si tu viens ici, tu me verras au milieu de mon armée et je te recevrai comme un ami et un homme qui me veut du bien ; je te laisserai ta couronne et ton trône et tu ne souffriras d’aucun mal de la part du sort.

Si tu es trop fier pour venir ici, quitter ton pays et te rendre auprès de ton roi et si tu veux que je ne te fasse pas de mal, envoie dans mon trésor ce qui se trouve en Chine de choses rares, de la vaisselle d’or, des épées, des chevaux, des bagués, des étoiles, des esclaves, des trônes d’ivoire, de riches brocarts, des colliers et des couronnes ; renvoie ainsi mon armée et jouis en sécurité du trône, du trésor et du diadème. »

Le maître de la Chine fut courroucé de cette lettre, mais il se contint et se tut en souriant ; puis il dit à l’envoyé :

Le ciel est le compagnon de ton roi.

Dis-moi ce que tu sais de son aspect, de sa taille, de sa bravoure et de sa manière de parler. »

L’envoyé répondit :

Ô roi de la Chine !

Sache qu’il n’y a personne dans le monde comme Iskender ; il dépasse l’imagination par sa bravoure, sa sagesse, sa générosité et son intelligence ; il a la taille du cyprès, la force de l’éléphant, sa générosité est comme les flots du Nil, sa langue est une épée tranchante et ses douces paroles font descendre des nues les aigles. »

Le Faghfour écouta ces paroles, elles le firent changer de résolution ; il fit apporter du vin et des tables et parer une salle de festin dans le din et ils se mirent à boire jusqu’à ce que le monde devînt sombre et que les têtes des buveurs fussent troublées par le vin.

Le roi de la Chine dit à l’envoyé :

Puisse Jupiter être le compagnon de ton maître !

Demain matin je répondrai à sa lettre et rendrai brillant le jour devant tes yeux. »

Iskender partit de la salle du roi, à moitié ivre et tenant en main un limon.

Lorsque le soleil leva sa tête dans le signe du Lion

Et que le ciel eut Vaincu la nuit, Iskender se rendit auprès du Faghfour, le cœur loin de toute mauvaise pensée.

Le Faghfour lui fit des questions, disant :

Comment as-tu passé la nuit, car hier au soir tu étais pris de vin ? »

Puis, il fit venir un scribe qui apporta du papier, du musc et de l’ambre et écrivit une réponse chaleureuse à la lettre d’Iskender, en couvrant le papier de Chine d’ornements beaua :

comme le paradis.

La lettre commença par les hommages au Distributeur de la justice, qui donne la bravoure, la justice et la valeur, la sagesse, l’abstinence et la foi.

Puissent ses bénédictions se répandre sur le roi du Roum !

Ton messager, aux paroles d0uces, est arrivé avec la lettre du roi qui cherche la sagesse ; nous avons lu ces paroles royales et en avons conféré avec nos grands.

Quant à ce que nous avons appris des combats et des malheurs de Dara fils de Darab, de Feryan et de Four, que tu as tous vaincus, de sorte que tu es devenu le pâtre et les rois sont devenus le troupeau ; sache que c’était un don du Maître du soleil et de la lune et non pas l’effet de ta bravoure et du nombre de les troupes.

Quand le temps d’un prince est pané, qu’importe qu’il meure dans une fête ou dans une bataille?Le jour ou tu les as attaqués s’est trouvé et ?

le terme que le son leur avait fixé et l’on ne peut ni hâter ni retarder le moment du destin.

Ne te crois pas supérieur à eux, car, quand même tu se !

Rais en fer, tu passerais sans aucun doute.

Où sont Feridoun et Zohak et Djemschid ?

Ils sont venus comme un ouragan et partis comme un souffle d’air.

Je ne te crains pas . mais je ne t’attaquerai pas ,car ma tête n’est pas remplie d’orgueil comme la tienne.

Ce n’est pas ma coutume de verser du sang et ma religion me défend de faire du mal.

Tu m’appelles devant toi, mais tu seras désappointé ; je sers Dieu et non pas un roi.

Je t’envoie plus de richesses que tu ne désires, car ce n’est pas sur des largesses que je disputerai. »

Iskender sentit ses joues se colorer de honte ; il sentit dans son cœur le trait de ces paroles et il dit en lui-même :

Jamais on ne me verra plus dans le monde aller quelque part en secret. »

Il s’en retourna de la salle d’audience à sa demeure et se prépara au départ.

L’orgueilleux Faghfour ouvrit ses trésors ; il n’eut aucun chagrin des largesses qu’il allait faire.

Il fit apporter d’abord cinquante couronnes et dix trônes d’ivoire incrustés de pierreries ; il fit charger mille chameaux de vaisselle d’or et d’argent et mille autres de brocarts de Chine et d’étoiles variées de soie, de camphre, d’ambre, de bois d’aloès et d’ambre gris ; car l’homme qui méprise l’argent respire à l’aise.

Il fit apporter des peaux de petitsgris, d’hermines et de zibelines, des bourses de musc et des peaux de belettes brunes, deux mille de chaque espèce et son trésorier intelligent les fit charger ; puis on compta

Cent selles magnifiques, accompagnées de freins d’argent et cinquante freins d’or ; enfin on amena trois cents chameaux au poil roux, chargés de curiosités -chinoises.

Il choisit alors parmi les vieillards chinois un homme grave et à la parole douce et lui ordonna de se rendre auprès d’Iskender, avec des salutations et des messages et de lui annoncer qu’aussi longtemps qu’il resterait sur les frontières de la Chine, les grands du pays lui rendraient hommage.

L’envoyé se mit en route avec Iskender.

Qui aurait pu croire que c’était le roi lui-même ?

Quand le batelier aperçut Iskender, il se leva vivement et déploya aussitôt sa voile.

Le Destour vint avec l’armée à la rencontre du roi, qui lui raconta le succès de sa ruse : les troupes bénirent Iskender et se prosternèrent devant lui la face contre terre ; alors le Chinois comprit que c’était le roi, mit pied à terre et accourut en se lamentant.

Iskender lui dit :

Ne t’excuse pas, mais ne raconte pas cela au Faghfour. »

Il se reposa cette nuit et le lendemain de grand matin il s’assit solennellement sur le trône royal, fit des présents à l’envoyé et lui dit :

Puisse l’esprit du Messie être. ton compagnon !

Va auprès du Faghfour et dis-lui que je suis plein de respect pour lui ; s’il veut venir ici, toute la Chine lui appartient ; s’il veut aller autre part, rien ne l’en empêche.

Je me reposerai ici, car on ne peut pas marcher rapidement avec une si grande armée. »

L’envoyé partit et porta rapidement comme le vent ce message du Kaïsar au Faghfour.

Dernière mise à jour : 26 sept. 2021