Iskender

Le roi emmena son armée de ce lieu, se rendit à Djuddah et yvresta longtemps ; il ordonna à son armée de construire des vaisseaux et des barques en grand nombre et le prince, ambitieux de conquérir le monde, se dirigea de Djuddah vers le Misr avec son armée.

Keïthoun était alors roi du Misr et le nombre de ses troupes dépassait l’imagination.

Lorsqu’il apprit qu’il arrivait de la Mecque un conquérant fier et victorieux, il alla à sa rencontre avec un cor-. tége nombreux, emmenant avec lui des esclaves, des caisses remplies d’or, une couronne et un trône.

Iskender fut heureux de le voir et ne fit aucune attention aux paroles des ennemis de Keïthoun.

Il resta dans le Misr pendant une année, jusqu’à ce que lui et son armée fussent reposés. ’ Or le pays d’Andalous était gouverné alors par une reine, une femme intelligente et ayant une armée innombrable ; elle était ambitieuse et généreuse, son nom était Keïdafeh ; la fortune lui avait donné la gloire et tout ce qu’elle désirait.

Elle choisit parmi ses troupes un cavalier qui savait dessiner et reproduire exactement la ressemblance d’une figure et lui dit :

Rends-toi auprès d’Iskender, mais ne prononce ni mon nom ni celui de ce pays.

Observe Iskender avec attention, ses discours, sa mine et comment il est assis sur le trône et fais de lui un portrait de la tête aux pieds, représentant sa cou-leur, son visage et sa taille. »

Le peintre l’écoute et monta à cheval, prêt à exécuter les ordres de la reine.

Il alla d’Andalous au Misr, rapidement comme un courrier, auprès du noble Kaïsar Iskender et aussi souvent qu’il le vit, soit assis sur le trône, soit à cheval, il prit du papier et de l’encre de Chine, en fit le portrait tel qu’il était et puis reparliten toute hâte.

Lorsque Keïdafeh vit l’image d’Iskender, . elle devint inquiète et la cacha en soupirant, disant nielle-même .-Cet homme foulera aux pieds le monde à l’aide de ses armes et de son intelligence et quiconque se présentera devant lui pour le combattre ne jouira pas d’une longue vie sur la terre. »

Cependant, Iskender demanda à Keïthoun :

Qui est l’égal de Keïdafeh sur la terre ? »

Keïthouh répondit :

Ô roi, il n’y a pas de prince aussi puissant qu’elle sur la terre.

Personne ne peut, savoir le nombre de ses troupes, à moins qu’il n’en comr pulse longuement les rôles.

Tu ne verras personne dans le monde qui lui soit comparable en richesses, en puissance, en dignité, en bonté, en vertu, en sagesse et en paroles bienveillantes.

La ville qu’elle a bâtie en pierre et qu’un léopard :

ne parviendrait pas à lui arracher, est longue de quatre farsangs et sa largeur est de même étendue.

Si tu demandes le montant de ses trésors, il dépasse toute mesure et il y a longtemps qu’il en est question dans le monde. »