Guschtasp

Guschtasp refuse à Ardjasp le tribut de l'Iran

Quelque temps s’étant ainsi passé, le maître âgé se présenta devant le roi.

Le vieux Zerdouscht 1 dit au roi du monde:

Il n’est pas convenable pour notre religion que tu payes tribut au maître de la Chine, ce n’est pas digne de notre foi.

Je ne puis y consentir; car nos rois, dans les temps anciens, n’ont jamais payé un tribut et des redevances aux Turcs, qui étaient un peuple sans religion, sans puissance et sans force.

Guschtasp accueillit ce discours et répondit:

Je ne laisserai plus payer aucun tribut.

Un vaillant Div eut nouvelle de ce qui se passait, se rendit à l’instant auprès du roi de la Chine et lui dit:

Ô roi de la terre! dans le monde entier les petits et les grands obéissent à tes ordres, et personne n’ose se soustraire aux traités que tu lui as imposés, si ce n’est le fils de Lohrasp, le roi Guschtasp, qui veut conduire une armée contre les Turcs, qui de plus a établi une nouvelle religion et a renoncé à la voie des adorateurs des idoles.

Il montre ouvertement toute son inimitié, il osera prétendre à être indépendant de toi.

Or j’ai plus de cent mille cavaliers que je t’amènerai tous, si tu le désires, pour que nous examinions ce qu’il fait, et garde toi bien d’avoir peur de le combattre.

Quand Ardjasp, le maître des Turcs, entendit les paroles du Div, il descendit de son trône; l’inquiétude sur Guschtasp le rendit faible et malade, et il fut rempli de crainte du roi de la terre.

Ensuite il rassembla tous ses Mobeds et leur répéta tout ce qu’il avait appris, disant:

Guschtasp a quitté l’ancien culte et la foi; la sagesse et la sainte grandeur qui résidaient en lui l’ont abandonné.

Un vieux fou s’est présenté devant lui dans l’Iran, prétendant être un prophète et lui disant:

Je viens du ciel, je viens d’auprès du Maître du monde.

J’ai vu le Seigneur dans le paradis, qui a écrit tout ce Zendavesta;

j’ai vu Ahriman dans l’enfer, mais je n’ai pas pu supporter son voisinage; alors le Seigneur m’a envoyé auprès du roi de la terre pour lui enseigner la religion.

Le chef des grands du peuple de l’Iran, le puissant fils du roi Lohrasp, que les Iraniens appellent Guschtasp, s’est ceint du koschti;

Ensuite son frère, le vaillant cavalier, le Sipehdar de l’Iran, dont le nom est Zerir, qui parmi ses braves a toujours été comme un père et parmi ses scribes comme un œil, et tous les autres, ont examiné sa doctrine et ont eu peur de ce vieux magicien;

Ils ont tous adopté sa religion, et le monde s’est égaré dans sa voie et son culte.

C’est par de tels mensonges et de telles folies que le vieillard a réussi à s’établir dans l’Iran comme prophète.

Il a ordonné au roi de planter de sa main un cyprès et a fermé la voie ancienne par la doctrine qu’il a apportée.

Il a montré à ce roi orgueilleux un bassin rempli de feu et un livre, et lui a dit:

Ceci est le Zendavesta, et c’est à ce feu que doivent s’adresser les prières.

Il faut maintenant écrire une lettre à cet homme, qui se soustrait à mes ordres, il faut lui faire beaucoup de présents, car les présents qu’on n’a pas demandés sont bien reçus, et lui dire de quitter cette route de perdition, et de craindre le Maître du paradis, d’éloigner ce vieillard impie et de célébrer une fête selon notre manière antique.

S’il suit notre conseil, sa tête et ses pieds échapperont à nos chaînes;

Mais s’il refuse de nous écouter, s’il échange son ancien visage contre un nouveau, nous rassemblerons nos troupes dispersées, nous conduirons dans la plaine une grande armée, nous entrerons dans l’Iran pour détruire son œuvre, nous ne craindrons pas son inimitié et sa résistance, nous le pousserons devant nous et nous l’abaisserons, nous le lierons et le pendrons vivant au gibet.


  1. Zerdouscht est ici Zoroastre

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021