Guschtasp

Djamasp arrive auprès d'Isfendiar

...

Isfendiar se trouvait alors dans le désert, se livrant à la chasse; quelqu’un lui rapporta que le roi, disait-on, avait envoyé Djamasp vers lui.

Quand Isfendiar entendit ce bruit, il en fut étonné, ému et sourit amèrement.

Il avait quatre fils excellents, tous avides de combats, tous armés de lances, dont l’un s’appelait Bahman, le second Mihri-Nousch, le troisième Ader-Afrouz, le héros prudent; enfin le quatrième portait le nom de Nousch-Ader: c’est lui qui établissait les temples du feu.

Bahman dit au roi de la terre:

Puisse ta tête rester verte à tout jamais!

Le roi a souri amèrement, je n’y comprends rien.

Isfendiar lui répondit:

Ô mon fils, dans ce moment quelqu’un arrive pour moi de la cour de mon père.

Le roi est en colère contre moi, son cœur s’est détourné de son serviteur.

Son noble fils lui demanda:

Pourquoi cela?

Qu’as-tu fait au maître de l’empire?

Le chef des princes lui dit:

Ô mon fils, je n’ai pas conscience d’avoir commis une faute envers mon père, si ce n’est d’avoir enseigné la vraie foi, d’avoir allumé partout dans le monde le feu sacré, d’avoir purifié la terre avec mon épée tranchante.

Comment le cœur du roi pourrait-il m’en vouloir?

Mais il parait que le Div l’a trompé, pour qu’il ait cette folle envie de me jeter dans les fers.

Pendant que le prince se livrait à ces réflexions, on vit de loin la poussière que soulevait une troupe armée: c’était le flambeau du monde, le Destour du roi; lui et Isfendiar se reconnurent, descendirent de leurs chevaux bondissants, et le héros et le vieillard s’avancèrent tous les deux à pied.

Le fortuné Isfendiar demanda à Djamasp comment se portait le roi, le vaillant maître.

Le sage lui répondit:

Il est en bonne santé et content.

Il baisa la tête du prince, lui remit la lettre de son père et l’informa exactement de l’état des choses, et comment le Div avait perverti le roi.

Isfendiar dit au prudent Djamasp:

Que me conseilles-tu dans ces circonstances?

Si je me rends à la cour avec toi, mon père me maltraitera, et si je me refuse à paraître auprès de mon maître, je sors de l’obéissance que je lui dois.

Trouve un moyen de salut, ô sage vieillard, car je ne puis rester dans cette incertitude.

Le sage lui dit:

Ô prince, gardien des frontières, vieux de savoir et jeune de corps! tu sais que même la colère d’un père contre son fils est plus tendre que le plus tendre amour du fils envers le père.

Il faut que tu parles, tel est mon avis, car, quoi qu’il fasse, ton père est le roi.

Le messager du roi et, le prince qui portait haut la tête, étant tombés d’accord, s’en retournèrent ensemble chez Isfendiar, qui fit descendre Djamasp dans un beau palais, et ensuite ils se mirent à boire.

On fit brûler devant Djamasp du bois d’aloès; on aurait dit qu’on célébrait une fête joyeuse.

Le lendemain Isfendiar s’assit sur son trône, et un grand nombre de ses braves se rassemblèrent autour de lui; le noble prince donna le commandement de l’armée à Bahman, partit avec quelques héros, arriva à la cour du roi, se revêtit de ses armes et plaça le casque sur sa tête.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021