Bahram Gour

Bahram trouve le trésor de Djemschid

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Une autre semaine, Bahram alla à la chasse avec son Mobed et ses favoris dans l’armée.

Un homme dévoué au roi s’avança rapide comme le vent, un bâton à la main et demanda où le roi se trouvait au milieu de ce cortège.

Le Mobed lui dit :

Que veux-tu ?

Dis-le moi ; tu ne peux pas voir le roi du monde. »

Il répondit :

Jusqu’à ce que j’aie vu le visage du roi, je ne dirai pas un mot devant son cortège. »

On amena auprès du roi cet homme qui le cherchait, un homme plein d’intelligence et parlant bien.

Il s’approcha et quand il vit Bahram il lui dit :

J’ai à te parler en secret. »

Ilabram dé-

Tourna la bride et fit aller son cheval hors de la vue de la foule ; alors l’homme lui dit :

Ô roi, maître du monde !

Il faut que tu fasses attention à mes paroles.

Je suis un Dihkan et propriétaire dans ce pays ; cette terre, ces moissons et cette maison sont à moi.

J’ai amené de l’eau sur mes terres pour que je puisse les labourer et leur donner toute leur valeur.

Quand l’eau a afflué et est devenue difficile à contenir, il s’est fait un trou dans un champ ; il est arrivé à mes oreilles un bruit étrange qui m'a rempli de terreur et a jeté le trouble dans mon âme.

Il sortait de l’eau un bruit de cymbales, un bruit qui parait indiquer un trésor. »

Bahram l’écouta et se dirigea de ce côté;il vit toute la plaine couverte de verdure et d’eau et ordonna qu’on amenât de loin un nombre d’ouvriers avec des pelles.

Le puissant . roi descendit de cheval, on dressa pour lui une tente dans un champ ensemencé. et, la nuit venue, les héros l’éclairèrent par des bougies et allumèrent des feux partout autour.

Lorsque le soleil leva de la mer son étendard et que l’air bleu fut devenu brillant, il arriva de tous les côtés des ouvriers qui, réunis, formèrent comme une grande armée.

Ils se mirent tous à fouiller la terre et cette partie de la plaine devint comme un fossé.

Lorsque les hommes furent fatigués de creuser, il apparut sous terre une construction semblable à une montagne, une maison construite en briques [ : cuites, revêtue de stuc et belle comme un paradis.

Les ouvriers travaillèrent tout autour avec leurs pioches et l’on aperçut de loin une porte.

Le Mobed la vit et y entra et avec lui un autre hôte non invité ; ils virent une chambre large et profonde. haute de quelques brasses et deux taureaux d’or debout devant une crèche d’or, dans laquelle on avait versé des chrysoprases mêlées à des rubis ; ils ressemblaient à un double signe du Taureau ; ils étaient creux et leurs ventres remplis de grenades, de pommes et de coings ; dans ces coings se trouvaient des perles fines ; chaque pepin ressemblait à une goutte d’eau.

Les yeux des taureaux étaient en rubis et leurs têtes étaient délabrées par la vétusté.

Tout autour étaient des lions et des onagres, dont les uns avaient des yeux en rubis et les autres en cristal de roche et des perdrix en or et des paons mâles, dont les poitrines et les yeux étaient en pierres fines.

Le Destour, ayant vu tout cela, alla auprès du roi ; il était par son intelligence le diadème sublime sur la tête de la lune ; il dit avec vivacité au roi du monde :

Lève-toi !

On a trouvé de quoi doter tous les trésors ; on a découvert une chambre remplie de pierreries, dont la voûte du ciel avait gardé la clef. 1) Le roi dit :

Quand on veut construire un trésor, on écrit toujours son nom dessus ; regarde quel nom porte celui-ci et dans quel temps on l’a rempli. »

Le chef des Mobeds partit en entendant cet

Ordre et vil sur les taureaux le nom de Djemschid.

Il dit au roi du monde :

J’ai regardé, c’est le nom du roi Djemschid qui est gravé sur les taureaux. »

Bahram répondit :

Ô chef des Mobeds : qui es plus sage que tous les sages !

Pourquoi ferais-je un trésor pour moi de celui que Djemschid a formé pour lui-même ?

Périsse tout trésor qui me viendrait par mes droits royaux,en dehors de ce qui est acquis pAr la justice ou par l’épée !

Donne donc tout ce qui s’y trouve à des hommes qui le méritent.

Plaise à Dieu qu’il ,ne m’arrive pas de malheur !

S’il est dans ma destinée de devenir célèbre, j’accumulerai un trésor par ma justice et mon épée.

Mon armée n’a besoin de rien de ce trésor, car le monde m’est ouvert par ma bravoure.

Il faut faire compter toutes ces richesses, comme c’est la coutume des Keïanides.

Vendez les pierreries pour de l’or et de l’argent, amenez des pays déserts et habités les veuves, les petits orphelins, les hommes pauvres qui portent un grand nom, ceux dont le cœur est brisé par le désappointement ; puis faitesen une liste, un par un et distribuez-leur de l’or et un trésor d’argent, pour le bien de l’âme de Djemschid, le maître du monde.

Pourquoi me fau-drait-il. rechercher les trésors de Djemschid, tant que je suis jeune et en bonne santé ?

Donne un dixième à celui qui nous a montré le chemin et qui a cherché le roi au milieu de son escorte.

Mais ] celui qui enlève à Djemschid son linceul puisse-

t-il n’avoir dans le monde aucun espoir de contentementl Pour courir des dangers avec mon armée, pour rapporter du Touran et de la Chine de la gloire et des trésors, moi, mon cheval Schebdiz et mon épée tranchante, nous safrans ;’ je ne me livre pas à la ruse et je ne connais pas la fuite. »

Il se rendit alors à son trésor. qu’il avait amassé par la sueuret la peine, fit venir les braves du pays et distribua une année de solde.

Il arrangea une fête dans le Naubehar et fit parer la salle d’audience incrustée de pierreries.

Lorsque le vin de rubis brilla dans les coupes de cristal et que Bahram se sentit gaiet heureux, il dit à ses amis :

Ô vous qui portez haut la tête, qui connaissez les traditions du trône des grands rois !

Voyez ce qui reste de ces puissants rois, depuis Houscheng jusqu’à Newder, l’héritierde Feridoun et jusqu’à Keïkobad, qui avait placé sur sa tête la couronne du pouvoir ; et qui chante maintenant les louanges de leur justice ?

Le ciel a cessé de tourner sur eux et il ne reste de ces rois d’autre souvenir que les paroles des hommes qui disent. que l’un avait de la grandeur d’âme et que l’autre n’en avait pas, qui blâment l’un et célèbrent l’autre.

A notre tour nous passerons ; il ne faut donc pas fouler la terre pour faire le mal.

Poiquuoi prendrais-je le fruit du travail de ces morts ?

Pourquoi ouvrirais-je mon cœur au

[ désir de l’or ?

Je ne me suis pas attaché à cette demeure passagère, la couronne ne me charme pas, les trésors ne me tentent pas.

Quand le jour passe gaiement, pourquoi l’homme de sens se livrerait-il aux soucis ?

Maudits soient ma tête, mon trône et mon trésor, chaque fois qu’un de mes sujets, qu’il soit Dihkan ou qu’il soit de la cour, se plaint d’une peine que je lui ai imposée tu Un vieillard du nom de Mahiar, âgé de plus de cent soixantequatre ans, se leva à ces paroles et dit :

Ô maître de la justice et de la droiture !

Nous avons entendu parler de toutes les façons de Feridoun, de Djemschid et des autres rois illustres, mais personne dans le monde n’a entendu parler d’un roi comme toi, espoir des petits et gloire des grands !

Si ton cœur est large comme une mer, tu as soulevé de telles vagues dans cette mer, que ton esprit a répandu des lumières comme en répand le Serosch et que l’intelligence des plus savants s’est trouvée éclipsée.

Tu as distribué dans le monde un trésor comme les petits et les grands n’en avaient jamais vu.

Quand on en parlait du temps de Djemschid, on l’appelait le trésor des taureaux, mais personne ne savait où il se trouvait, s’il était sous terre ou dans la gueule du dragon.

Quand tu l’as trouvé, tu ne l’as pas même regardé, car tu méprises cette demeure passagère.

L’œil d’aucun être vivant n’a certainement vu dans la mer autant de perles, mais tu as prodigué au ; pauvres ces perles et tous ces taureaux d’or.

Puissent le trône et la ceinture ne jamais être privés de toi !

Puisses-tu être prospère et victorieux et la fortune se soutenir !

On noircira avec cette histoire bien des livres qui parleront des rois et l’on n’épuisera jamais le sujet. »

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021